Le Pôle régional des musiques actuelles à la croisée des chemins ? L’association qui aide à la professionnalisation des musiciens se retrouve sans direction, sans bureau et sans statuts à la suite de la dernière assemblée générale.
Depuis près de trente ans, le PRMA (Pôle régional des musiques actuelles) soutient les musiciens de La Réunion. Pensée pour permettre la professionnalisation de la filière, l’association participe à la promotion et aide à l’export des artistes locaux, propose des formations et l’accompagnement, et gère le patrimoine, via l’édition de disques mémoriels ou la présentation d’expositions. Depuis six mois, le PRMA n’a plus de directeur. Sur le point d’en désigner un nouveau, la structure se retrouve, depuis la dernière assemblée générale, également sans président, sans trésorier et, plus embêtant, sans statuts.
Le 17 avril, il était prévu de renouveler les statuts. Et de connaitre la composition du nouveau CA (conseil d’administration) pour décider comme c’était convenu qui sera le directeur. Sauf que la veille, Sandrine Ebrard, vice-présidente, et Alisson Rivière, trésorière, avaient démissionné. Le jour même, le quorum de la moitié des membres était tout juste atteint, l’assemblée générale pouvait avoir lieu avec, à l’ordre du jour, dans cet ordre, l’élection du nouveau conseil d’administration puis du nouveau bureau. Paul Mazaka, le président, avait lui aussi présenté sa démission. « J’avais prévu de faire deux ans, pas plus ; j’ai fait six mois de plus mais j’ai 79 ans, maintenant place aux jeunes », explique-t-il.

Il fallait alors convoquer une assemblée générale extraordinaire pour voter les nouveaux statuts. Malheureusement, ce n’était pas possible parce que les statuts prévoient que le quorum d’une AG extraordinaire doit être des deux tiers. On n’y était pas. Les nouveaux statuts ne pouvaient être votés.
Jusque là, rien qui ne puisse être rattrapé. Seulement, c’est le président qui a le pouvoir de convoquer l’AG. Et il n’y a plus de président ni de vice-présidente, tous deux démissionnaires. On ne peut donc pas convoquer d’assemblée générale pour élire le président et le reste du bureau, faute de président. Le blocage est à la fois surréaliste et total.
Pour autant, le personnel parvient à assurer les affaires courantes. Les aides au voyage (pour les musiciens professionnels qui justifient de cinq dates à l’extérieur), les aides aux clips et le dispositif Tournée Générale se poursuivent, mais pour combien de temps ?
« Un très bon outil »
Frédéric Maillot, l’un des deux élus de la Région membres du conseil d’administration (avec Patricia Profil), espère de son côté « une nouvelle dynamique et toucher l’ensemble des musiciens » là où le PRMA jusqu’ici aidait à la professionnalisation et les musiciens professionnels. En tout cas, il assure que le PRMA « est un très bon outil » et réfléchit à « quelle place donner à cet outil ». D’ailleurs, une récente commission permanente a voté une subvention de 636 050 euros à l’association Pôle Régional des Musiques Actuelles de La Réunion (PRMA), pour la mise en oeuvre de son programme d’activités 2025, consacré à l’accompagnement et à la professionnalisation de la filière musicale, ainsi que son rôle de centre de ressources et de valorisation du patrimoine musical de l’océan Indien.
Le député de la 6e circonscription se dit favorable à une évolution pour que les aides bénéficient au rayonnement de la culture créole et soient orientées vers ceux qui la mettent en avant. « Un groupe de hard rock qui fait des reprises de Chantal Goya, il n’y a pas de raison qu’il soit aidé », estime-t-il. De même, il aimerait que les dispositifs soient mieux connus, notamment des groupes et musiciens populaires, « ceux qui n’ont pas accès aux réseaux de l’Ouest ».
« Un groupe de hard rock qui fait des reprises de Chantal Goya,
Frédéric Maillot
il n’y a pas de raison qu’il soit aidé »
Par ailleurs, Frédéric Maillot voudrait que les règlementations soient adaptées au territoire réunionnais et à son exiguïté. « Il est beaucoup plus difficile à un artiste local de faire les heures qui ouvrent les droits à l’intermittence ; il faut trouver un système qui permette le semi-professionnalisme », pense-t-il, mais cette fois avec sa casquette de député.
Mercredi 21 mai, une réunion était organisée avec tous les financeurs et parties prenantes de l’association. Patricia Profil, seconde élue régionale membre du CA, nous a promis une communication prochaine. De son côté, la direction des affaires culturelles, également membre de droit du CA, n’a pas répondu à nos sollicitations.
Philippe Nanpon
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