De l’amiante dispersé autour du chantier de l’éco-gîte du volcan : c’était une info de Parallèle Sud. Aujourd’hui c’est la Région qui accuse le Département de son « insoutenable légèreté » dans la conduite d’un chantier censé être exemplaire en plein coeur de Parc national.
C’était une info de Parallèle Sud , parue le 15 mars 2024 : la construction de « l’éco-gîte » du volcan n’était pas aussi écologiste que les directives du Parc national sont censées l’exiger. Nous avions alors publié des photographies de blocs de fibro-ciments contenant de l’amiante au pied du Piton Lacroix, à quelques encablures de la route forestière du volcan. Ces déchets de chantier provenaient de la démolition d’une partie de l’ancien gîte. Le Département, maître d’ouvrage de l’opération n’a jamais répondu à nos sollicitations.
Cette affaire a été confirmée en début d’assemblée plénière de la Région, ce jeudi 26 juin. Le conseiller d’opposition Michel Vergoz, maire de Sainte-Rose, a fait diffuser un film d’Alain Bertil, référent « volcan » auprès de la mairie de Sainte-Rose.
On y découvre que la mairie de Sainte-Rose a fait analyser les gravats par une entreprise spécialisée dans les diagnostics « amiante ». Elle était accompagnée d’un auxiliaire de justice. Les prélèvements ont décelé la présence d’amiante. Les agents du Parc national ont d’ailleurs assisté aux opérations de contrôle des déchets issus du chantier de « l’éco-gîte ».
Pollution et risque sanitaire ?
Le maire de Sainte-Rose a toujours déploré avoir été tenu à l’écart de ce projet touristique pourtant situé sur le territoire de sa commune. Aujourd’hui il note que les gravats douteux sont encore stockés en partie sur le parking du gîte et s’inquiète de la pollution du site « au coeur du Parc national, classé au patrimoine mondial de l’Unesco » mais aussi « des risques encourus par les visiteurs et les populations environnantes ».
Le reportage d’Alain Bertil montre en effet que l’eau qui s’écoule de la Plaine des Sables a pu traverser les dépôts de gravats avant de se précipiter dans une retenue collinaire en contrebas et dans le lit de la Rivière des Remparts. L’huissier mandaté par la commune de Sainte-Rose a noté qu’aucune bâche étanche n’avait été utilisée pour éviter la pollution du terrain.
La présidente Huguette Bello avait déjà co-signé avec Michel Vergoz un courrier à Cyrille Melchior en novembre 2024. Tous deux disaient leur consternation de ne pas avoir été invités à la visite de fin de chantier très médiatisée. « Ces faits confinent à un manque de considération et de respect à minima, voire à une attitude chargée de mépris, envers les institutions dont nous avons respectivement la charge », avaient-ils écrit. D’autant plus que la Région a financé 5% des travaux sur ses fonds propres et 80% par le biais du Feder.
Pour que les Réunionnais sachent…
En assemblée plénière, la présidente a dit vouloir « que les Réunionnais sachent à quel point on est insouciant sur la gestion de l’eau. Le Conseil départemental est d’une insoutenable légèreté. En plus, il y a des gens qui se baignent dans les rivières de Saint-Joseph. »
Longtemps mutique sur le sujet, le Département est désormais plus enclin à donner des explications. Il affirme dans un communiqué qu’il « ne s’agit aucunement de « gravats amiantés » stockés à ciel ouvert mais d’un stock de terres et de cailloux extraits du sol naturel lors des travaux de terrassement » : « Ces matériaux, issus du site même du gîte du Piton de la Fournaise, ont été entreposés de manière encadrée, sur le parking et une zone identifiée à proximité, sous le contrôle et avec l’accord formel du Parc national et de la DEAL (Direction de l’environnement de l’aménagement et du logement). »
Manipulation politique ?
Il assure avoir fait intervenir des sociétés de désamiantage qui ont repéré de l’amiante dans les tuyaux et cheminées de l’ancien gîte : « Tout le process a fait l’objet d’un contrôle continu par un Bureau d’études spécialisé (Intégrale Ingénierie). Le suivi du traitement des déchets a été réalisé conformément à la réglementation, via le logiciel de l’État Trackdéchets. Aucune bâche n’a été demandée pour couvrir le stock de terres : au contraire, le Parc national a expressément demandé de ne pas bâcher afin de respecter l’équilibre écologique du site. »
La collectivité présidée par Cyrille Melchior, réfute toute contamination des eaux de la Rivière des Remparts : « Aucune analyse d’eau n’a été effectuée, aucune donnée n’a été partagée avec les autorités sanitaires ou environnementales. »
Il conclut en criant à « la manipulation politique » : « Le Conseil régional « fait preuve d’une insoutenable légèreté », tant dans le contenu de la vidéo diffusée que dans les propos tenus en séance. Le Département se réserve le droit de porter plainte pour diffamation. »
Franck Cellier
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