LA CASERNE LAMBERT POURRAIT ACCUEILLIR LA STATUE DU GOUVERNEUR ESCLAVAGISTE
Ce n’est pas fait mais presque. Après une première tentative de déplacement de la statue de La Bourdonnais à la demande du collectif Laproptaz Nout Péi, l’année dernière, le dossier suit son cours. L’armée s’est portée candidate pour accueillir le monument à la caserne Lambert.
Parallèle Sud a été le premier média à annoncer la volonté d’Ericka Bareigts de déplacer, pour ne pas dire déboulonner, la statue de Bertrand-François Mahé de La Bourdonnais. Elle accédait alors à la demande du collectif Laproptaz Nout Péi qui demande à ne pas honorer les symboles de l’esclavage.
Cet acte politique assumé était programmé, dans un premier temps, pour les cérémonies de l’anniversaire de l’abolition de l’esclavage, le 20 décembre 2022. Il était question d’organiser un procès symbolique pour juger l’emblématique gouverneur des Mascareignes à titre posthume en référence à la loi dite Taubira, du 21 mai 2001, qui reconnaît comme crime contre l’humanité les esclavages et les traites tels qu’ils ont été pratiqués à l’île Bourbon sous son commandement.
Mais on ne déplace pas un monument historique aussi facilement. Il faut passer par des commissions et il existe des réticences à ce « déboulonnage », même si elles se font discrètes. Le projet a dû être reporté. Mais pas abandonné. En attendant d’obtenir l’aval des services de l’Etat, la maire de Saint-Denis s’est employée à trouver un repreneur de la statue pour qu’elle ne soit plus scellée sur une place publique. Il était question de la déménager au musée de Villèle ou dans les jardins de la préfecture. C’est finalement la caserne Lambert qui se propose pour accueillir La Bourdonnais.
15 850 noms d’esclaves à la place de la statue
Ce jeudi 30 mars, à l’occasion de la présentation des futurs aménagement du square Labourdonnais, le général Laurent Cluzel, commandant supérieur des forces armées dans la zone sud de l’océan Indien (FAZSOI) a confirmé : « Dans le cadre de sa réhabilitation, le square Labourdonnais pourrait se séparer de la statue Mahé de La Bourdonnais. Les forces armées pourront éventuellement accueillir au sein de la caserne Lambert la statue représentant cet officier de marine, figure militaire de l’Histoire de la France dans l’océan Indien. Une fois restaurée, sa statue trouvera naturellement sa place au sein du quartier Lambert, aux côtés d’autres monuments du patrimoine militaire de La Réunion. »
A sa place, la mairie de Saint-Denis a prévu « l’installation de l’artiste Mathilde Fossy « Dissiper la Brume ». Comme pour ne pas oublier l’Histoire de ce square, cette œuvre est un hommage à l’abolition de l’esclavage ». « Une première exposition de l’oeuvre a eu lieu du 26 avril au 30 septembre 2019 au musée Léon-Dierx dans le cadre de la commémoration du 170e anniversaire de l’abolition de l’esclavage à La Réunion. L’installation mettait en scène les 15 850 noms d’esclaves fournis par les Archives Départementales, dans l’ordre alphabétique », lit-on dans le dossier de presse.
Chacun aura remarqué le conditionnel qui accompagne ces annonces de déplacement-remplacement. Mais maintenant que l’armée s’est officiellement déclarée favorable à son accueil, la procédure administrative devrait s’accélérer.
Franck Cellier