En 2013, l’association Prodij accompagne une quinzaine de jeunes à la réalisation d’un court-métrage, en collaboration avec l’association CinéKour. Le film « Au-delà du Cadre » est lauréat d’une bourse de la Drajes, et voit alors le jour. Ce type d’accompagnement, c’est la spécialité de l’association Prodij qui travaille à valoriser les initiatives portées par les jeunes à la Réunion. Anaïs Lafore, salariée de l’association, nous présente la structure.
Anaïs Lafore est chargée de la création et de l’animation d’ateliers de prise en main d’outils pédagogiques à destination des accompagnant·e·s jeunesse. Parmi les structures et personnes que Prodij soutient, on retrouve des associations d’insertion pour les jeunes, des missions locales, ainsi que des éducateur·rice·s spécialisé·e·s embauché·e·s par les mairies ou les collèges.
Soutenir l’innovation de la jeunesse
« Chaque année, la Drajes propose des bourses aux jeunes Réunionnais·es pour monter des projets, en lien avec deux thèmes définis. Cette année, les thèmes sont les violences faites aux jeunes et la biodiversité. » explique Anaïs Lafore. Parmi les actions de Prodij, il y a celle de donner un coup de pouce à certaines structures qui tenteront leur chance pour décrocher la bourse, leur permettant ensuite de lancer véritablement leur projet. Parmi elles, il y a l’École de la deuxième chance et l’Adepape 974, qui se sont lancé·e·s dans des projets de lutte contre les violences faites aux jeunes.
Sur le thème de la biodiversité, la Maison de la Jeunesse du Tampon a proposé l’idée d’un mur végétal alimentaire à hauteur humaine, permettant aux personnes âgées de continuer à jardiner sans se baisser. L’association Bien Vivre à Fayard souhaite quant à elle faire découvrir le lagon, sa faune et sa flore, aux habitant·e·s du quartier de Saint-André, avec un voyage de trois jours à L’Étang-Salé.
Le rôle de Prodij dans tout cela : aider à structurer les projets pour maximiser leurs chances de voir le jour. La collaboration avec la Drajes devrait également s’élargir à la création d’une bourse pour des projets en lien avec la mobilité, que Prodij accompagnerait de la même manière.
Proposer des outils concrets
Pour accompagner les jeunes de façon plus générale, Prodij s’est penchée sur la construction d’outils méthodologiques. Derrière les « gammes d’outils » et les « mallettes » se cachent surtout des objectifs concrets.
La Gamme Kisamilé tend à « mener un travail introspectif avec des jeunes en difficulté d’insertion, voire d’inclusion sociale », pour les aider à prendre confiance en eux·elles, à identifier et valoriser leurs valeurs, leurs qualités, leurs intérêts et leurs compétences. La Mallette Tipa vise à fournir une méthodologie clé en main permettant aux jeunes de monter leur projet, avec des fiches-conseils, des ateliers, etc. Enfin, la Gamme Recrutement innovant et bonheur au travail propose d’accompagner les recruteur·euse·s pour renforcer leurs processus de recrutement, fidéliser leurs employé·e·s et accroître leur implication dans l’entreprise.
Afin de créer des synergies entre les acteurs du territoire, Prodij organise et anime des rencontres de co-construction, de mise en réseau et de valorisation. Sont conviées à ces rencontres les acteurs de l’insertion, les organismes de formation, les entreprises, des habitants et des jeunes pour créer, sur la base de l’intelligence collective. C’est dans ce contexte que « Petits Déjeuners Prodij-ieux » ont par exemple permis à des professionnels de la jeunesse de se rencontrer, et par la suite de collaborer.
Des projets à succès et en train d’éclore….
Rien de tel que de voir des projets éclore pour mesurer l’impact du travail mené. Ainsi, la réalisation du court-métrage « Au-delà du Cadre », en lien avec l’association CinéKour, a permis à des jeunes Réunionnais·es de mener un projet de cinéma de bout en bout, dans le cadre de la bourse Drajes 2023. L’aboutissement de ce projet a été un succès pour Prodij, tout comme la mise en lumière de thèmes puissants tels que les violences domestiques, l’effacement des femmes dans le milieu de l’art, ou encore les relations toxiques.
Mais la structure accompagnante ne s’arrête pas là et voit plus grand. Depuis quelques années déjà, l’idée est née de construire un Observatoire des jeunesses à La Réunion. Concrètement, ce projet, co-construit avec 17 structures productrices de données sur les spécificités de la jeunesse réunionnaise (dont le Rectorat, la Gendarmerie nationale, la Région Réunion, etc.), a vu le jour avec deux premières réunions techniques en novembre 2024 et février 2025.
L’objectif est d’éclairer et d’outiller les structures pour co-construire l’action publique et faire en sorte que les projets menés soient les plus adaptés aux spécificités locales et aux besoins des jeunes à La Réunion. Grâce à un travail de recensement des données, mises à disposition dans un centre-ressources, mais aussi à des actions de recherche et de communication autour de cet observatoire, les services de l’État, les collectivités, les établissements publics et les associations seront mieux armé·e·s pour œuvrer avec les jeunes, notamment en faveur de leur insertion professionnelle.
Dans l’oeil de Prodij, il y a en fait la valorisation de l’énergie créatrice des jeunes, et une volonté puissante de tout mettre en œuvre, sur le territoire, pour la soutenir et l’alimenter.
Sarah Cortier
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