Éclats de l’île, l’association qui donne le sourire aux enfants hospitalisés oragnise un concert pour ses 20 ans

L’association Éclats de l’île intervient dans les hôpitaux de La Réunion depuis 20 ans pour donner le sourire aux enfants hospitalisés. Une équipe de 11 clowns se relaient sur 3 établissements de santé : CHU de Saint-Pierre, de Saint-Denis ainsi qu’à l’Hôpital d’enfants (ASFA) au chef-lieu. L’association organise ce samedi un concert solidaire au théâtre plein air de Saint-Gilles avec une programmation riche en couleurs. L’intégralité des bénéfices sera reversée pour financer ses actions.

Éclats de l’île est la seule association dans ce registre à La Réunion : 11 clowns qui passent dans les chambres d’hôpitaux 5 fois par semaine pour essayer de donner le sourire aux enfants. Une action solidaire qui existe depuis 20 ans à La Réunion. Pour continuer à intervenir auprès des enfants, l’association organise pour ses 20 ans un concert solidaire ce samedi 30 août au théâtre plein air pour lequel les bénéfices seront reversés à l’association. Présentée par Émilie Minatchy et Brice Liie, la soirée réunira sur scène des artistes incontournables de la scène réunionnaise accompagnés par les Soulpaks : 
Bernard Joron (Ousanousava) · Tine Poppy · Black-T · Fabrice Legros · Carlo de Sacco (Grèn Sémé) · Jad’ · Nicole Dambreville · Aurus · Marie Lanfroy (Saodaj) · Gwendoline Absalon · Papanga Drums.

Les billets sont disponibles sur internet.

Parallèle Sud a accompagné un duo de clowns lors d’une intervention au CHU de Saint-Pierre. Benjamin qui incarne son personnage « Jonatâne », et Francis aka « Pat le Manifiique », sont deux intermittents du spectacle dévoués pour la bonne cause. La journée commence par un briefing auprès des infirmières pour voir les disponibilités des enfants en fonction de leur planning médical ou de leur humeur. Ensuite direction les vestiaires pour se changer et rentrer dans le rôle. « Dans une matinée on peut faire une vingtaine de chambres, pas forcément sur le même service ». Dès lors qu’ils ont enfilé leur nez rouge, ils rentrent dans leurs rôles respectifs.

Chaque clown incarne un personnage précis, travaillé au fil des années, qui s’est construit sur la personnalité de chacun. « Pour trouver son clown, il faut aller chercher ses défauts et les étoffer. Moi par exemple, “Pat le Manifiique”, c’est un italien mais il n’est jamais allé en Italie. Il est mytho, il essaie de séduire les gens, mais il ne sait pas faire. C’est des défauts qu’on va développer pour les rendre encore plus ridicules ». Benjamin, désormais Jonathan, explique sur le ton de la plaisanterie que son personnage fait revenir toutes ses qualités « c’est mon enfant intérieur. Jonatâne, lui, est fort, talentueux, sportif, il impressionne tout le monde, tout le monde veut être comme lui ». Issu du cirque, c’était le nom de l’un de ses personnages qui était magicien, et qui aujourd’hui est un clown.

C’est l’enfant qui choisit

L’association est composée de plusieurs profils. Francis de l’impro, Benjamin du cirque et d’autres de la chanson. Une pluridisciplinarité qui permet des combinaisons de duos variées, avec des sensibilités et un humour différents. Généralement, les clowns se chamaillent entre eux pour laisser l’enfant prendre le parti de son choix. Le but est de divertir, faire rire, et d’avoir une situation de 2 contre 1 mais jamais contre l’enfant.

Dans les vestiaires, c’est l’échauffement. « Le but c’est de se chambrer, de créer des petits jeux qu’on va peut-être reproduire dans les chambres. Là par exemple ce matin il y a un enfant dont la mère est italienne, on va essayer de confronter Pat à son mensonge » explique Jonatâne et Pat le Manifiique.

Il n’est pas rare que les chambres soient parfois vides à l’arrivée du duo, que l’enfant dorme ou exprime un refus. « Un “non” c’est tout à fait entendable et c’est OK, en revanche nous, on ne doit jamais refuser un jeu » explique Francis.

Contagion de bonne humeur

Avant de passer dans les chambres, les deux collègues font une parade dans les couloirs, comme pour annoncer aux enfants qu’ils arrivent. Chanson, guitare, interaction avec les passants ou les patients dans les couloirs : leur bonne humeur contamine généralement ceux qui croisent leur chemin.

L’équipe soignante présente ce jour-là témoigne des bonnes ondes que ramènent les deux clowns dans le service « Ça apporte un divertissement aussi bien aux enfants qu’aux parents. Nous, on voit les enfants dans le cadre des soins, ils voient que des blouses blanches. Là c’est un petit moment de bonheur pour faire sourire toute la famille » rapporte Sylvie, auxiliaire de puériculture en pédiatrie. « Un grand merci à eux, c’est que du bonheur pour les enfants. Dans leur souffrance, ça leur permet aussi d’avancer. Voir des sourires sur leur visage de temps en temps ça fait du bien. On sent la différence entre l’avant et l’après du passage. Parfois il y a des enfants qui réagissent peu, mais les parents sont par terre, du coup les enfants se mettent à rigoler en voyant ça. Ils font partie des murs de l’hôpital maintenant » ajoutent l’équipe de soins d’un service de pédiatrie.

Youhaïra, 12 ans, hospitalisée à ce jour raconte « En janvier j’étais hospitalisée à Saint-Denis et il y en avait aussi, ce n’est pas la première fois. C’était drôle quand même. Pour moi, c’est un 10/10. Ils nous font rire pour qu’on ne s’ennuie pas trop, parce qu’il n’y a rien à faire ». Son père, présent dans la chambre au passage des clowns ajoute « Franchement c’était super, c’est une très bonne idée. Nous, on est venu ici pour des soins, on n’a pas de famille, je les encourage à continuer ». D’autres parents présents ce jour-là racontent l’instant de décompression qu’ils ont vécu. « Ça nous a fait une petite coupure dans cette journée d’hôpital, on a pensé à autre chose, c’était très agréable » « Je m’y attendais pas du tout, j’ai beaucoup rigolé ».

Etienne Satre