LE PRINCE A LA PETITE TASSE D’EMILIE DE TURCKEIM
Il y a des romans qui vous réconcilient avec la vie. Dans un monde où tout va de travers, entre les guerres à répétitions, un racisme galopant, une immigration qui fait de plus en plus peur, mais qui voit des gens parqués comme des bêtes, d’autres mourir en mer pour avoir fui leurs pays en guerre ou gouvernés par des dictateurs, ce roman est une bouffée d’oxygène, voire une petite leçon de vie.
Reza a fui l’Afghanistan pour les raisons qu’on imagine. Il a, comme beaucoup d’autres, risqué sa vie pour essayer d’avoir une vie meilleure.
Chaque jour ou presque, Emilie, Fabrice et leurs enfants passent devant ces tentes où survivent de nombreux réfugiés. L’idée leur vient alors d’accueillir chez eux l’un d’entre eux. En famille, ils préparent une chambre, pour accueillir dignement leur « invité » dans leur appartement parisien. Par l’intermédiaire du Samu Social, leur invité se prénomme Reza. Après avoir fui son pays, être passé par la Norvège puis la Pologne, il est arrivé en France.
Jour après jour, les uns et les autres vont apprendre à se découvrir, à partager, à s’apprécier. Reza, qui travaille, va apprendre à parler le français, et apportera sa culture, sa cuisine, ses passions, son histoire. On parle peu des difficultés du quotidien des migrants, des démarches, du parcours, du racisme, …, mais rien n’est gommé, car on sent toujours cela présent. Au fil des pages, beaucoup de générosité, de partage, d’humanité, d’étonnement, avec souvent un certain humour. La « naïveté » des enfants est un petit plaisir à lire.
Cette expérience qu’ont vécue Emilie de Turckheim et sa famille est particulièrement émouvante. On y découvre ce que beaucoup semblent avoir perdu, les plaisirs partagés, le bonheur de découvrir l’autre, une fraternité retrouvée, et tout simplement l’espoir.
A lire absolument !
Dominique Blumberger