SAINT-PAUL
Le handicap, dans le monde de l’art, n’est pas toujours un handicap. La différence, parfois, apporte plus qu’elle n’enlève. Fort de ce constat, Eric Languet et la Cie Danse en l’R proposent un festival, celui des Arts de la Marge, avec beaucoup de danse, de la musique et même du cinéma.
La marge, c’est cet espace où l’on n’écrit rien, séparé du reste de la feuille de papier par un fin trait rouge. Eric Languet, responsable artistique de la compagnie Danse en l’R, avec ce festival des Arts de la Marge, propose d’effacer le filet, de profiter de l’entièreté de la page et d’enfin écrire sur toute sa surface.
Oui, la différence est un plus. Et il serait dommage de s’en priver. L’expression artistique doit nous faire voir le monde plus grand, et ces artistes un peu particulier y parviennent parfois mieux que ceux que l’on dit « valides ». Pour s’en convaincre, il aura suffit d’assister au concert du Wild Classical Music Ensemble, vendredi dernier à l’extérieur des Francofolies. Ils feront la première partie d’un spectacle de danse et de musique, une création de la Cie Danse en l’R, La Fabrique de l’Oiseau. La force de ces musiciens, c’est de ne pas connaître la notion de faux-semblants. Au delà de la brutalité de la musique, ils lancent un message authentique qui touche directement nos neurones les plus sensibles. Ce n’est pas pour rien qu’ils ont été classés meilleur groupe des Francofolies par nos facétieux confrère de Bongou, et dans le trio de tête par le directeur de production du festival.
« Personne ne peut le faire comme ça, avec la liberté d’être sans filtre », indique le chorégraphe Eric Languet à propos des interprêtes (onze artistes sur scène) de La Fabrique de l’Oiseau. « C’est une création sur le fil, qui peut bouger à tout moment ; cet équilibre instable, c’est ce que je recherche dans la danse depuis plus de quarante ans », poursuit-il. La pièce raconte une cour des miracles où chacun tente de trouver sa place, des rapports de pouvoir, où il faut négocier pour que tous ensemble on y arrive. Et en bonus, un orchestre de percussions assure la musique, car trop souvent, aujourd’hui, les vrais musiciens sont remplacés par une bande son.
Les Arts de la Marge donnent rendez-vous ce vendredi 13 sur la scène du Théâtre de Plein Air, à Saint-Gilles, pour une découverte inoubliable.
Et puis encore, du 16 au 21 septembre, spectacles, conférences, cours et formations, projections, guinguette en musique, avec des artistes réunionnais mais aussi belges, kenyans, de France et de Grande-Bretagne seront à découvrir, bien souvent gratuitement dans l’espace public, un peu partout à Saint-Paul et au Guillaume. Tout le programme est à retrouver ici.
Philippe Nanpon