LIBRE EXPRESSION
La maison d’édition du psychosociologue Arnold Jaccoud, L’Eclipse du temps, présente dans les colonnes de Parallèle Sud son dernier roman ‘Acquit de conscience – Un procès ordinaire’.
« … Pour que les groupes sociaux survivent, c’est-à-dire maintiennent leurs structures hiérarchiques, les règles de la dominance, il faut que les motivations profondes de tous les actes humains soient ignorées. Leur connaissance, leur mise à nu, conduirait à la révolte des dominés et à la contestation des structures hiérarchiques. » Henri Laborit – Eloge de la fuite
« Ainsi, affirma le procureur, tout comme dans les temps primitifs, pour sauvegarder une unanimité, au moins de façade, à défaut d’accéder à une conciliation réelle et durable, les institutions humaines ont constamment besoin de sujets sacrificiels. On les appelait déjà à l’époque des boucs émissaires. Nous ne pouvons nous en passer. C’est une violence certes, mais une violence de substitution, mise au service de nos régulations sociales ! »
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On a là le onzième ouvrage réunionnais publié par l’auteur dont la préoccupation première, avec la part d’évasion indispensable, a toujours été de porter un regard lucide sur les institutions et leur fonctionnement. Ici en la circonstance, il s’agit de l’institution appelée à rendre la justice.
Arnold Jaccoud a commencé à écrire et publier à La Réunion en 2011. Conscient des difficultés éprouvées dans ses tentatives de collaborer à de réelles transformations sociales, il fait l’aveu réaliste d’avoir été contraint d’en prendre son parti. « Lorsqu’on a la certitude de pouvoir changer les choses par l’engagement et l’action, on agit. Quand vient le moment de la prise de conscience et qu’on s’aperçoit de la vanité de ses efforts, alors… on écrit des romans ! ».
Inciter à la réflexion
La finalité de son entreprise s’est ainsi progressivement dégagée : Elaborer une littérature essentiellement romanesque dont la fonction critique sur le développement de la société la rende attrayante et abordable, tout en incitant accessoirement à la réflexion. Il s’agit souvent consciemment de glisser un peu de pédagogie entre intrigues et délassement…
En matière de critique sociale, des champs de réflexion viennent spontanément s’imposer à une démarche romanesque. Les thématiques traitées ne font pas, a priori, l’objet d’une recherche savante. Il suffit la plupart du temps d’ouvrir les yeux sur l’environnement social immédiat et les problématiques qui émergent au travers du traitement médiatique de ce qu’on désigne à tort comme des faits-divers.
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Même s’il a l’air de s’éloigner des problématiques qu’ils traitent habituellement, ce roman marche de fait sur les traces des militants de l’association des « Révoltés du 974 – lanceurs d’alerte ». Il s’inspire notamment de leurs expériences douloureuses dues aux dysfonctionnements, mais également aux méfaits des systèmes de pouvoir, judiciaire ou politique, qui substituent volontiers les intérêts privés et les névroses personnelles aux exigences et aux valeurs de la justice et du droit.
À l’origine de ce roman, comme souvent, il y a une histoire authentique, produite « quelque part une autre fois ». Quelques-uns des protagonistes qui l’ont vécue m’ont aidé à imaginé les ressorts de cette narration.
Une jeune fille née avec un SAF
Une jeune fille adolescente, née avec un SAF et accueillie dans une famille par le biais des mécanismes de gestion des tutelles, annonce un jour avoir été l’objet d’attouchements de la part du chauffeur, qui conduit le bus collectif des jeunes handicapés du domicile de leurs familles d’accueil dans les centres éducatifs.
L’existence ne cesse ainsi de nous apprendre que les choses ne sont jamais ce qu’elles paraissent être, ni les hommes ce qu’ils nous donnent à voir…
Ce roman, c’est d’abord l’histoire d’une manipulation mensongère. Le mensonge est souvent plus plausible, plus tentant pour la raison que la réalité, car le menteur possède le grand avantage de savoir à l’avance ce que le public souhaite entendre ou s’attend à entendre. Sa version a été préparée à l’intention du public, en s’attachant tout particulièrement à la crédibilité, tandis que la réalité a cette habitude déconcertante de nous mettre en présence de l’inattendu, auquel nous n’étions nullement préparés.
Ce roman présente l’histoire de la stratégie de la « déviation » de l’attention du public (une diversion, un détournement), pour restaurer la confiance perdue de l’opinion, ainsi que la crédibilité et la réputation douteuse, de certaines institutions.
C’est aussi l’histoire du sacrifice de la jeune handicapée et de son exploitation mentale au service des stratégies institutionnelles et familiales.
Stratégie de la « déviation » de l’attention du public
C’est l’histoire de l’assignation d’un homme comme bouc émissaire, et de l’emprise exercée sur la jeune handicapée pour diriger et contrôler ses propos accusateurs, dénonçant les agressions sexuelles de la part de ce coupable désigné.
L’histoire des préjugés socioculturels en usage : hommes tous violeurs contre jeunes filles handicapées toutes victimes sexuelles…
C’est, au fond, l’histoire d’une falsification volontaire des faits, condamnant pour le principe, par acquit de conscience et « à tout prix », pour satisfaire les besoins de « socialisation de la névrose » de certains protagonistes, ainsi que les nécessités d’une régulation sociale de pacotille.
L’Eclipse du temps
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Auteur du Livre : Arnold JACCOUD
Titre : ACQUIT DE CONSCIENCE – un Procès ordinaire.
ISBN : 978-2-9578723-4-3
L’ECLIPSE DU TEMPS – éditeur
Distribution agence culturelle KOMKIFO