alambique vétyver

Far far de Bézaves : passion vétiver

Autrefois, le Vétiver était « la culture » du sud de l’île, aujourd’hui remplacée par la canne. Mais Didier Hoareau en reste un fervent défenseur et la fait découvrir sur son exploitation de Bézaves!

Installé à Bezaves, sur les pentes du piton de l’Entonnoir, sa propriété fait la part belle à ce qu’étaient autrefois les jardins créoles. On y trouve à peu près tout, y compris des caféiers dont il est plutôt fier, les explications sur l’utilisation des différentes plantes et végétaux sont très complètes, et surtout, il est l’un des derniers, peut-être le dernier, à cultiver le vétiver.

Un peu d’histoire…

Le mot « vétiver » viendrait du tamoul, avant d’être passé par l’anglais puis de devenir un mot français. Un peu compliqué de s’y retrouver ! Cette graminée plutôt robuste et de belle taille (jusqu’à deux mètres de haut, avec des racines parfois au moins aussi longues) a recouvert les pentes du sud de l’île pendant de longues années. On utilisait les feuilles pour recouvrir les toits des maisons (ou rempailler des chaises, ou tresser des chapeaux par exemple), mais son utilisation allait bien au-delà ! Ses racines sont distillées pour en faire de l’huile essentielle, ou de l’hydrolat, on peut les utiliser en tisane (cicatrisation, nettoyage du corps), on l’utilise aussi en parfumerie, et les petites bottes de racines sèches sont utilisées pour parfumer les placards, et … éloigner les moustiques !

Petite-Ile et Saint-Joseph : fiefs historiques

Jusque dans les années 1980, la région de Saint-Joseph et Petite-Ile étaient le fief de cette culture. A l’époque, la Réunion est le deuxième exportateur mondial d’huile essentielle de vétiver. Entretemps pour des raisons soit-disant économiques, l’île s’est tournée vers la culture de la canne à sucre, qui, sans les financements notamment de l’Europe, n’est pas plus rentable que ne l’était le vétiver… Certes, c’est un vrai travail de sortir ces touffes de vétiver et ses longues racines, d’en enlever la terre, de distiller les racines pour en faire de l’huile essentielle ou de l’hydrolat, d’en faire des « fagots » à vendre, d’utiliser ses feuilles pour couvrir des toits. Ils ne seraient plus que deux à cultiver le vétiver, mais quand on aime son île, sa culture, son histoire, ses racines, on est prêt à donner de son temps et faire découvrir ce qu’était le sud de l’île autrefois.

 Le vétiver, c’est bon pour beaucoup de choses !

Bien entendu, on connaît l’huile essentielle, l’hydrolat et les fagots utilisés dans nos armoires (et celles de nombreux touristes !). Didier Hoareau fabrique des toitures et des paillottes en paille de vétiver. Il explique que le vétiver a de nombreuses vertus, notamment l’huile essentielle : « L’huile de vétiver est d’abord un fixateur de parfum, c’est aussi un excellent anti-inflammatoire qu’on peut utiliser dans des huiles de massages. C’est aussi un cicatrisant, on l’utilise par exemple pour traiter certaines maladies de peau comme les psoriasis. Et puis elle a des vertus apaisantes, relaxantes. »

En pleine explication

Un agriculteur passionné … et passionnant !

L’exploitation agricole de Didier Hoareau ne se limite pas au vétiver. Sur son exploitation, on trouve de nombreux produits locaux qu’on utilise dans nos bons plats créoles. Dans ses explications, tout est abordé, de la plantation à la récolte, en passant par toutes les utilisations possibles. L’occasion de découvrir ou de redécouvrir différentes sortes de cannes, patates péi, songes, brèdes, curcuma, arrow-root… et le bourbon pointu !

caféiers

Didier Hoareau est un passionné, ce patrimoine agricole local, il le fait vivre, le défend, le fait découvrir dans toute sa diversité. Didier Hoareau ne fait pas vraiment commerce de son activité, tout au plus de la vente locale en particulier à l’issue des visites : huile essentielle, hydrolat notamment.   

Après la visite, une petite collation

La visite se termine par un petit film, puis une collation. Au menu : gâteaux au curcuma, rhum arrangé vétiver (avec les explications pour le fabriquer), tisane froide maison à partir de plantes aux vertus médicinales évoquées au cours de la visite (citronnelle, géranium, clitoria par exemple). L’occasion aussi de continuer à échanger avec ce véritable passionné !

Prêts pour la collation ?

Si vous voulez découvrir l’histoire du vétiver, n’hésitez pas à prendre contact pour une visite et à y emmener vos visiteurs. D’autant plus qu’au sommet du piton de l’Entonnoir, la vue côté mer est à couper le souffle !

                Dominique Blumberger

Vue sur mer depuis le piton de l’Entonnoir

Détails pratiques

Réservation sur le site de l’IRT : https://www.reunion.fr/

Visite chaque mercredi à partir de 14h

Prévoir une paire de baskets pour la balade dans l’exploitation

Y aller : Sur la Nationale, en venant de Saint-Pierre, passer Petite-Ile (Manapany les Bas), puis tourner à gauche vers Carosse – Bézaves. Au stop, prendre à droite vers Saint-Joseph, l’accès au far far se fait 100m plus bas sur la droite.

A propos de l'auteur

Dominique Blumberger | Reporter citoyen

Ancien enseignant et directeur à la retraite, Dominique Blumberger a rejoint les rangs de Parallèle Sud quelques mois après son lancement. Passionné de musique, gros lecteur, il propose d’ailleurs souvent des avis sur ce qu’il a lu, il affectionne plus particulièrement les portraits et les reportages.

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