Le Kabardock a fait de la sobriété son maître mot. Mais une sobriété festive, explosive, une sobriété qui déborde de chaleur et de musique pour des soirées comme seule la salle portoise en propose.
Les temps sont durs. « Les nouvelles n’étaient pas super bonnes, elles le sont encore moins depuis peu », remarque Nathalie Soler, directrice du Kabardock au Port. De fait, le programme du premier semestre est l’illustration de comment faire du beau et du durable avec peu d’argent.
« Même pas peur » avait-elle titré son édito, illustré d’un dessin représentant les époux Kraft sur un volcan, écrit avant le vote du budget de l’Etat. Comme quoi, l’absence de peur n’évite pas non plus le danger.
Terminé les Services civiques ! Terminé le Pass culture ! Devant « l’indifférence du grand public », les animateurs de la salle de spectacle vivant soulignent que ces restrictions gouvernementales vont toucher tout le monde et ne concernent pas que le monde de la culture. Le milieu associatif, sportif notamment, le sera tout autant. « Quarante à cinquante pour cent des billets du Printemps de Bourges sont payés avec le Pass culture. Et une bonne part chez nous lors des concerts de musiques urbaines », indique Julien Vabois, chargé de l’accompagnement des publics.
La direction du Kabardock – qui fêtait l’an dernier ses 20 ans – se félicite de sa programmation éthique. La parité autant que faire se peut dans un milieu qui compte 80 % d’hommes. De même, on limite au maximum les voyages en avion, autant pour le bilan carbone que par souci d’économie (*) ; et bien sûr aussi pour mettre en l’air les talents locaux. Et ceux qui viennent de par delà la mer restent plus longtemps, jouent dans d’autres salles, animent stages, conférences et interviennent dans les écoles. « Cette sobriété était voulue avant d’être subie », indique Nathalie Soler.
Le Kabardock remarque comme ailleurs une baisse de fréquentation. « Deux festivals par mois en plus des spectacles ordinaires, il y a trop de propositions », regrette la directrice du Kabardock qui constate souvent plusieurs spectacles concurrents les mêmes jours.
Pour autant, la rentrée c’est le 22 février avec une soirée comme tous les ans qui fait la part belle aux associations portoises et, cette fois, à la « femme de combat » Zily, Mahoraise à l’affiche du Sakifo l’an dernier. « C’est une reine de la musique, avec des costumes incroyables, une diva qui s’inscrit dans la tradition de femmes impliquées politiquement à Mayotte », présente Julien Vabois.
Le 24 mai, pour clôturer la saison, Piche sera la tête d’affiche d’une soirée à l’ambiance ballroom animée de contests de drag’s, de rap dans un esprit de fête comme le Kabardock se fait la spécialité.
Toujours de la fête et de la danse le 21 mars et le What’s up Dock #11, et dans un autre genre la Nostalgie Kréol organisée par Dany Ivara de Manyan, qui invite pour l’occasion Exile One, Eddy Laveny et Claudio Veeraragoo. Ça va zouker. Entre temps, Saian Supa – pas tout à fait Crew – Celebration les 4 et 5 avril, Labelle le 26 du même mois, Gwendoline Absalon avec carte blanche pour présenter son nouvel album et enfin Carbonne et sa pop urbaine plébiscité par la jeune génération.
Philippe Nanpon
(*) Avion, hôtel et restaurant coûtent 1500 euros par personne en plus du cachet. Quand l’orchestre compte dix musiciens, la facture monte vite.