À la Villa de la Région, Les Totems de l’Aube proposent une expérience singulière : redonner voix à l’île d’avant les humains. Commissaire de l’exposition, Patricia de Bollivier résume son intention avec une phrase qui en dit long : « L’idée première, c’est de convoquer les murmures de l’île avant l’arrivée des humains ».
Un renversement de perspective
Le projet s’appuie sur la poésie de Boris Gamaleya, dont l’œuvre, présente dans chaque pièce de l’exposition, explore les mémoires profondes de La Réunion. Pour la commissaire, ce choix s’est imposé naturellement : « Il parle de l’île comme d’un corps vivant ». Cette vision devient le socle d’une exposition qui bouscule notre rapport au territoire.
« Ne plus considérer l’île comme un décor mais comme un corps vivant » : la phrase revient comme un leitmotiv dans la bouche de Patricia de Bollivier. Elle dénonce un héritage lourd, celui d’un paysage perçu comme ressource ou carte postale : « Toute la construction du paysage ici, comme ancienne colonie, s’est faite selon des schémas paysagés qui viennent d’Europe ».


