Réunion protège nout savane Emmanuel Séraphin mairie annexe plateau-caillou

Une manifestation orchestrée par la mairie pour la rencontre entre le maire et Protège nout savane

Après cinq mois d’attente, le collectif Protège nout savane a rencontré hier le maire de Saint-Paul. A l’extérieur de la mairie annexe de Plateau-Caillou, une manifestation pour demander des logements rappelait l’époque des nervis.

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L’heure de la réunion n’est pas encore arrivée, mais il y a déjà du monde devant la mairie annexe de Plateau-Caillou. Ils et elles sont une vingtaine, hurlant des slogans qui pourraient être qualifiés de racistes, comme « La Réunion lé anou, la savane lé anou… » et d’autres invectives, équipés de pancartes qui réclament des logements. 

« C’est dangereux d’opposer des groupes de Réunionnais », remarque William Marbois de l’association Protège nout savane, accusant la mairie d’avoir orchestré la manifestation. « Là, j’ai compris pourquoi la mairie tenait autant à ce que cette réunion se tienne à Plateau-Caillou et non pas en mairie centrale », renchérit Elie Payet, président de l’association. «De toute façon, ces logements ne seraient pas construits avant dix ans, ils ne leur profiteront pas», souligne William Marbois.

La mairie nie, mais la ficelle est grossière. Les observateurs un peu âgés reconnaissent les méthodes d’autrefois, les méthodes du temps des nervis que l’on croyait révolues. Pour preuve, dans la petite assemblée, nous avisons Nathalie Legrand du groupe musical Afatia. « J’ai répondu à l’appel d’un texto dont je ne connais pas l’expéditeur. Je pensais qu’il s’agissait de préparer le 20 Décembre. Je suis prise en otage », raconte-t-elle avec bonne humeur. Elle est restée, pour profiter de la présence du maire « difficile à contacter » et pouvoir évoquer ses problèmes de logement. 

La population multipliée par trois

C’est que la mairie avait organisé une autre réunion, à propos du problème du logement, juste avant le rendez-vous avec les opposants au projet immobilier Savane des Tamarins de 90 ha, un projet qui va multiplier par trois le nombre d’habitants de Plateau-Caillou. 

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Autre signe que l’on est revenu aux vieilles méthodes politiques : la présence de Jean-Yves Sinimalé. Le frère de Joseph l’ancien maire de Saint-Paul, président de Droit au Logement 974, a toujours mélangé la politique avec ses activités associatives. Ancien adjoint de Rolland Robert quand il était maire de La Possession, ce militant était omniprésent en mairie de Saint-Paul quand son frère en était l’édile comme les observateurs politique le remarquaient à l’époque. « Il y a 49 000 personnes en attente d’un logement, et si c’était une forêt, je serais contre le projet moi aussi », justifie-t-il, tentant au passage une conviction écologiste. « C’est un projet qui date de 1975 », appuie-t-il encore, sans considération pour les changements de paradigme climatique. 

Liberté de la presse

Enfin, après cinq mois d’attente, le collectif des défenseurs de la savane de Plateau-Caillou ont pu rencontrer Emmanuel Séraphin le maire de Saint-Paul. Les opposants au projet avaient demandé lors de leur manifestation en ville le 23 octobre la présence de journalistes, la possibilité d’enregistrer les débats et de décaler la réunion en fin d’après-midi pour permettre à ceux qui travaillent d’être présents. Des demandes toutes refusées. Pour ce qui est de la présence des journalistes, on est loin de la transparence qui sied à un dossier qui concerne la population de l’île toute entière. « C’est pour la sérénité des débats », justifie le directeur de cabinet Mustapha Omarjee, qui fait mine de ne pas connaître les méthodes de travail de la presse. « Le collectif a accepté nos conditions », espère-t-il retourner la question. « Peut-être le maire avait-il peur qu’une phrase soit utilisée sortie de son contexte », s’interroge la directrice de la communication ; ce serait alors préjuger de la malhonnêteté des journalistes, un prétexte bien pratique quand la liberté de la presse dérange. 

La réunion a regroupé du monde. Le maire et au moins six de ses adjoints, le directeur de la Sédré accompagné de plusieurs collaborateurs, des membres du cabinet, un policier des renseignements généraux, et les dix membres accrédités du collectif Protège nout savane. A l’issue, Elie Payet, porte-parole des défenseurs de la savane, se félicite que les arguments du collectif aient été écoutés, mais fustige « le comportement immature de certains élus qui ricanent ostensiblement à nos prises de paroles, la mauvaise foi sur la question des concertations publiques, notamment de l’enquête publique qui a rassemblé un total de seulement neuf contributions ». De son côté, Emmanuel Séraphin a assuré que «le projet poursuivrait son cours».

Philippe Nanpon

Manifestation la Savane Saint-Paul

A propos de l'auteur

Philippe Nanpon | Journaliste

Déménageur, béqueur d'clé dans le bâtiment, chauffeur de presse, pompiste, clown publicitaire à roller, après avoir suivi des études d’agriculture, puis journaliste depuis un tiers de siècle, Philippe Nanpon est également épris de culture, d’écologie et de bonne humeur. Il a rejoint l’équipe de Parallèle Sud pour partager à la fois son regard sur La Réunion et son engagement pour une société plus juste et équitable.

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