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Savez-vous comment est pêché le poisson que vous achetez en poissonnerie , en supermarché ou au restaurant ? Grillé, en tartare ou en cari , un Réunionnais consomme en moyenne 20 kilos de poisson par an. Parallèle Sud a suivi la journée de travail de Steven Attyasse et Benoît Miranville deux pêcheurs du port de Saint-Gilles.
Steven Attyasse a 39 ans et il est pêcheur professionnel depuis dix-sept ans. Il a été marin pendant dix ans sur des bateaux de tourisme et de pêche au gros avant d’ouvrir son entreprise et d’acheter son propre bateau, l’Edjaris. En plus du travail de pêcheur classique, il diversifie aussi ses revenus avec le pescatourisme, en emmenant des clients pêcher en haute mer pour faire découvrir son métier. Sur son bateau, il est accompagné de Benoît Miranville, qui est marin.
Le capitaine et le marin ont , en principe, des rôles différents : « le capitaine navigue, c’est lui qui doit trouver le bon spot de pêche. Le marin, lui, doit faire mordre le poisson, il met les cannes en place, s’assure du matériel pour pouvoir commencer la pêche. En général tout le mérite revient au capitaine alors que le marin a un sacré boulot pour faire mordre le poisson et le remonter », explique Steven.
En ce qui concerne le salaire, un marin peut être payé au pourcentage, appelé la part dans le jargon, ou au kilo. « Pendant longtemps, j’étais payé un euro trente du kilo. Pour les salaires à la part, on fonctionne avec un pourcentage convenu sur la vente dont on déduit l’essence, le matériel et quand on emmène des clients, il a un montant par client. Pour mon salarié, c’est à la part mais je ne déduis pas l’essence et le matériel, on ne ferait pas payer les assiettes à un serveur », poursuit-il.
« C’est un métier qui attire de plus en plus. Avant, le plus petit diplôme qu’on passait en trois mois, le CACPP (certificat d’aptitude au commandement à la petite pêche) était plutôt simple à obtenir, il y a eu tellement de demandes qu’ils ont un peu durci l’évaluation. Mais il manque de la place, on est 130 pêcheurs professionnels à la canne sur La Réunion. Et les équipements, le bateau et le matériel sont chers. Il y a des subventions mais il faut toujours un apport pour ouvrir son entreprise. »
Pour Steven et Benoît, la pêche c’est avant tout un métier de passion
« J’ai fait plusieurs métiers mais j’ai toujours fait en sorte de me rapprocher de la mer, je me suis donné les moyens pour faire de ma passion mon travail. C’est pas un travail monotone, il y a toujours une rechercher d’adrénaline et on est contents d’aller travailler », partage Benoît.
Un métier passion mais qui peut s’avérer très instable. « On est comme les agriculteurs, on dépend de la nature », observe Steven .
« L’année 2024 a été une très mauvaise année, une des pires années que j’ai connu, j’étais à mon compte et j’ai dû arrêter. Comme je n’avais pas mon entreprise depuis très longtemps, je n’avais pas assez de côté pour amortir le choc », témoigne Benoît.
« C’était 70 à 80 % de pertes pour tous les pêcheurs de l’île. Et beaucoup de petits nouveaux ont du arrêter », précise Steven.
En ce qui concerne les contrôles, ils se durcissent depuis quelques années . « Avant, il y avait un contrôle à terre et un contrôler en mer. Depuis deux-trois ans, on est contrôlés quasiment sur tout. Que ce soit les factures, la vente, l’hygiène, la conservation du poisson. Ils nous mettent un peu plus la pression mais c’est pas plus mal, il y a moins de braconnage et ça incite à passer les diplômes. »
Au cours de la journée , Steven et Benoît ont pêché un marlin de 44 kilos et un thon germon de 24 kilos. Une pêche plutôt bonne pour eux. Une fois revenus à terre, ils vont directement à la poissonnerie. Avec un marlin qui se vend à 6 euros le kilo et le thon à 8 euros le kilo, la recette du jour est de 463 euros.
Pour en savoir plus, visionnez le reportage vidéo sur cette journée de pêche. Et ne ratez pas l’interview intégrale du patron de pêche et de son marin publiés dans un second post.
Léa Morineau
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