[NAUFRAGE DU TRESTA STAR AU TREMBLET]
Après avoir mis en demeure plusieurs fois l’armateur du Tresta Star pour qu’il dépollue l’épave, la préfecture de La Réunion vient d’adresser une nouvelle injonction, cette fois-ci à l’assureur, pour qu’il assure le démantèlement de ce qu’il reste de la barge pétrolière échouée à Saint-Philippe.
Les travaux de dépollution de l’épave du Tresta Star sont terminés. Du moins en ce qui concerne le plus urgent : à savoir le pompage des résidus pétroliers que contenaient les cales de cette barge mauricienne qui s’est abimée sur la côte du Sud sauvage, le 3 février 2022, lors du cyclone Batsirai. La préfecture a fait le point cette semaine sur ce dossier. Accusés durant les premiers jours de ne pas avoir été suffisamment réactifs, les services de l’État ont accentué leur pression sur l’armateur indien et sa filiale mauricienne. Ils se sont même substitué à lui lorsque la première société mandatée, Polygreen avait évacué le chantier suite à des divergences financières. « Face à cette situation et à l’issue de délais juridiques imposés, l’État a décidé de prendre à son compte la maîtrise d’ouvrage des opérations de dépollution de l’épave. Dès le 1er mars un chantier associant le savoir-faire d’entreprises réunionnaises a donc été organisé et conduit par l’Etat », relate la préfecture.
Dans la foulée, l’armateur a finalement assumé ses responsabilités en activant son assureur. Le 11 mars, la société grecque : Five Ocean Salvage (FOS) prenait la direction des travaux après validation du plan de travail et vérification de ses garanties financières par l’Etat. Dans des conditions difficiles, sous la chaleur et dans une épave secouée par les vagues, les travailleurs ont réussi à pomper les eaux souillées aux hydrocarbures et nettoyé les cales au jet à haute pression. Ils ont également arraché des cabines et de la salle de pilotage les revêtements muraux, sous-plafonds, mobiliers, équipements électroniques et circuits électriques. L’hélicoptère déposait les polluants sur les bas-côtés de la route nationale avant qu’ils soient évacués en camions vers les centres de traitement de Suez.
Nouvelle mise en demeure pour le démantèlement
« Le compartiment machine a fait l’objet des mêmes mesures, sauf à l’étage inférieur qui est inondé et n’est donc pas accessible pour des raisons de sécurité. Cette partie du navire fait l’objet d’une brèche de plusieurs mètres de longueur qui devra être traitée lors des opérations de démantèlement », précise l’État.
C’est désormais un autre chantier qui doit s’ouvrir : celui du démantèlement du Tresta Star. Étant données les difficultés d’accès de l’épave, tant par la mer, souvent démontée, que par la terre, il va falloir mobiliser une ingénierie et des moyens particuliers. Nul n’est à ce jour capable de dire comment et à quel prix. Ce qui est certain, c’est que ça va demander du temps mais la préfecture prévient d’emblée que « l’abandon de l’épave sur place n’est pas une option ».
Dans ces conditions, le Préfet a mis en demeure l’assureur d’établir un plan de démantèlement du navire. Ce document devra présenter un scénario réaliste, échelonné dans le temps, qui prenne en compte la sécurité des travailleurs, les impacts environnementaux identifiés et les mesures d’évitement ou de réduction de ces risques. La chaîne de traitement des déchets devra également être explicitement indiquée.
En parallèle, l’État construit sa propre expertise et a pris contact avec des entreprises disposant d’un savoir-faire dans la déconstruction de navires pour analyser l’éventail des options disponibles.
F.C.