Édito : Mais pourquoi ça se tend dans les collèges

Situation tendue dans les collèges comme cela s’est vu tout récemment à Terrain Fayard. À La Réunion comme dans l’Hexagone. Ce mardi, Un collégien de 14 ans a tué une surveillante d’un coup de couteau en Haute-Marne en marge d’une fouille inopinée devant l’établissement. Automatiquement, mécaniquement, le président de la République, sans doute relayé par quelques ministres, a annoncé de nouvelles mesures pour interdire qu’un mineur puisse porter une arme blanche.

C’est la moindre des réponses à apporter… Mais en vrai, qui s’interroge sur le fait que collèges et lycées se sont vus retirer la quasi-totalité des actions culturelles — mais pas que — que venaient y effectuer de nombreux intervenants extérieurs au titre du Pass Culture ? La suspension de ce dispositif s’est imposée sans discussion. Il fallait faire des économies et deux gouvernements (Barnier puis Bayrou), sans majorité véritable à l’Assemblée nationale, ont procédé à quelques coupes franches au gré des lubies sécuritaires du moment.

Le bilan de l’arrêt des interventions culturelles — mais pas que — en milieu scolaire n’a pas été établi. Ce que nous en savons ici, à Parallèle Sud, c’est qu’aucune de nos interventions n’ont été reconduites cette année tant celles financées par le Pass Culture que celles financées par la Direction des affaires culturelles (Dac). Ce qui représente plus d’une vingtaine de classes de collèges et de lycées qui se voient privées d’une séance d’éducation aux médias et à l’information ou d’un accompagnement à la pratique journalistique (reportages, interviews, etc.). Les autres intervenants dans ce domaine ont sûrement subi les mêmes restrictions.

Pour rattraper un peu le coup, la Dac vient de nous proposer de transformer une action en direction des élèves par une action en direction des… touristes, dans le cadre du fameux « plan camping » de Rachida Dati. Ce plan est considéré comme « une provocation abjecte » par le monde de la culture.

Faire de l’EMI sous la tente et entre les piquets. Pourquoi pas ? Il n’y a pas de mauvais endroit pour comprendre les enjeux de l’information… Mais, en vrai, l’Etat a ni plus ni moins sacrifié les heures de sensibilisation des élèves à ce qui était présenté jusqu’alors comme une priorité : la lutte contre les fake news et la maîtrise des réseaux sociaux.

C’est ballot, hein… à l’heure où tous les fléaux qui affaiblissent le tissu social passent par les réseaux. C’est dommage, hein… de ne pas aider les collégiens à comprendre comment leur smartphone peut les égarer dans les méandres des manipulations commerciales, politiques et idéologiques. C’est irresponsable, hein… de les priver de quelques conseils pour déjouer le cyber-harcèlement dont ils sont la cible.

Franck Cellier

A propos de l'auteur

Franck Cellier

Journaliste d’investigation, Franck Cellier a passé trente ans de sa carrière au Quotidien de la Réunion après un court passage au journal Témoignages à ses débuts. Ses reportages l’ont amené dans l’ensemble des îles de l’océan Indien ainsi que dans tous les recoins de La Réunion. Il porte un regard critique et pointu sur la politique et la société réunionnaise. Très attaché à la liberté d’expression et à l’indépendance, il entend défendre avec force ces valeurs au sein d’un média engagé et solidaire, Parallèle Sud.

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