Geneviève Payet : « LR et le RN sont dans un ouragan trumpiste »
CANDIDATES, CANDIDATS…
Geneviève Payet, secrétaire régionale des Écologistes (Europe Écologie les Verts) est la deuxième invitée de notre émission « Candidates, candidats » pour faire un tour d’horizon de la situation politique locale. Elle évoque, entre autres sujets, son parcours de femme engagée contre les violences intrafamiliales puis pour l’écologie, ses déceptions sur le bilan régional ou encore la stratégie à suivre pour barrer la route à la montée de l’extrême droite.
Geneviève Payet a échangé pendant plus d’une heure avec les journalistes de Parallèle Sud. Cet entretien approfondi serait trop long à retranscrire dans son intégralité… Elle s’est prêtée en fin de rencontre à un questionnaire express que voici :
La Réunion peut-elle atteindre la souveraineté alimentaire en 2050 ?
Peut-être pas la souveraineté par la sobriété alimentaire, oui.
Le sentiment de la sécurité qui prévaut aujourd’hui à La Réunion est-il justifié ?
Oui parce que nos politiques n’ont pas encore fait tout le job.
Vous préférez qu’on vous offre une nuit au Lux ou sous une tente dans la forêt des Hauts ?
Il fait froid là-haut. Si vous déménagez la tente au bord du lagon, je veux bien.
La liberté de la presse est-elle menacée à La Réunion ?
Oui parce que quand on voit qu’on a qu’un seul média à l’heure actuelle en presse papier, c’est assez dramatique et quand on sait par qui ce média est subventionné, là, on n’a plus d’équité.
« Les bulldozers ont commencé leur œuvre macabre dans la savane. »
Morceaux choisis
Pour parcourir l’interview en diagonale avant de le visionner tranquillement, voilà quelques phrases que nous avons retenues.
À propos de son engagement
« Pourquoi la bascule du côté de l’écologie ? Il s’agissait de défendre le vivant, de se battre pour que cette humanité garde tout son sens et qu’elle soit la plus heureuse possible dans cette île, sur cette planète. »
À propos de la Zac Savane
« Au moment où on se parle, eh bien les bulldozers ont commencé leur œuvre macabre dans la savane. Des espèces sont en train d’être broyées et vont disparaître de la surface de la terre. »
« Le projet Écocité devait voir le jour, or il y a eu un silence magistral sur ce dossier-là et on s’est rabattus sur la savane. »
« Le cyclone Garance a été un électrochoc. »
À propos des besoins en logement
« Il n’y a jamais eu de recensement exhaustif de toutes les friches qui existent sur la commune de Saint-Paul. »
À propos de la bétonisation
« Le cyclone Garance a été un électrochoc parce que ça a montré que ces politiques qui construisent et qui mettent des routes ne sont pas toujours en cohérence avec les réalités de ce que nous vivons et de ce que nous allons vivre dans les années futures. »
« Garance est venue faire la démonstration que le bâti actuel, nos aménagements, nos modes de vie, nos modes de consommation étaient complètement à revoir. Nous aurions à La Réunion subi le cyclone Chido nous serions dans une configuration encore plus dramatique.
À propos de la Région Réunion
« Nous sommes très heureux que cette région soit dirigée par la gauche et nous sommes partant sur la majorité des dossiers défendus par la région. Mais il y a quelques dossiers sur lesquels nous n’avons pas la même position, principalement, celui de la route du littoral. »
À propos de la Nouvelle Route du Littoral
« Nous n’avons jamais été favorable à cette route du littoral. Nous l’avons accepté malgré nous. Après, on est très heureux qu’il y ait cette pause et on espère que cette pause. Rien n’empêche que on revoit le projet. »
À propos de l’utilisation des pesticides
« Les études ont montré un taux de contamination de nos sols qui était important. On met en perspective ce taux de contamination avec les taux qui sont critiques au niveau de pathologie sévère dans notre département : les cancers mais pas que, les accidents vasculaires cérébraux, les pathologies respiratoires. »
« On aimerait bien pouvoir mettre en lien certaines catégories professionnelles avec la flambée de ces pathologies qui sont extrêmement mortelles. »
Sur la montée de l’extrême-droite
« Les LR et le Rassemblement national sont dans un ouragan trumpiste. Ils font du tort à la planète entière. Ils font du tort à notre santé. Ils font du tort aux générations qui viennent. »
« On a très peu de visibilité sur la dynamique politique de l’extrême-droite qui travaille de manière extrêmement discrète mais extrêmement ténue et déterminée. On a tout à craindre. Je pense qu’il ne faut pas négliger ce risque là d’un électorat qui finisse par grandir et qui soit complètement déconnecté des réalités de notre île. »
« il y a un proverbe qui dit quand on va manger avec le diable, il faut avoir une grande cuillère. Eh bien, il faut qu’on aiguise nos armes, il faut qu’on soit fort, il faut qu’on soit extrêmement regroupé dans nos combats et qu’on puisse avoir une campagne solide. »
Sur la division de la gauche réunionnaise
« C’est trop tôt de dire que la gauche est fracturée. On a une gauche avec des personnalités qui sont bien campées, bien identifiés avec des courants, des modes de fonctionnement qui sont très différents. »
« Il faut que l’on ne mette pas forcément la stigmatisation du côté des auteurs et la victimisation seulement du côté des femmes, il faut qu’on ait une lecture systémique de la violence. »
« Les écologistes ont fait le choix de ne pas chercher dans un premier temps à identifier les têtes de liste. C’est vraiment dans ce sens-là que la plateforme travaille et ça nous convient très bien. La dynamique qui a été dessinée par notre partie l’an dernier dans laquelle nous sommes maintenant, c’est une dynamique d’ouverture.»
« Ils (Huguette Bello et Patrick Lebreton) ont tendance à chercher des têtes de liste tout de suite, des figures de proue que l’on va mettre en évidence. Nous n’avons pas la même stratégie, pas du tout. »
À propos des violences intrafamiliales
« Les violences intrafamiliales sont une réalité douloureuse dans notre département, mais elles sont une réalité douloureuse dans les départements d’outre-mer de manière générale. »
« Je pense qu’il faut que l’on ne mette pas forcément la stigmatisation du côté des auteurs et la victimisation seulement du côté des femmes, il faut qu’on ait une lecture systémique de la violence. »
Journaliste d’investigation, Franck Cellier a passé trente ans de sa carrière au Quotidien de la Réunion après un court passage au journal Témoignages à ses débuts. Ses reportages l’ont amené dans l’ensemble des îles de l’océan Indien ainsi que dans tous les recoins de La Réunion. Il porte un regard critique et pointu sur la politique et la société réunionnaise. Très attaché à la liberté d’expression et à l’indépendance, il entend défendre avec force ces valeurs au sein d’un média engagé et solidaire, Parallèle Sud.
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