Lakadémi Komidi : un projet pas comme les autres !

Ils en parlent …

Florient Jousse (co-auteur) :  » Ça fait maintenant un an que nous avons démarré la dernière phase de Lakadémi Komidi avec la création d’Un Songe, libre adaptation du Songe d’une nuit d’été de William Shakespeare. Après le travail de réécriture mené à quatre mains par Vincent Roca, Florient Jousse, Éric Bouvron et Elena Michielin, pour rapprocher la pièce originelle de La Réunion, nous sommes déjà arrivés à la dernière phase de répétitions avant la première pour le Komidi. C’est très excitant. Comme toujours avant une première, la concentration monte d’un cran. On est dans les derniers réglages et on partage ça avec un public scolaire, sans concession, dans des collèges et lycées. On joue pour eux et ça nous fait faire des bonds de géants. Voir tous ces interprètes se révéler au cours de ces trois années de formation est sans doute la plus belle récompense pour nous, l’équipe pédagogique. Il y en a eu du chemin entre les auditions et leur incarnation d’aujourd’hui, entre mouvement collectif et précision dans les situations comiques et dramatiques. Et la route ne fait que commencer. Ils ont suivi une formation en Italie, bientôt en Espagne. Si le projet se lance symboliquement à La Réunion, il va jouer au Mois Molière à Versailles puis à Avignon, dans le prestigieux Théâtre des Gémeaux. C’est une belle équipe qui s’est révélée ensemble et la pièce est forcément chargée de cette énergie. L’histoire commune qui s’est écrite dans ce projet pilote de Lakadémi Komidi reste une aventure hors du commun, que l’on soit du côté des bénéficiaires ou des pédagogues, avec cette constatation évidente : « On ne cesse jamais d’apprendre« .

Vincent Roca (co-auteur) : « Moi, sur les deux premières années, j’ai été un peu spectateur. Je suis rentrée dans Lakadémi pour l’écriture, mais je serai plus impliqué dans la prochaine. Je suis allé voir quasiment toutes les restitutions après les ateliers. Je les ai vu évoluer. Le groupe final, moi, il m’impressionne. Vraiment, ils se sont complètement investis là-dedans, ils ont des qualités assez exceptionnelles. Ils ont joué le jeu à chaque formation, alors que c’était assez dur. Les formateurs, c’est pas des rigolos, ils les ont fait bosser ! On a assisté à des petits miracles. Des jeunes qui semblaient un peu coincés au départ, on les a vus s’ouvrir et devenir talentueux. Ils avaient ça sans doute un peu en eux. On a vu des choses assez formidables. Par exemple, un ami, Manu Kroupit (humoriste) a proposé une formation « théâtre visuel » avec une restitution de 9mn sur une bande son avec plein de sons et bruits bizarres . Les acteurs devaient produire une chorégraphie synchronisée avec la bande son. C’est un travail assez incroyable, et la restitution était parfaite. Ils avaient fait un boulot énorme, avaient beaucoup répété. C’est important parce qu’il faut énormément travailler pour être acteur. C’est de la répétition et de l’acharnement ! Les gens voient une pièce, mais derrière, il y a de la sueur et des larmes ! »

Guillaume (acteur) : « Mon expérience à Lakadémi Komidi a été marquante et formatrice. Dès la première année, j’ai découvert une multitude de stages variés, qui m’ont permis d’explorer différentes facettes du théâtre. Ces rencontres avec des professionnels ont été aussi enrichissantes qu’inspirantes. En deuxième année, j’ai eu l’opportunité d’intervenir dans des écoles, une expérience stimulante qui m’a appris à transmettre et à adapter mon jeu à un jeune public. Enfin, la troisième année a été consacrée à la création de notre pièce Un Songe, sous la direction du metteur en scène Éric Bouvron. Ce projet collectif est une immersion intense dans l’univers du spectacle, une aventure humaine et artistique inoubliable. »

Mathilde (actrice) : « Lakadémi est un projet enrichissant tant sur la qualité de la formation, que sur la qualité du projet. J’ai rejoint l’équipe en cours de route et je ne regrette pas. Participer à cette création m’a fait avancer et découvrir beaucoup de choses dans mon métier de comédienne. Je ressens beaucoup de gratitude car les efforts déployés pour que le projet se fasse sont énormes et nous ne voyons jamais ce genre de chose dans le milieu de la création théâtrale en général. Le fait de faire également de la médiation auprès des élèves réunionnais est très précieux car nous touchons du doigt l’enseignement de la pratique théâtrale qui invite à beaucoup d’humilité et de dévouement. Je suis très fière et heureuse d’enseigner le théâtre en milieu scolaire. Le spectacle « Un Songe » est une pièce jubilatoire de l’intérieur, une machine mouvante constamment où rire et émotion se mêlent pour nous offrir un moment de théâtre jouissif en tant qu’acteur, et je l’espère pour le spectateur prochainement ! En tout cas, je suis ravie et j’ai hâte que les représentations commencent enfin ! »

Oudjoune (actrice) : « C’est grâce à ma cousine, qui avait vu une annonce sur Facebook concernant le casting pour intégrer Lakadémi Komidi, que j’ai découvert cette possibilité. Elle m’en a parlé et m’a encouragée à tenter ma chance. J’ai alors eu l’opportunité d’intégrer cette troupe et de suivre une formidable formation sur trois ans. La première année a été une expérience extrêmement enrichissante. J’ai acquis de nombreuses compétences théâtrales dans des domaines variés que je ne maîtrisais pas forcément où auxquels je n’avais encore jamais eu accès. Grâce à l’intervention de différents professionnels, chacun apportant son expertise, j’ai pu élargir mes connaissances et développer une plus grande polyvalence artistique. Cette formation m’a vraiment permis de constituer un bagage plus solide et diversifié, une véritable richesse dans mon parcours. Mais cela nous a aussi permis d’identifier les disciplines dans lesquelles nous étions plus à l’aise et celles qui nécessitent un travail approfondi. Les stages successifs ont également renforcé la cohésion de la troupe, en partageant ces expériences, nous avons tissé des liens forts et appris les uns des autres. J’ai ainsi pu évoluer à travers la diversité des apprentissages et les outils mis à notre disposition, tout en pouvant m’appuyer sur l’expérience des autres afin de m’améliorer à mon tour. Une autre dimension essentielle de cette formation a été l’expérience de la transmission. Animer des ateliers dans des collèges et lycées m’a permis de prendre conscience de mes propres lacunes et axes d’amélioration. N’ayant jamais enseigné auparavant, cet exercice m’a semblé difficile au début. Mais au fil du temps, j’ai appris à mieux structurer ma pédagogie, notamment en m’appuyant sur mon binôme, qui pouvait avoir de l’expérience dans ce domaine. J’ai également cherché à rendre les notions plus accessibles en simplifiant mes explications et en privilégiant une approche concrète et logique. Prendre conscience que le comédien ne se limite pas à la scène, mais que le processus de transmission est essentiel à sa construction personnelle, m’a fasciné. Cela m’a permis de voir le métier sous un angle nouveau. Enfin, jouer et évoluer avec cette troupe est un immense plaisir. Chaque représentation, notamment devant un public scolaire, est bénéfique pour l’apprentissage. Les retours du public sont essentiels pour ajuster notre spectacle et mieux comprendre les éventuelles incompréhensions. Échanger avec les autres est un véritable plaisir, car cela permet de découvrir de nouvelles perspectives et d’enrichir le processus de création. Plus nous avançons, plus nous nous améliorons, en nous soutenant et en nous écoutant mutuellement. Ce projet a été pour moi une chance inouïe, d’autant plus précieuse à La Réunion, où les formations artistiques de cette qualité restent rares. J’en suis profondément reconnaissante, car j’en ai appris beaucoup me permettant de renforcer ma palette artistique et bien sûr continuer à en apprendre sans cesse. » 

Propos recueillis par D.B.