LIBRE EXPRESSION
Vendredi 24 juin 2022, le journaliste Alex Jordanov, auteur d’un livre-enquête sur la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), a été mis en garde à vue pendant 48 heures, puis placé sous contrôle judiciaire et mis en examen pour divulgation de secret défense et recel de violation du secret professionnel.
Lundi 27 juin, son domicile a été perquisitionné, selon le magazine Le Point.
La justice lui reproche d’avoir donné, dans son livre « Les Guerres de l’ombre de la DGSI » (Nouveau Monde éditions) publié en 2019, des détails sur les techniques des renseignements, les méthodes de recrutement, la gestion et la rémunération des sources humaines, au sein du service secret français.
Selon nos confrères de l’AFP, il lui est aussi reproché d’avoir publié des informations susceptibles de permettre d’identifier un agent ou une source des services de renseignement. Or, les officiers de la DGSI interviewés dans l’ouvrage y sont désignés par des prénoms modifiés, et d’après la note de l’éditeur, le livre avait « été soigneusement relu par des spécialistes du renseignement afin de ne pas porter atteinte au travail en cours des services » et « le contenu de ce livre n’avait pas alors été démenti, ni attaqué ».
Le Syndicat national des journalistes (SNJ), première organisation de la profession, condamne avec force cette mise en examen qui porte atteinte à la liberté de la presse et à la liberté d’informer dans notre pays. Il s’agit d’une attaque extrêmement grave contre les journalistes d’investigation en France. Après les convocations des journalistes de Disclose, de Radio France et de TMC pour avoir informé sur les armes françaises au Yémen, et après la convocation d’Ariane Chemin du journal Le Monde pour un article sur les affaires Benalla, c’est donc une enième violation de la loi de 2010 sur la protection du secret des sources…
Le SNJ apporte son soutien total à Alex Jordanov, rappelle l’obligation pour l’exécutif de respecter la protection des sources journalistiques et la liberté des journalistes d’enquêter, y compris sur les services de renseignements, et exige l’arrêt de ces méthodes d’intimidation contre nos confrères et nos consœurs.
SNJ (Syndicat national des journalistes)
Chaque contribution publiée sur le média nous semble répondre aux critères élémentaires de respect des personnes et des communautés. Elle reflète l’opinion de son ou ses signataires, pas forcément celle du comité de lecture de Parallèle Sud.