Tortue (photo Kelonia)

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Kelonia appelle au civisme des usagers de la mer : une nouvelle tortue blessée lors d’une collision

Encore une tortue blessée par un bateau à La Réunion. Vendredi dernier, une jeune tortue marine a été revue au Pain de Sucre, à Saint-Gilles. Photo-identifiée en mai, elle ne portait alors aucune marque. Mais cette fois, elle présentait trois ou quatre larges entailles d’hélice sur la carapace.

La vidéo tournée à cette occasion est inquiétante : l’animal ne bouge plus ses nageoires postérieures. « Cela peut être le signe d’une lésion de la colonne vertébrale, qui entraîne une paralysie », explique Kélonia.

« Depuis 2018, les collisions se répètent »

Pour Stéphane Ciccione, directeur de Kélonia, le phénomène est loin d’être isolé.
« Malheureusement, c’est assez fréquent. Depuis 2018, on a régulièrement des collisions. Le record, c’était 14 cas en 2024. Cette année, on en est déjà à sept. »

Les blessures observées sont typiques : « Ce sont des entailles rectilignes et parallèles. C’est bien une hélice de bateau. »

L’arrivée de nouveaux engins rapides à La Réunion a changé la donne. « Speedboats, zodiacs avec de gros moteurs, bateaux à foils… Depuis qu’ils circulent, on voit plus de collisions. »

Vitesse excessive

Selon lui, la vitesse est la cause principale. « Une tortue peut réagir si le bateau arrive à 10 nœuds maximum. Mais au-delà, à 25 ou 30 nœuds, elles n’ont pas le temps. »

La réglementation existe pourtant : 5 nœuds dans la bande des 300 mètres depuis la barrière de corail, 10 nœuds entre la côte et l’isobathe des 100 mètres, du nord de la baie de Saint-Paul au Grand Cap.

« Si ces limitations étaient respectées, les risques de collision seraient considérablement réduits », insiste Kélonia.

Une période sensible

La collision survient à un moment critique : la période de reproduction. « Quand elles s’accouplent, la femelle doit porter le poids du mâle. Elle est encore moins réactive face à un bateau », explique Stéphane Ciccione.

À La Réunion, seules deux femelles viennent pondre. L’une d’elles avait déjà été blessée par un navire en 2002. Elle a survécu, mais l’épisode illustre la fragilité de cette reproduction locale.

« On en appelle au civisme »

Pour l’instant, Kelonia ne va pas recueillir cette tortue : « Elle nage encore vite. Elle respire bien, donc les poumons n’ont pas été touchés. Mais on saura dans les prochaines semaines si la colonne vertébrale a été atteinte. »

Aucune poursuite n’a jamais été engagée contre des bateaux en cause. « C’est très difficile de constater un flagrant délit », admet Stéphane Ciccione.

« On en appelle donc au civisme et au bon sens. L’océan n’est pas vide, il abrite une vie précieuse. À nous d’adapter nos comportements pour la préserver. »

Média Parallèle Sud

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