LE PROJET DE L’ÉCOLE D’ARCHITECTURE DE LA RÉUNION
Vingt-et-un sports, vingt-et-un pavillons, vingt-et-une écoles d’architecture. Pour les jeux Olympiques, les écoles d’architecture de toute la France sont chargées de concevoir et construire chacune un pavillon dédié à un sport dans le village de la porte de la Vilette à Paris. Pour La Réunion, ce sera le surf.
« Scier du bambou à la main, c’est physique ! », souffle l’étudiante en reprenant sa respiration. Dans la chaleur de la Halle des manifestations du Port, une vingtaine d’élèves de l’école d’architecture sont au travail. Chacun à sa place, chacun sait ce qu’il doit faire. Scier, boulonner, assembler, pour leur professeur Antoine Perrau, un architecte doit aussi savoir manier les outils. Tout ce beau monde prépare le pavillon du surf prévu au village des jeux Olympiques dans le parc de la Vilette à Paris
Archi-Folies est un évènement pendant les jeux Olympiques qui regroupera les 20 écoles d’architecture de France, 21 depuis que celle du Port a pris son indépendance de Montpellier. Chacune d’entre elles réalise une structure pour les sports représentés, La Réunion devra concevoir et construire le pavillon dédié au surf. Une opportunité en or de « mettre en pratique une nouvelle culture constructive en phase avec la transition écologique » indique Antoine Perrau, architecte et professeur en charge du projet. En effet, le pavillon dédié au surf, qui sera installé à côté des 20 autres dans le parc de la Villette à Paris, est conçu avec un matériau durable, le bambou pour le projet Archi-Folies 2024.
Les préparations ont débutées en septembre dernier. L’établissement entier était concerné par la mise en oeuvre du projet avec l’aide de quelques partenaires pour les matériaux accessoires. Le bambou, puisque la structure est faite de ce matériau, est 100% local et a été récolté dans les champs et ravines par les élèves architectes. Un concours au sein de l’école a désigné le projet final, que construisent aujourd’hui 40 étudiants de Licence 3 et Master 1. La ville du Port met à disposition La Halle des Manifestations. « Ça nous rends bien service car on peut travailler à l’abri du soleil et de la pluie« , se félicite Antoine Perrau, l’un des deux responsables du projet. La grande salle n’empêche pas à la chaleur de s’inviter mais celle-ci ne décourage pas pour autant les étudiants déterminés à mouiller le maillot. Quinze d’entre eux feront le déplacement pour remonter le tout à Paris.
Les élèves construisent la structure avec presque que du bambou, un peu de bois et de boulons. Ils numérotent, découpent et assemblent toutes les pièces de ce puzzle bien calculé. Les deux seuls outils utilisés sont des scies. Une japonaise et l’autre circulaire. L’école bénéficie quand-même de l’aide de BAMBOONEEM.RE qui est rémunéré pour leur apporter un savoir-faire. Cela devrait former un abri en forme de U, avec au centre une belle structure sous laquelle on peut s’assoir. Des ingénieurs doivent tout de même passer pour s’assurer du respect des normes concernant le matériel utilisé et de la stabilité de la structure, qui verra passer des milliers de visiteurs au cours de l’évènement.
Même si la compétition se déroulera à Tahiti, des installations sont mises en place dans la capitale, près de la Grande Halle de la Villette pour projeter les rediffusions des compétitions. D’ici la fin de la semaine prochaine, tout sera démonté et rangé dans un conteneur, un 40 pieds, pour être envoyé à Paris. Ce projet d’envergure pour l’école d’architecture de La Réunion est une bonne opportunité de faire travailler les étudiants dans le concret, encore plus dans le cadre d’un évènement mondialement connu comme les jeux Olympiques. C’est aussi l’occasion de, pour la première fois, faire certifier une construction en bambou qui accueillera du public.
Etienne Satre