QUATRE THRILLERS A SON ACTIF DEPUIS LA SORTIE DE « CABOSSE » EN 2015
Une plume directe, très particulière, des personnages souvent « border line », des situations et des intrigues rocambolesques, et surtout, un humour détonnant !
Benoît Philippon est réalisateur et scénariste, mais c’est par le thriller, ou le roman noir (où est vraiment la différence ?) que de nombreux lecteurs le connaissent.
Après la sortie en 2015 de Cabossé, son premier roman, où il évoque Raymond, pas gâté par la vie, y compris physiquement (« tronche de tomate écrasée »), sa rencontre avec la toute fluette Guillemette, et leur cavale. Des moments très drôles, d’autres particulièrement tendres et émouvants. Et la découverte d’un « style Philippon », très direct, cru diront certains, avec des réparties cinglantes et parfois provocatrices.
Le ton était donné…
En 2018, il publie Mamie Luger, sans doute le roman qui l’aura fait connaître ! Aucun filtre, l’écriture est directe, parfois violente. Le personnage de Mamie Luger, totalement caricatural, tueuse en série improbable, ne laisse pas insensible ! Berthe (102 ans !) n’est pas n’importe qui ! Elle a connu de nombreux compagnons, tous … enterrés dans sa cave ! C’est cynique, provocateur, mais l’humour grinçant et les réparties particulièrement drôles, voire hilarantes, font de ce roman un roman noir totalement décalé. Une petite perle !
En 2020 paraît Joueuse, roman centré sur le poker et bien entendu toutes ses dérives. Maxine, joueuse professionnelle, rencontre au hasard d’une partie Zack, lui aussi joueur professionnel. Elle va tomber sous son charme, et les deux vont se liguer pour faire tomber un concurrent redoutable. Tout y est : le bluff, la tricherie, la manipulation et bien entendu le monde de cet argent parfois facile, parfois sale, avec son lot de coups tordus. Les personnages sont une fois encore hors normes, un peu « barrés », mais attachants. L’écriture est toujours aussi vive et cinglante !
Le petit dernier…
Et en 2022 paraît Petiote. Là encore, le héros, est totalement déjanté, un « loser » tel qu’il se définit lui-même. Une juge vient de lui enlever la garde de sa fille, il pète les plombs et prend en otage sa fille et les résidents de l’hôtel miteux où il habite. Philippon prend le temps de dépeindre ses personnages : un couple adultère, une prostituée, un SDF, une migrante enceinte… C’est touchant, et surtout sans aucune concession pour le monde dans lequel nous vivons. Et bien entendu, et pour citer Chirac, c’est totalement « abracadabrantesque », tant les revirements de situations sont fréquents et parfois inattendus. Et si parfois la larme n’est pas loin, les nombreux traits d’humour et cette écriture « au couteau » sont un véritable régal !
Tous les romans de Benoît Philippon ont été réédités aux Editions Livre de Poche.
J’attends dans tous les cas le prochain roman avec une grande impatience !
Dominique Blumberger
