Gwendoline Absalon, musique jazz,

Gwendoline Absalon : « J’ai compris l’importance de la légèreté »

Gwendoline Absalon est née en 1992 à Saint-Denis dans une famille de musiciens, notamment Max Dalleau de Sabouk et Tikok Vellaye, excusez du peu. À 17 ans, elle est lauréate du festival La Caravane des Talents. Elle rencontre ensuite le pianiste Matthieu Brillant avec qui elle remporte le concours La meilleure chanteuse de Jazz de la Réunion en 2010. En 2014, elle présente en demi-finale au concours Music Explorer les chasseurs de son sur France Ô une reprise de Jardin d’Hiver de Henri Salvador avant d’aller suivre des études de musicothérapie à Bordeaux. Vendredi 2 mai, elle sera sur la scène du Kabardock pour présenter en avant première son nouvel album Fanal Fénwar qui sortira le 8 sur les plateformes, en CD et sur vinyle.  Nous l’avons rencontrée, au Kabardock, dans son studio de répétition.

Gwendoline Absalon n’hésite pas à se mettre en scène pour chanter contre les violences.

Gwendoline Absalon, vous présentez un nouvel album, Fanal Fénwar, vendredi au Kabardock, comment êtes vous venue à la musique ? 

En effet, Fanal Fénwar est mon troisième album en 23 ans de carrière. Celui-là, je l’ai autoproduit après avoir quitté le label parisien Ting Bang. J’ai débuté le chant, sur scène, je devais avoir 10 ans avec mon oncle Max Dalleau. J’ai aussi fait les choeurs, le lead aussi, avec Didier Kergrain, Iza, et le rappeur RAS avant de participer à un premier groupe, sleeping jazz, avec des passionnés de jazz. Et puis en 2013, dans le cadre du festival Jazz en l’air, j’ai fait la première partie de Manu Katché. Aujourd’hui je chante plus souvent à l’extérieur que dans mon île, notamment grâce au festival 7 Soleils 7 Lunes ; cette année j’irai y jouer au Maroc. 

Vous chantez du jazz. Ce n’est pourtant pas un genre des plus accessible pour le grand public ?

Cette musique, mais aussi le blues, la soul et bien sûr le maloya, c’était une évidence depuis le début. Je ne suis jamais allée au conservatoire, j’ai appris le chant lyrique quelques mois avec Nathalie Cadet. C’est vrai que les copines d’école me trouvaient bizarre, différente ; elles me disaient que le jazz était « une musique de riches ». Je me suis sentie à part, je n’avais pas la même éducation musicale, mais j’en suis contente ce n’est pas donné à tout le monde.

  • Gwendoline Absalon, musique jazz,
  • Gwendoline Absalon, musique jazz,
  • Gwendoline Absalon, musique jazz,

Pourquoi ce style était-il « une évidence » pour vous ?

J’ai découvert le jazz avec les disques de mon père. La première chanson que j’ai su chanter, à 4 ans, c’était Hit the road Jack de Ray Charles. A la maison, on écoutait aussi Sarah Vaughan, Billie Holiday, Aretha Francklin, et puis plus récemment Norah Jones ou Cesaria Evora. 

Ce nouveau disque, qu’a-t-il de différend des deux premiers ?

Ce disque est celui de la renaissance. Le premier était orienté maloya et salegy, le deuxième avait une touche électro, avec celui-ci je reviens aux sources, il est emprunt de jazz, de soul, de blues… et de maloya bien sûr. Il me représente moi dans toute mon entièreté. Le 15 juin 2022, j’ai eu un déclic, un accident de la route qui m’a mise dans le comas, puis dans un fauteuil roulant. Aujourd’hui ça va mieux mais j’ai encore des séquelles. Cette période de convalescence m’a fait réfléchir à ma vie, j’ai ressenti le besoin de liberté, de créativité. J’ai de nouvelles perception, complètement différentes. Avant je survivais, maintenant je vis, je suis alignée sur ce que je suis. J’ai compris l’importance de la légèreté et de prendre des décisions pour soi, et pas pour les autres. Je veux partager tout ce que je peux et ne pas avoir de regrets.

  • Gwendoline Absalon, musique jazz, Victor Boyer à la guitare
  • Gwendoline Absalon, musique jazz Dylan Marvillier à la batterie, Victor Boyer à la guitare
  • Gwendoline Absalon, musique jazz, Teddy Doris au trombone

C’est ce qui vous a poussé à autoproduire ce disque ? Mais n’est-ce pas un autre travail, une autre compétence ? 

J’ai appris en regardant. Et, ici à La Réunion, c’est tout petit, on connait tout le monde, il suffit de demander en cas de besoin. 

Vous annoncez des invités pour vendredi ?

Oui, il y aura avec nous Tikok Vellaye, Tiboké aux percussions, Flora Obé et Didier Dijoux le batteur de Bastèr. Et puis toute l’équipe qui a enregistré avec moi, c’est-à-dire Victor Boyer à la guitare, Teddy Doris au trombone, Jérémie Narcisse à la basse, Hadjee Botonié au clavier et Dylan Marvillier à la batterie. Cet enregistrement, sur le conseil de Christopher McDonald chez qui on a enregistré, est mixé et masterisé en son Dolby Athmos. Ce sera écoutable sur Apple Music avec un casque de qualité ça marche, pas besoin d’un cinéma. J’ai adoré cet enregistrement, c’est la première fois que je m’amuse autant.

Propos recueillis par Philippe Nanpon

A propos de l'auteur

Philippe Nanpon | Journaliste

Déménageur, béqueur d'clé dans le bâtiment, chauffeur de presse, pompiste, clown publicitaire à roller, après avoir suivi des études d’agriculture, puis journaliste depuis un tiers de siècle, Philippe Nanpon est également épris de culture, d’écologie et de bonne humeur. Il a rejoint l’équipe de Parallèle Sud pour partager à la fois son regard sur La Réunion et son engagement pour une société plus juste et équitable.

Ajouter un commentaire

⚠︎ Cet espace d'échange mis à disposition de nos lectrices et lecteurs ne reflète pas l'avis du média mais ceux des commentateurs. Les commentaires doivent être respectueux des individus et de la loi. Tout commentaire ne respectant pas ceux-ci ne sera pas publié. Consultez nos conditions générales d'utilisation. Vous souhaitez signaler un commentaire abusif, cliquez ici.

Articles suggérés