La lutte contre les VIF n’attend pas le nombre des années

Mieux vaut prévenir que guérir. Le Cévif accompagne plus de 770 victimes de violences intra familiales dans ses locaux à Saint-Denis et 350 personnes dans la Permanence d’Accueil, d’Écoute et d’Orientation Les Terrass de Saint-Joseph, portée par un collectif d’associations engagées (Cévif, Handicap Solid’Air, le Planning Familial974 et Gard Lespoir). Il s’inscrit aussi dans la prévention auprès des jeunes.

Prévention, sensibilisation et accompagnement des victimes des violences au sein des foyers réunionnais, voici le leitmotiv du Cévif. En effet, le collectif pour l’élimination des violences intra familiales se bat depuis 17 ans maintenant contre ce fléau. Et il ne manque pas de motivation pour sensibiliser la population.

En 2024, l’association a rendu visite à près de 3180 élèves dans l’île. Elle a d’ailleurs monté des projets innovants en matière de prévention des Vif (Violences intra-familiales). À commencer par une vidéo Tik Tok qui a réalisé 150 200 vues depuis sa mise en ligne mi-janvier. 

Utiliser des courts métrages scénarisés par des jeunes pour faire connaître les différentes violences et leur impact était un pari audacieux. Mais le Cévif avait à coeur de parler aux nouvelles générations réunionnaises avec ses propres codes.

Ainsi la vidéo sur le chantage affectif en amour a été un succès et continue probablement à se partager sur le net. Produite avec les élèves de la prépa foquale (Formation Qualification Emploi) du lycée de Roches-Maigres à Saint-Louis, elle s’est co-écrite avec David Lautrette, réalisateur de la Plume et le parchemin. Et ce sous la houlette de Marie-Danielle Merca, la directrice de cette maison d’édition, qui a eu, selon Frédéric Rousset, le président du Cévif, l’art de guider les élèves en se laissant guider par eux.

« Ça a été une belle aventure, ajoute-t-il, qui a permis aux jeunes de travailler sur l’estime de soi et on a pu le mesurer lors de la restitution de ce projet ». Frédéric Rousset est convaincu que cela a eu plus d’impact qu’un powerpoint sur les violences car les jeunes se sentaient plus impliqués dans l’histoire qu’ils avaient créée.

Immersion pour mieux comprendre

Autre idée de sensibilisation que la structure a mise en place cette année : la Maison des Mots cachés s’inspire des escape games en offrant une expérience unique à ses participants.

Ramenée du Canada par Xavier Tsang-Chun-Szé, un éducateur libéral, ce concept n’est pas la copie conforme de l’original. En effet, un outil pédagogique ne peut réellement fonctionner que s’il est adapté au territoire dans lequel il s’implante. 

Delphine Libes qui était en charge de ce chantier décrit ce parcours de 100 m2 dédiés aux jeunes mais aussi à des professionnels comme interactif et sensoriel. Inauguré le 24 mars dernier, cet outil pédagogique décline les différentes violences qu’on peut subir au sein de sa famille dans 5 pièces de la maison. La chambre renvoie bien sûr à l’inceste, le salon évoque lui les pressions administratives et économiques à travers la violence des mots, la cuisine les violences psychologiques et physiques. La salle d’échanges quant à elle permet de donner la parole aux jeunes sur ce qu’ils vivent, il s’agit de libérer la parole et déconstruire ensemble les mécanismes des violences intra familiales.

Enfin le Jardin des mots florissants ouvre la porte à la résilience. Pour faire vivre cette expérience à leurs élèves, les professeurs peuvent contacter les animateurs du Cévif au 0262 41 80 80.  « C’est un outil puissant, innovant et nécessaire, assure Delphine Libes. Il vise à libérer la parole et à construire une société plus protectrice et bienveillante.» Il se trouve au 112 de la rue Roland-Garros d’un local qui leur a été proposé par la mairie de Saint-Denis. Comme il se trouve près d’une école maternelle, Frédéric Rousset se dit qu’il serait pas mal de trouver les mots et scenarii appropriés pour faire visiter aussi le lieu aux plus petits.

Evelyne d’Evyrock

Contribution bénévole