INTERVIEW DE SUZELLE BOUCHER
A Saint-Paul, Le Port, Trois-Bassins, Saint-Denis, Saint-Benoît et Saint-Joseph, le festival du film « Le Temps des femmes » bat son plein jusqu’au 29 septembre. Suzelle Boucher, première adjointe à la mairie de Saint-Paul et déléguée à la culture, est membre de l’Union des Femmes Réunionnaises (UFR) co-organisatrice de l’évènement avec Ciné Festival Océan Indien. Elle a répondu à nos questions sur cette cinquième édition.
Suzelle Boucher, pouvez-vous nous présenter le festival du film Le Temps des femmes ? Quelle est son histoire, son ambition, pourquoi l’avoir mis en place ?
C’est d’abord une belle histoire d’amitié entre Armand Dauphin et moi-même. Je l’ai accompagné en tant que bénévole sur les différents festivals de cinéma qu’il avait organisé. On avait convenu, pour la création d’un nouveau festival, que ce serait bien de partir sur des thématiques avec des associations de femmes et de traiter des problématiques qui entourent la condition féminine. J’ai évidemment tout de suite pensé à l’UFR (Union des femmes réunionnaises), et nous avons commencé à avoir des réunions à ce sujet avec Evelyne Corbière ou Karine Lebon, sénatrice et députée de La Réunion, deux militantes de longue date à l’UFR. Nous en sommes aujourd’hui à la cinquième édition qui est accompagnée par les différentes villes où se déroule le festival puisqu’au départ on était essentiellement au Port. On s’est ensuite étendus à Saint-Paul puis à Trois-Bassins et aujourd’hui nous sommes aussi sur Saint-Benoît, Saint-Denis et Saint-Joseph. Ce festival est devenu au fil des éditions, un événement régional.
Pouvez-vous nous présenter cette 5ème édition, comment le festival a-t-il évolué depuis sa création ?
Cette année la thématique officieuse est en lien avec l’actualité des Jeux Olympiques, c’est la difficulté d’être femme dans le monde sportif. Au départ, nous avons commencé par les difficultés des femmes réunionnaises et aujourd’hui on s’ouvre au monde.
Comme tous les ans, nous organisons une table ronde qui aura lieu aux Aigrettes le vendredi 27 à 18h sur le thème de la place de la femme dans le monde sportif. Autour de cette table, seront présentes un certain nombre d’athlètes, de championnes dont notre marraine de cette édition Anne-Gaëlle Hoareau, championne de surf.
Il y a une évolution sur l’ancrage territorial puisque le festival est devenu régional, mais pas seulement. Il y a aussi une évolution sur l’ancrage auprès des scolaires, je sors d’ailleurs d’une séance de Radio Kobani avec les collégiens et les lycéens. J’ai été très surprise par la maturité et l’intérêt de ces élèves face à un film qui traite d’un sujet lourd (ndlr : le film est au sujet de la guerre en Syrie) avec la résilience des femmes et leur rôle dans le conflit. C’est pour nous important de s’orienter vers la médiation scolaire pour sensibiliser les jeunes aux thématiques évoquées dans les films choisis. Aussi, au-delà du cinéma, nous essayons de mettre en avant d’autres disciplines artistiques comme le théâtre, l’art plastique, la musique.
À Saint-Joseph on a fait une ouverture avec une exposition de portraits réalisés par des femmes, à Lespas à Saint-Paul on aura une pièce de théâtre, Bleu(s), sur les violences conjugales. L’année dernière, on a eu de la danse. Plusieurs arts viennent se greffer et lorsqu’on veut mettre en avant ce qui se réalise au niveau local, c’est aussi possible. Pour le samedi 28, jour de la clôture maison Grankour, on a convié un jeune Saint-Paulois, Gabriel Augerai qui a obtenu l’Oscar du meilleur film étudiant pour son court-métrage Boom ! . Il sera diffusé en première partie du film Divertimento qui parle d’une jeune femme algérienne originaire de banlieue qui rêvait de devenir cheffe d’orchestre et qui a été invitée lors des Jeux olympiques de Paris. On termine sur des films qui montrent des parcours de femmes qui, malgré les difficultés, ont réalisé des parcours d’exception. On veut montrer qu’il y a une route, qu’il y a un chemin et la voie de la résilience.
Quel est le fil rouge de votre programmation ? Est-ce que tout est gratuit ?
On a la fois des films qui sont très difficiles sur le plan de la thématique abordée mais on retrouve toujours une note d’espoir à la fin. Ça veut dire que nous sommes sur la voie de la rémission, de la résilience et de la reconstruction.
Le festival est accessible gratuitement, sauf pour les films projetés au Cinépalmes de Saint-Denis. Au total, nous sommes sur une trentaine de films projetés.
Pourquoi avoir choisi d’aborder la thématique de la condition féminine qu’à travers le prisme du cinéma ?
L’UFR œuvre déjà beaucoup sur le terrain, et depuis de nombreuses années, aux côtés d’autres associations comme Femmes Solidaires, Chancegal…
Les financement viennent de la Région, des mairies, et du ministère de la culture et de la DAC (Direction des affaires culturelles)et les organisateurs sont l’UFR et l’association Cinéfestival océan Indien
Le festival s’est étendu au fil des années puisque vous êtes présents dans six communes mais pas à Saint Pierre, pourquoi ?
Ça ne s’est pas encore posé, parce que finalement l’étendue de ce festival vient aussi de la volonté des membres de l’UFR. C’est la volonté associative des personnes présentes sur les différentes villes qui joue beaucoup. Sur Saint-Denis, nous avons eu un peu de mal, on est seulement présentes au Cinépalmes. L’année prochaine, on va certainement chercher de nouvelles personnes pour les accompagner dans l’organisation. Parce qu’en plus de la projection, l’UFR organise pour clore les films des débats, rencontres et échanges avec des intervenant.es qui sont des « spécialistes » de la thématique abordée.
Entretien : Léa Morineau