Un thriller, mais bien plus que cela ! Un plaidoyer contre le massacre des baleines.
Connaissez-vous le grindadrap ? Appelé aussi grind, c’est le nom donné à la tradition culturelle de chasse aux cétacés en vigueur dans les îles Féroé.
Chaque année des centaines de cétacés sont massacrés, dans la quasi indifférence simplement parce qu’il s’agit d’une tradition culturelle ancestrale et… particulièrement barbare ! En fait, on tue pour tuer, le plus souvent au harpon. Les cétacés sont amenés vers une plage et purement et simplement exécutés parfois à l’arme blanche dans un bain de sang abominable. Et la communauté internationale ne s’émeut guère !
Les îles Féroé font partie du royaume du Danemark mais c’est une province indépendante, avec un gouvernement quasi autonome par rapport au Danemark, à l’exception de ce qui concerne la Défense. Et surtout, elles ne font pas partie de l’Union Européenne, donc considèrent que leurs coutumes ancestrales les regardent elles et elles seules !
Patrice Gain nous offre un roman particulièrement intense qui interroge ici sur ces traditions ancestrales dignes d’un autre âge. Comme souvent chez cet auteur, c’est parfaitement documenté, et le « rendu » est à la fois insoutenable, d’une noirceur extrême, mais aussi empreint d’une profonde émotion et d’une certaine sensibilité.
Insoutenable cette mise à mort sanglante de centaines de baleines et dauphins sous prétexte de « tradition ». Noirs ces rapports humains qui décrivent la chasse dans ce qu’elle a de plus choquant, ces violences diverses, et ces compromissions entre élus, tenants d’un certain pouvoir, et chasseurs. Emouvants ces rapports qui se nouent entre le narrateur et ces militants de l’ONG Ocean Kepper et l’artiste Niels. Emouvants aussi ces rapports avec sa fille qu’il ne reverra plus…
Sans parler de cette plume qui utilise toujours les bonnes expressions, les bons adjectifs, pour traduire au mieux une météo terrible, des paysages balayés par la neige, le froid et le vent.
L’intrigue peut paraître secondaire, et pourtant l’amour que voue ce père pour sa fille qu’il n’a plus vue depuis plus de dix ans force le respect, l’admiration.
Ce roman est d’une force rare au même titre que l’un des précédents romans : Terres Fauves qui avait pour cadre le grand nord canadien. Il nous pousse à aller chercher des informations supplémentaires sur ces massacres indignes de nos sociétés contemporaines. Un roman à la fois captivant et bouleversant ! Il vient de sortir en livre de poche. *
Dans le même ordre d’idée, je conseille un excellent titre de l’artiste Dominique Dimey : l’Enfant et la Baleine qui se termine par la phrase suivante : « les hommes en tuant les baleines, les loups, les ours blancs, tuent les rêves d’enfant ».
Nous habitons La Réunion, nous savons tous quels spectacles splendides nous offrent chaque année les baleines pour ne pas être sensibles à leur indispensable protection.
Dominique Blumberger
Liens :
https://www.notre-planete.info/actualites/3600-massacre-dauphins-Grind-iles-feroe-Danemark
https://theanimalfund.net/fr/rapports/chasse-dans-les-iles-feroe/
