Huguette Bello note sévèrement la rentrée médiatique d’Élisabeth Borne

Comme le veut la coutume aujourd’hui, la ministre de l’Éducation Élisabeth Borne, comme nombre de ses prédécesseurs avant elle, est arrivée sur notre territoire pour la rentrée scolaire. Visite d’établissements scolaires, rencontre avec des politiques, plateaux télés : le programme de sa visite est intense mais rapide, trop rapide, car elle ne reste qu’un jour. Huguette Bello nous a confirmé que le passage d’Élisabeth Borne n’était pas assez long pour traiter les difficultés du territoire dans son ensemble.

Dans une interview après le passage d’Élisabeth Borne, Huguette Bello présidente de Région a confié au micro de Parallèle sud qu’en effet, une journée c’est trop peu « C’est sans doute insuffisant pour nous tous, pour les 217 000 enfants qui rentrent à l’école, les difficultés que nous rencontrons. Elle nous dit que c’est surtout dans le premier degré qu’il y a des problèmes de remplacements, mais chez nous, c’est aussi dans le second degré, lorsqu’il manque un professeur de philosophie ou autres. Nous voudrions que dans les lycées professionnels, on apprenne l’histoire, la géographie, l’art etc. Aujourd’hui, nous faisons à la place de l’État beaucoup de choses ! » Plus tard dans l’échange, elle indique lui avoir exprimé ce mécontentement, ainsi que les autres difficultés auxquelles La Réunion est confrontée dans le domaine scolaire et éducatif.

Elisabeth Borne a annoncé 28 pôles d’appui à la scolarité : Elle l’a dit, expliqué et répété. « C’est un dispositif qui prévoit un enseignant spécialisé et du personnel médico-social pour intervenir plus tôt pour repérer les difficultés puis aider les enseignants, pour accompagner les élèves en situation de handicap avec le bon dispositif ». Sur le plateau d’Antenne Réunion, l’ancienne Première ministre n’a pas donné de date ni de délais pour voir ce dispositif naître, et soulager le système scolaire de La Réunion après la baisse des contrats PEC et les difficultés à trouver des AESH.

Concernant la mutation des professeurs, « Tous les nouveaux lauréats du Capes pourront faire leur stage ici à la Réunion, et évidemment, on sait qu’il y a beaucoup de professeurs de La Réunion qui sont dans l’hexagone qui aimeraient rentrer ». Elle ajoute qu’elle constate « une très forte attente de la part de tous les élus et des Réunionnais pour faciliter le retour à La Réunion de ceux qui ont été lauréats de ce concours national. Les stagiaires pourront rester à La Réunion mais ça ne veut pas dire qu’on peut leur garantir une affectation définitive à La Réunion ». En clair, les jeunes professeurs d’école pourront exercer une seule année — ou deux si prolongation — en tant que stagiaire sur leur île.

Après cela, ils n’auront pas d’autre choix que d’être mutés dans l’hexagone une fois titularisés. Elle finit en disant « Je crois que tous ceux qui passent le concours souhaitent passer un concours national donc ça restera le cas » pour affirmer que les mutations post-concours ne changeront pas de si tôt, au grand désespoir de ceux qui souhaitent enseigner sur leur île. Huguette Bello n’a pas manqué de rappeler « ce point de divergence » entre elle et la ministre de l’Éducation en déclarant « On envoie nos enfants à Paris, Créteil, Versailles alors qu’ils veulent travailler ici… Mais parle pas nou de concours national, foutez-moi la paix avec le concours national ! On a besoin ici à La Réunion que ceux qui connaissent cette terre, qui parlent créole, qui connaissent notre histoire, que zot i reste ici pour travailler. »

Etienne Satre