Dans la nuit du 3 au 4 février, en plein cyclone Batsirai, le Tresta Star s’est échoué sur la côte du Sud Sauvage. Il y a une dizaine d’années, quand le débat faisait rage sur les options à choisir pour la route, les opposants évoquaient la possibilité qu’une telle catastrophe se produise contre les piles de la Nouvelle route du littoral. Ce qui paraissait alors comme une éventualité très abstraite, s’est tout à coup révélé tout à fait possible. Quelles sont alors les mesures envisagées pour protéger le viaduc d’un tel scénario?
La réponse ne se trouve pas dans cet article. Nous avons cherché à contacter Vinci et la Région, maitres d’oeuvre et d’ouvrage, sans succès. Pourtant, Vinci Construction Grands Projets, dans une page dédiée à la NRL (ouvrir le lien), évoquait l’hypothèse. Il n’y a que François Payet, du groupement citoyen ATR-Fnaut (Alternative Transport Réunion-Fédération Nationale des Associations d’Usagers des Transports), à nous avoir répondu. D’après l’architecte de profession, pourfendeur du premier jour du projet de NRL, « malgré les alertes et les moyens techniques déployés, on voit que c’est possible, tout peut arriver ! »
François Payet se souvient que, dans le dossier de la DUP (déclaration d’utilité publique), il était question de protection des piles par l’entourage de ces dernières par des blocs de roches massives. « Mais l’idée a été abandonnée », dit-il.
Et d’ajouter qu’il était également prévu d’installer cinquante pour cent des piles sur une semelle, et l’autre moitié sur des pieux enfoncés profondément. « Cette seconde méthode a été abandonnée, car le bruit du battage des pieux, néfaste pour les espèces marines, n’a pas pu être suffisamment atténué avec les rideaux de bulles », affirme le porte parole d’ATR-Fnaut.
« Du coup, les piles sont posées sur un sol instable. Même si on a décapé dessous un mètre de vase et reconstitué un sol, ça bouge », poursuit François Payet. « L’eau passe dedans, ce sera affouillé avec le temps. Si on charge pour éviter que ça bouge, le poids fera son office; si on allège, ce sera la houle que fera bouger l’ouvrage d’art », poursuit l’architecte qui prévoit de « grosses déformations d’ici dix ans ».
« La tension sur les câbles qui relient les piles sera énorme, je ne sais pas si des tensiomètres y sont installés pour surveiller ce phénomène », s’inquiète-t-il encore. Les déformations, si l’on en croit l’observation de fissures sur certaines piles, sont déjà à l’oeuvre.
Pour rappel, François Payet et son association auraient préféré un tunnel et militent aujourd’hui pour une fin de chantier sur la route actuelle équipée de casquette de protection contre les chutes de pierres.
PhN