Et sinon, la santé, ça va ?

[LIBRE EXPRESSION]

Et allez, encore une petite couche sur la santé et les poisons environnementaux.

Commençons par le New-Brunswick, province de l’extrême-est canadien. Les médecins locaux ont découvert une étrange nouvelle maladie, une atteinte neurologique avec 1, puis 10, 50, et maintenant 150 cas. 20% de jeunes, le syndrome paraît contagieux et associe hallucinations intenses, paresthésies diffuses, insomnies, pertes d’équilibre, troubles cognitifs. Il y aurait déjà 9 morts (1). Les autorités parlent d’un rapport en janvier, toujours en attente, une seule piste, celle du homard. Plus exactement une molécule fabriquée par les cyanobactéries (les « algues bleues ») retrouvées dans les homards : la β-N-méthylamino-L-alanine (BMAA). Or la pêche au homard est une base de l’économie régionale. Le gouvernement local ne veut pas de vagues, pensez donc, et a interdit l’analyse nécropsique des cerveaux. Circulez, il n’y a rien à voir. Quelques commentaires tout de même : lors des marées vertes, en Bretagne, on retrouve ces charmantes bactéries, qui sont parfois mortelles. L’affaire du New-Brunswick illustre le déni général dans lequel nous pataugeons. Et me fait penser au film hilarant et flippant, « Don’t look up », décrivant comment le pouvoir politique refuse d’admettre qu’une comète va anéantir la vie. Comme l’on refuse d’admettre que la Santé Publique se dégrade.

Le mantra disant que tout va toujours de mieux en mieux dans notre monde est un pieux mensonge. On assiste à des flambées de cancers, d’allergies, de maladies neurodégénératives. Quantité d’études relatent que dans tous ces désastres en santé, la soupe chimique dans laquelle nous baignons joue un rôle important, très important, décisif ? Aucune preuve bien sûr, mais il est facile de le croire. Le Parkinson est une maladie professionnelle des agriculteurs, l’Alzheimer est intimement lié à l’aluminium (2).

Les CDC (centres pour le contrôle et la prévention des maladies) étasuniens estiment qu’en 2021 une naissance sur 44 fera l’objet d’un TSA (trouble du spectre autistique). Ce chiffre était de 1/5000 en 1975, 1/150 en 2000, 1/88 en 2012, 1/59 en 2014 ; Bien sûr, les définitions du TSA ont changé au fil du temps, et les moyens diagnostiques ont évolué. Mais il n’y a pas que cela. L’autisme comme avenir de l’Humanité ? En 2006, les chercheurs Philippe Grandjean et Philip Landrigan ciblent 5 polluants neurotoxiques dans la genèse des TSA : plomb, méthylmercure, PCB, toluène, arsenic. Ils en rajoutent 6 en 2014 : DDT, chlorpyriphos-éthyl (un insecticide également utilisé à la Réunion), perchloroéthylène, un solvant des pressings, manganèse, fluor, et publient dans le Lancet (3). Ils ne sont pas seuls à mettre en cause la chimie de synthèse. D’autres citent l’amiante, les pesticides, les particules fines, le plomb dans l’essence, etc.

Soyons perfides : aucun des candidats à la future élection présidentielle, je dis bien aucun, n’évoque ces problèmes essentiels pour le futur de l’Humanité. Et ce n’est plus du cinéma.

  1. : theguardian.com/world/2021/nov/16/neurological-illness-haunts-remote-canadian-region
  2. : trustmyscience.com/aluminium-associe-developpement-maladie-alzheimer-familial
  3. : thelancet.com/journals/laneur/article/PIIS1474-4422(13)70278-3/fulltext

Bruno Bourgeon, http://aid97400.re

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