Mafate Ilet à Bourse chez Barnabé et Jeanne-Marie Thomas

[Mafate] La kour de Barnabé et Jeanne-Marie Thomas

KAZ AN PAY • CASES EN PAILLES — ÉPISODE 7 À ÎLET À BOURSE

« C’est quand même le travail de beaucoup d’années, le travail de… » Sociologue, Arnold Jaccoud sourit sans finir sa phrase. Mais c’est bien « le travail d’une vie » qu’il partage avec les lecteurs de Parallèle Sud depuis quelques semaines. Pour ce 7ème épisode, il nous amène chez Barnabé et Jeanne-Marie Thomas à l’Ilet à Bourse. La rencontre a eu lieu en 2005 et 2007. Partons avec lui à la découverte de « la réalité restituée et ressuscitée de ce que fut la vie dans Mafate et, plus généralement, dans les Hauts ».

Barnabé est né en 1940, Jeanne-Marie en 1942. Dans la kour, l’une des cases en paille est la cuisine familiale dont l’usage est quotidien. L’autre, pourvue d’un lit, sert de chambre à coucher pour l’un des fils, adulte résident chez ses parents. On remarque le rocher non déplaçable autour duquel les constructions ont été organisées. Il protège la cuisine contre les bourrasques cycloniques.

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Selon une sorte de règle non écrite de l’évolution de l’auto-construction, la treille devenue stérile a été remplacée par un abri dont la fonction est d’accueillir les visiteurs et de leur permettre de se tenir confortablement ensemble à l’extérieur.

La kaz kwizine

La date de construction de cette cuisine demeure relativement imprécise. Elle a succédé à une précédente bâtisse déplacée par le passage du cyclone Jenny en février 1962. La reconstruction peut être presque certainement estimée vers la fin des années 60 ou au tout début des années 70, selon son propriétaire Barnabé, dont la mémoire des dates est liée d’une part aux cyclones et d’autre part à la naissance de ses enfants.

À l’aide des indications fournies par Barnabé, le choix a été fait d’indiquer ici, systématiquement, les mesures, les techniques, les matériaux utilisés et si possible les dates…

Dimensions : H : faîtière 230 cm / sablière 140 cm L : 530 cm La : 330 cm 

* Fabrication en bois de forêt mélangés. 

* Essences dominantes : Poteaux en bois de nèfle, bois d’olive blanc et noir. Charpente en bois tantan (Mahot tantan – Dombeya acutangula).

* Fondation : enrochement cimenté

* Assemblages par ligatures (gatir) en choca agave (kader) et pointes.

* Parois extérieures : caractéristiques à la fois du passage d’une époque à l’autre et du niveau économique de la famille, on a recouvert la moitié du pignon de tôle plate de récupération, alors que les parois latérales ont bénéficié de tôle ondulée, plus « moderne et plus coûteuse.

* Brancard : kader (choca – agave)

* L’intérieur de la case est caractérisé par une patine de goudron d’un splendide noir brillant. Cette case est utilisée quotidiennement (2007), le feu y brûle en permanence dans le foyer ouvert. 

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La kaz an pay • Chambre – magasin

Matière et technique :

* Bois de forêt

– Les piké (poteaux) sont en bois d’olive et en bois de nèfle

– Les barres sont en bois de nèfles

– Les sevron (chevrons) et panne sont en filao

– Les golet sont en gouyavié (goyavier)

Datation : Reconstruite quelques années après le passage de Jenny (en février 1962), probablement vers 1970 – 71, avec Olive, le frère de Barnabé.

« Nou la coup la pay, nou sa rod gatir, aprè nou met golet dessi tout sa, aprè nou rod dè troi personn pou èda met la pay dessi tout sa pou entouré pou fini »

Barnabé Thomas
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Opinion péremptoire de Barnabé THOMAS : « Nous on se sert que de bois de forêt. C’est meilleur pour nous. Aller acheter en hélicoptère une pièce de bois de case en bas, ça vaut pas la peine… »

Selon Barnabé, on trouve encore du bois pour les cases. Les jeunes peuvent aller le chercher, mais il faut un hélicoptère pour le transporter.

« C’est Olive qui a fait la case. Olive THOMAS, qui est à Grand Place. C’est mon frère, qui vivait là au-dessus (an lèr), là où habite Jean-Yves. Je lui ai dit que j’avais ma petite case, mon petit magasin, à arranger. Lui (a bien voulu) m’aider à l’arranger ».

La semaine suivante, « nou la coup la pay, nou sa rod gatir, aprè nou met golet dessi tout sa, aprè nou rod dè troi personn pou èda met la pay dessi tout sa pou entouré pou fini » Au bout de deux semaines, c’est achevé. « I met la port tout dedan ansanm ben… la ptit caz lé nèv. Kan y a un movè tan, la pluy i pé tombé for. I antan pa. I antan déor. Mais ici d’dan, i antan pa la pluiy ».

La case à Joseph … et le rouleau

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Etat de conservation :

* Cette case est utilisée régulièrement. C’est la chambre à coucher de Joseph, fils adulte, qui vit sur la concession de ses parents.

• Barnabé précise l’importance du rouleau : Il est attaché aux deux chevrons extérieurs (en bois d’olive rouge à gauche – et en gouyavié à droite). « On attache le rouleau ensemble. Kan i fé siklone, siklone i lèv la pay an lèr. Mé kan sa lé pesé com sa, siklone lé in pé difficil a li pou met en lèr. »

Arnold Jaccoud

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