[Écologie] « Les SUV électriques ne vont pas nous sauver »

VINCENT DEFAUD, L’ŒIL DE GENERATION ECOLOGIE SUR LA SOUVERAINETÉ ÉCOLOGIQUE ET LE TRANSPORT

Ce lundi 13 mai, Jessica Sarpédon, référente-adjointe Génération Écologie Sud, Luc Lallemand, référent Génération Ecologie Sud et Vincent Defaud, Responsable Outre-Mer pour le Conseil National de Génération Écologie, Référent Départemental de Génération Écologie La Réunion se sont exprimés devant l’usine du Gol, à Saint-Louis. Les représentants de Génération Écologie ont pris position sur deux thématiques majeures de la transition écologique: la souveraineté énergétique et le transport. 

La production énergétique à La Réunion, c’est d’abord l’histoire d’un duopole. Aujourd’hui, la production d’énergie est essentiellement partagée entre deux grandes entreprises sur le territoire réunionnais. Albioma, récemment rachetée par le KKR (Kohlberg Kravis Roberts & Co) fonds d’investissement américain, détient 46% de la production globale. Juste derrière, EDF  détient 40% de la production. Le reste est partagé entre Akuo Energy et Total Energies détenant respectivement des centrales photovoltaïques au Port et à L’Etang-Salé, et des centrales photovoltaïques à Saint-Leu. C’est ce partage, couplé au rachat d’Albioma par un fonds d’investissement étranger, soutenu par le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, qui fait disparaître peu à peu la souveraineté énergétique du territoire, selon les représentants de Génération Écologie. 

Les intentions de KKR ne seraient pas selon eux de produire une énergie locale, la plus propre et accessible possible, mais bien de tirer profit de ce rachat. Pourtant, la souveraineté énergétique doit nécessairement s’accompagner d’une accessibilité des prix pour les Réunionnais.es, qui subissent depuis plusieurs mois une hausse répétitive des prix couplée à une inflation. Pour redresser la barre, Génération Ecologie milite pour la transformation de l’entité Albioma en une coopérative citoyenne d’énergie avec un actionnariat populaire et le soutien des pouvoirs publics. 

Une transformation réalisable selon Vincent Defaud, qui nous a confié sa vision des choses sur la question. «La transformation d’Albioma, ce n’est qu’une question de rapports de forces politiques, puisqu’elle est au centre d’enjeux stratégiques. L’exemple de la renationalisation du groupe EDF nous montre que c’est possible. Albioma occupe une place de plus en plus importante sur le territoire, et cela me pose problème, car cela va de pair avec une perte de souveraineté énergétique pour La Réunion.»

Autre enjeu au cœur de la campagne de Génération Écologie : le transport

L’enjeu des mobilités sur le territoire fait l’objet d’une deuxième prise de position de la part de Génération Ecologie. Soucieux de déconstruire l’idée selon laquelle la voiture électrique serait plébiscitée par les écologistes et l’Europe, les représentants de Génération Écologie questionnent cette alternative controversée. Pour eux, sur le plan climatique, environnemental et social, la voiture électrique ne remplit pas les critères d’une transition juste, accessible et durable. 

Vincent Defaud nous confie : «Le transport est une question à traiter de toute urgence. La réalité est que les SUV électriques ne vont pas nous sauver, car la question est bien plus globale. Il nous faut réaménager le territoire et repenser nos modes de déplacements, dans une logique de décroissance.»

A l’inverse, Génération Ecologie mise sur la réduction des distances domicile-travail parcourues par les habitant.e.s du territoire. Pour cela, il s’agit de développer le télétravail, mais aussi de repenser plus largement les déplacements du quotidien en favorisant l’implantation de structures de santé, des commerces de proximité et services publics permettant les déplacements à pied ou à vélo. Cette démarche s’inscrit dans une approche de la ville «du quart d’heure».

Un projet phare de la campagne: le monorail 

Ensuite, les représentants du parti proposent la création de lignes ferroviaires de type “métro léger” pour rattacher les agglomérations du littoral, et des téléphériques pour relier le littoral aux Hauts. Ces investissements auraient le mérite de proposer une alternative accessible à tous les ménages, quels que soient leurs niveaux de revenus. Et ce projet repose sur des études concrètes, menées notamment dans le cadre des élections régionales de 2015, mentionnées par Vincent Defaud. «A l’époque, le projet de Monorail avait été abandonné. Le frein majeur relève en réalité d’un manque de portage politique du projet. C’est avant tout une question de volontée et de priorisation des projets politiques.»

Par ailleurs, toujours selon le Responsable Outre-Mer pour le conseil national de Génération Ecologie, le projet doit se faire en accord avec l’opinion publique, et doit être validé par les habitant.e.s. «Nous souhaiterions organiser un référendum sur cette question du transport, dans l’objectif de faire valider notre projet par la population. L’idée est de demander aux gens s’ils souhaitent ou non que l’on construise un monorail de type train ou tram.»

Il nous confie par la suite que le projet devrait d’abord voir le jour dans le Sud, avec une première ligne permettant de relier L’Etang-Salé à Petite-Ile pour commencer. La problématique de surfréquentation des axes routiers dans le nord-ouest et nord-est de l’île étant la même, il s’agirait aussi pour Vincent Defaud de proposer des lignes ferrées dans ces secteurs, notamment entre Saint-Denis et Sainte-Marie par exemple. 

Reste à voir de façon concrète quel serait le prix de ces aménagements et à quelle date ils verraient le jour dans un contexte d’urgence écologique. Les représentants de Génération Ecologie misent sur les élections municipales et intercommunales de 2026 pour faire naître ces projets pour lesquels ils continueront de faire campagne dans les mois à venir.

Vincent Defaud, Jessica Sarpédon et Luc Lallemand devant l’usine du Gol à Saint Louis, le lundi 13 mai.

Sarah Cortier

A propos de l'auteur

Sarah Cortier | Etudiante en journalisme

Issue d’une formation de sciences politiques appliquées à la transition écologique, Sarah souhaite désormais se former au métier de journaliste qui la fait rêver depuis toujours. Persuadée que le journalisme est un moyen de créer de nouveaux récits et d’apporter de nouveaux regards sur le monde pour le faire évoluer, Sarah souhaite participer à ce travail journalistique engagé aux côtés de Parallèle Sud.

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