EXPOSITION
Johan Ethève expose depuis quelques jours à la médiathèque de Saint-Joseph ses photographies grand format de cet oiseau. Le paille-en-queue, emblématique de notre île, en est la vedette sous forme de magnifiques clichés qui ne laissent pas indifférent.
«Faire vivre l’instant», une exposition au titre évocateur
Les photographies présentées en grand format sont saisissantes. La beauté de cet oiseau, symbole de notre île, est ici rendue par des gros plans splendides, qui le montrent sous toutes ses facettes. Photographié de face, de profil, dans des positions parfois acrobatiques, cet oiseau est magnifié par la qualité et le rendu de prises de vues où certains détails, qui pourraient paraître insignifiants, accentuent encore la magie de l’image. On imagine à peine la patience (longues attentes) et le travail technique mené pour obtenir des images aussi « abouties ». « Parfois, on attend des heures sans rien voir, il faut revenir plusieurs fois au même endroit, plusieurs semaines de suite, observer et attendre en silence », confie le photographe.
Une passion
Des milliers de clichés, des centaines, voire des milliers d’heures d’attente pour prendre de nombreuses photos et en particulier des photos uniques de pailles-en-queue en vol. Techniques de camouflage, très longue attente, patience, anticipation, Johan Ethève aime ces défis qui lui permettent de capturer des images uniques. Toutes les photos sont en gros plan, prises en milieux naturels (bords de mer, ravines, falaises, fonds de vagues, de ciel, d’arbres). On y découvre la majestuosité de cet oiseau photographié sous toutes les coutures toujours en plein vol.
Le souci du détail
« Ma première véritable photo, que j’ai prise en 2022, montre un paille-en-queue dans une position symétrique sur un fond carré. J’ai voulu notamment positionner le bec face à l’objectif. Le fond noir est naturel. La lumière tape sur les roches volcaniques et apporte ce fond qui peut paraître surprenant. Le blanc sur le noir met encore davantage en valeur le paille-en-queue ».
Toutes les photos exposées montrent l’oiseau dans différentes postures. Pour chacune d’elle, les gros plans sont saisissants. Seul l’œil d’un photographe de talent peut capter des gros plans d’une « vérité » aussi belle.
Un coup de cœur
L’un de ses coups de cœur est une photo réalisée après le passage d’un cyclone sur la rivière Langevin en crue. « J’ai photographié la rivière Langevin depuis le pont avec un grand angle en vue plongeante en utilisant la technique de longue pause. Cela permet de lisser le flux de la rivière et d’amener une sorte de contradiction entre le lissage des flots et la réalité du tumulte de la rivière. La vue sur la rivière est comme devenue adoucie, rendue adorable mais devant l’objectif le danger reste bien présent.». Cette photo a reçu le prix spécial « Outre-Mer » Art&Risk de l’Association française pour la prévention des catastrophes naturelles et technologiques (AFPCNT). Le photographe est inscrit à un concours photos international 2025 organisé par « Festival de l’oiseau et de la nature » et espère être retenu.
Chaque photo est accompagnée d’une petite affichette explicative où le photographe explique aussi ses impressions, ses sensations…
A la sortie de l’exposition, l’univers de cet oiseau fascinant, emblème de notre île, nous est plus familier. Cette exposition est à visiter jusqu’au 26 janvier 2025 à la médiathèque de Saint-Joseph.
Dominique Blumberger
Johan Ethève : « J’ai voulu réaliser des photos
qui sortent de l’ordinaire »
Pourquoi le paille en queue ?
Johan Ethève : J’ai choisi le paille-en-queue par rapport à tout ce qu’il dégage : la grâce, la liberté, l’élégance, la vitesse de son vol. Cet oiseau est vraiment un très bel oiseau. […] Et puis c’est aussi un défi. Il est difficile à capturer par le photographe, et j’ai voulu réaliser des photos qui sortent de l’ordinaire.
Des endroits privilégiés pour installer votre matériel ? Comment rester discret, ne pas déranger, ne pas gêner les oiseaux ?
C’est beaucoup de repérages, il faut parfois revenir plusieurs semaines de suite et être patient. Je privilégie les bords de rivières, les remparts, mais plutôt les falaises. Le plus souvent, quand j’ai repéré un endroit, je suis au-dessus du nid, pour être au plus près du paille-du-queue. C’est pour ça que j’arrive à réaliser des photos symétriques, qui captent aussi toute la vitesse de l’oiseau. Je me fonds dans le décor, je me camoufle pour ne pas déranger.
Choix des fonds : décors naturels, fonds peints, retravaillés ?
Les photos sont exposées sous forme de toiles ou sur un support alu (alu dibond). Les fonds sont toujours naturels, aucun n’est retravaillé sur photoshop, il n’y a aucun montage. Ce qui donne cette particularité, c’est le zoom de l’objectif sur l ’oiseau. En zoomant en très gros plan sur l’oiseau avec le téléobjectif, le fond se retrouve flouté et permet de mettre davantage l’oiseau en valeur.
Vous êtes photographe professionnel, ou vous exercez un autre métier ?
Je suis plutôt artiste auteur. J’exerce le métier de technicien informatique. La photographie c’est avant tout une passion. J’ai commencé petit, vers cinq, six ans, avec des appareils photos jetables. Ma maman aimait aussi beaucoup la photo. J’aimais surtout récupérer les photos chez le photographe ! J’ai toujours gardé ce lien avec la photo, la passion est venue petit à petit. J’ai commencé par faire de la vidéo, j’ai acheté un appareil compact pour faire des photos souvenirs, des photos des enfants. […] Et puis j’ai acheté un appareil plus qualitatif pour aller plus loin. J’ai vu rapidement la différence, et là, la passion s’est vraiment installée. Je me suis formé (sur internet en particulier) et j’ai acheté ensuite un appareil encore plus performant surtout pour la mise au point. Le premier jour où j’ai testé mon nouvel appareil en 2022, j’ai fait la photo de l’affiche de l’exposition sur fond noir qui se nomme : « Mon petit paille-en-queue » ! J’ai eu de la chance, c’était comme un signe. Cette photo a été exposée au jardin d’Eden, et figure sur l’étiquette d’une bouteille de rhum savanna (620 exemplaires). Elle a donc fait le tour du monde ! J’ai eu ensuite envie de refaire cette photo de plus près, plus détaillée, plus symétrique. C’est celle de l’affiche de l’exposition. Et puis j’ai eu envie d’ en faire d’autres…
Vous avez d’autres projets d’expositions ?
Un autre projet est prévu, toujours à la médiathèque, avec des photos de paysages, de portraits, car je fais aussi des photos en studio. Je les publie dans le cadre de l’amicale de Saint-Joseph ou dans le calendrier des pompiers par exemple, et j’ai aussi envie de les exposer. Mais le paille en queue sera toujours présent, mais photographié différemment : sur des grands plans qui prendront davantage d’espace.
Interview : D.B.
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