[LIBRE EXPRESSION]
Réunionnaises, Réunionnais,
Vous allez être appelés aux urnes les 10 et 24 avril prochains pour les élections présidentielles et les 12 et 19 juin pour les élections législatives. Cela fait 5 ans que nous attendons cette occasion de sanctionner la politique du gouvernement et de mettre Macron face à ses responsabilités et son bilan : répression des gilets jaunes, explosion des inégalités, complaisance avec les régimes autoritaires, gestion chaotique de la crise sanitaire…
Malheureusement le contexte international et son exploitation cynique en politique intérieure qu’en font le gouvernement et les médias dominants sont en train de nous voler la campagne. Pas de débat de la part du candidat sortant, pas de meeting, une simple lettre envoyée à chaque français. Un président-candidat jupitérien qui regarde du haut de son Olympe la plèbe des « petits » candidats. Finalement une forme de campagne « à la russe » traitée comme s’il y avait le président sortant et les autres et comme si l’élection n’était qu’une formalité et que l’on connaissait déjà le vainqueur avant même l’issue du scrutin.
Il ne tient qu’à nous de faire mentir ce scénario soi-disant écrit d’avance. Nous pouvons encore renverser la table en nous mobilisant et en allant voter pour le seul programme capable de répondre aux grands enjeux d’aujourd’hui et de demain pour la France et les Outre-mer: l’Avenir en Commun porté par Jean-Luc Mélenchon.
À notre échelle, il nous faut convaincre, autour de nous d’abord, que l’élection n’est pas jouée d’avance, ensuite que l’on peut faire sauter le verrou de la Macronie et de la 5ème République, enfin qu’il n’y a qu’un seul candidat qui porte un vrai programme pour La Réunion: autonomie énergétique et alimentaire, plan d’urgence sociale, lutte contre les grandes féodalités économiques, protection de la biodiversité et planification écologique, lutte contre la vie chère, valorisation du patrimoine et de la culture créole…
Notre programme peut se résumer en une formule: ÉGALITÉ CONCRÈTE ET AUTONOMIE RÉELLE. L’égalité concrète partout et tout le temps. Logement, emploi, éducation, santé…
Dans tous les domaines, nous subissons des ruptures d’égalité flagrantes qui en deviennent insupportables et qui bloquent notre développement. Dans le même temps, il s’agit de créer les conditions de notre autonomie réelle sur le plan énergétique et alimentaire (enjeu vital pour nous en ces temps de crises écologique, sanitaire et militaire) et de jeter les bases d’une véritable politique réunionnaise qui parte de nos besoins et de notre réalité géographique, historique, culturelle, socio-linguistique, économique et politique.
Afin d’illustrer le combat nécessaire pour enfin arriver à l’égalité concrète, prenons l’exemple de la politique de la ville. Il s’agit d’une politique tournée vers les quartiers populaires dits urbains, définis par l’état et ensuite déclinée par les communes. La marge de manœuvre de ces dernières est réelle mais à l’intérieur d’un cadre imposé par l’état qui décide des quartiers prioritaires de la politique de la ville. C’est ici qu’intervient la rupture d’égalité. Les critères sont les suivants: densité et pauvreté. Pour évaluer cette dernière, l’état se base sur le revenu médian par habitant. En dessous de 11 900 euros par habitant, le quartier est un quartier prioritaire, au-dessus il ne l’est pas. Cela est valable sur l’ensemble du territoire hexagonal de Brest à Strasbourg, de Lille à Marseille en passant par Paris et Toulouse. Malgré des contextes très différents, ce sont les mêmes critères qui s’appliquent. Et il ne viendrait à l’idée de personne de discriminer un territoire plutôt qu’un autre,en fonction d’indicateurs socio-économiques différents. Cela s’appelle l’égalité républicaine.
De cette égalité républicaine,les départements d’Outremer sont exclus. De cette égalité républicaine,La Réunion est exclue. De cette égalité républicaine,nos quartiers populaires sont exclus.
Chez nous, le taux retenu est de 7 900 euros de revenu médian par habitant. Qu’est-ce qui peut justifier une telle discrimination ? L’état français accepte-t-il de fait notre situation socio-économique renonçant ainsi à tout espoir de l’améliorer ? Existe-il une République à deux vitesses ? Sommes-nous des français à part entière ou entièrement à part ?
Derrière la revendication de l’égalité de principe,que tout le monde comprend, se cache un combat pour l’égalité concrète car la politique de la ville recouvre d’abord des dispositifs de réussite éducative qui ont fait leur preuve (Programme de Réussite Éducative, cités éducatives, ateliers relais…), de rénovation urbaine (ANRU, NPNRU), de cohésion sociale (éducateurs de rue, médiateurs, animateurs), d’insertion économique (ACI, emplois francs…) ou encore d’accès à la culture et au sport. La politique de la ville peut être également un levier et un terrain d’expérimentation pour des projets innovants tels que par exemple la mutuelle communale solidaire ou la méthode d’alphabétisation Yo Si Puedo que nous mettons en place à Saint-Paul.
Se battre pour l’égalité concrète c’est donc dans ce cas se battre pour que des centaines de milliers de réunionnaises et réunionnais puissent bénéficier de ces dispositifs qui ont fait leur preuve. C’est se battre pour que l’état assume ses responsabilités et finance les dizaines voire centaines de millions nécessaires à la mise en place de cette politique de la ville sur notre territoire. Non pas parce que nous voudrions être plus que les autres mais parce que nous ne voulons plus être moins.
C’est cette philosophie qui sous-tend toute notre action et notre programme. C’est pour cela que nous nous battons depuis plus de dix ans aux côtés de Jean-Luc Mélenchon. Il faut se mobiliser et ne pas se tromper d’élection. Ce n’est ni une formalité pour Macron, ni des élections post-régionales ou pré-municipales. Il s’agit de renverser la table et d’envoyer à Paris des femmes et des hommes capables de défendre l’intérêt supérieur de La Réunion partout et tout le temps. Pour cela un seul bulletin de vote, celui de Jean-Luc Mélenchon, de l’Union Populaire et de ses candidats !
Perceval Gaillard, Travailleur social et militant de l’éducation populaire, Coordinateur du Livret Outre-mer de l’Union Populaire, Adjoint à la mairie de Saint-Paul délégué à la politique de la ville et à la lutte contre l’illettrisme, Co-chef de file de l’Union Populaire dans la 7ème circonscription
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