coussin berlinois ralentisseur dos d'âne

Pour ou contre les dos d’ânes ?

Dos d’ânes, coussins berlinois, trapézoïdes, plateaux… Vous roulez dessus tous les jours, mais savez-vous qu’il existe des normes et des recommandations pour leur installation sur les routes ?


Ah les ralentisseurs… Les dos d’ânes, coussins berlinois, trapézoïdes, plateaux. Ils ornent toutes les routes de La Réunion, de la départementale à la petite rue de quartier qui sert de raccourci la nuit.

Qui n’a jamais ressenti cette frustration sur le boulevard Bank, de devoir freiner et rétrograder à chaque rond-point ? Et qui n’a jamais fortement accéléré une fois le Shamrock’s dépassé ?
Ces ralentisseurs sont bien sûr nécessaires pour obliger les automobilistes à abaisser leur vitesse et éviter les accidents déjà trop nombreux. La Réunion est le seizième département français le plus touché par les accidents de la route en 2023, pour 931 accidents corporels en 2024.
Seulement voilà, parfois ils ne respectent pas les normes, et sont disposés à des endroits peu stratégiques comme des montées ou des virages. Et à Parallèle Sud, on se demande : La Réunion ne serait-elle pas l’un des départements qui comptent le plus de ralentisseurs à son actif ?

Pour répondre à cette question, il faudrait contacter la Région, le Département et toutes les communes de l’île, avec l’espoir que chaque ralentisseur installé ait été noté. Un travail de fourmi, on vous l’accorde, alors on a plutôt centré la question sur les critères d’installation et les normes qui les encadrent.

Frédéric Legendre, directeur des services techniques de la commune de Bras-Panon, nous répond sur les raisons qui poussent les communes à implanter plus de ralentisseurs : « C’est toujours un motif de sécurité routière pour forcer les usagers à ralentir quand on a constaté des excès de vitesse sur une portion. On peut aussi en installer par prévention quand on rénove une voirie ou le faire à la demande de riverains. Sur les routes départementales, c’est plus compliqué car on ne peut pas en installer hors agglomération. Il faut que le tronçon concerné soit déjà limité à 50 km/h pour qu’on l’abaisse à 30 km/h avec le ralentisseur. »

En théorie, l’implantation des ralentisseurs est strictement encadrée par la réglementation et les recommandations techniques du Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement). Les seuls ralentisseurs normés sont les ralentisseurs de type dos-d’âne et trapézoïdal, définis par le décret n°94-447 du 27 mai 1994 et la norme NF P 98-300. Leur hauteur maximale est fixée à 10 cm, avec une longueur minimale de 4 mètres pour les dos-d’âne et 2,5 mètres pour les trapézoïdaux.

Le Cerema recommande en outre de ne jamais les installer sur des pentes supérieures à 4 %, ni à proximité d’un virage dont le rayon est inférieur à 200 mètres, ni à moins de 40 mètres après la sortie d’un tel virage.
Les coussins berlinois et les plateaux surélevés, quant à eux, ne sont pas couverts par une norme, mais le Cerema fournit des recommandations techniques précises : une hauteur de 6 à 7 cm pour les coussins, une longueur de 3 mètres et une pente d’accès ne dépassant pas 7 à 10 %.

Ces dispositifs doivent également être espacés d’au moins 150 mètres les uns des autres pour éviter une gêne excessive à la circulation. Enfin, tous les ralentisseurs doivent être implantés dans des zones limitées à 30 km/h, hors des itinéraires de transport en commun sauf dérogation, et être signalés par des panneaux et marquages au sol réglementaires, comme l’exige l’Instruction interministérielle sur la signalisation routière (articles 28-1, 72-6 et 118-9B).

Le coût d’installation d’un ralentisseur est d’environ 10 000 euros pour les communes, ce qui représente une part significative dans le budget de l’aménagement de la voirie, selon Frédéric Legendre.

Quant aux conséquences sur les véhicules, les ralentisseurs impactent les amortisseurs avant et arrière, le train roulant, et usent plus rapidement le caoutchouc des triangles de suspension, selon un mécanicien interrogé.

Et les usagers dans tout ça ? Pour un responsable Études et Travaux à la direction des routes départementales, « Beaucoup de gens sont mécontents, mais il y en a tout autant qui en sont satisfaits ou demandent leur installation » .

Preuves à l’appui.

Léa Morineau

A propos de l'auteur

Léa Morineau

Etudiante en journalisme. Cocktail de douceur angevine et d'intensité réunionnaise, Léa Morineau a rejoint l'équipe de Parallèle Sud pour l'éducation aux médias et à l'information, elle s'est rapidement prise au jeu du journalisme. A travers ses articles, elle souhaite apporter le regard de sa génération et défendre un journalisme qui rayonne au-delà des apparences.

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