Manifs et déambulation festive dans les rues de Saint-Pierre

Pas grand-monde dans les rues de Saint-Pierre ce 10 septembre. S’agit-il d’un « boycott » participant au mouvement « Bloquons tout » ou de la peur des embouteillages annoncés ? En tout cas près de 200 manifestants ont déambulé joyeusement dans les rues en scandant « Macron démission ».

Dès 5h00 ce matin du 10 septembre, les militants les plus organisés ont planté leur piquet sur le rond-point Canabady (Macdo) de Saint-Pierre. La troupe s’est peu à peu étoffée jusqu’à atteindre une grosse centaine de personnes. Si bien que, contrairement à ce qui était programmé, ils n’ont pas rejoint la mobilisation de l’intersyndicale réunie devant la sous-préfecture du Sud. Mais c’est cette dernière qui les a rejoint sur le  boulevard Bank pour grossir les rangs.

S’en est suivie une déambulation festive dans les rues de Saint-Pierre. On reconnaît dans le cortège les syndiqués de FO, de la CGTR, de la FSU… aux côtés des militants d’Attac. Seul « politique », Alexis Chaussalet se présente plus comme citoyen qu’au nom de la France insoumise.

Même si une certaine lassitude s’exprime du fait des difficultés à mobiliser en masse, l’envie est forte de se faire entendre. On scande « Macron démission ». Force ouvrière remet au centre du débat la question du travail et conteste la réforme des retraites ainsi que la présentation des chiffres par le gouvernement, jugée manipulée pour justifier des mesures « déconnectées de la réalité ».

Un manifestant donne l’exemple de l’Alsace-Lorraine, département riche disposant de davantage de jours fériés : « Ça montre que travailler plus ne produit pas plus de richesse… » La nomination de Sébastien Lecornu comme premier ministre est vue comme le signe que « rien ne change », Emmanuel Macron poursuivant la même ligne malgré la défiance croissante. On parle de « mépris du pouvoir envers la voix du peuple ».

Souvenirs de mai 68

« Ce sont toujours les travailleurs, les retraités, les chômeurs et les précaires qui doivent faire des efforts, se serrer la ceinture », entend-on. Les intervenants dénoncent les cadeaux fiscaux faits aux plus riches, jugés responsables de l’aggravation de la dette, et appellent la population à reprendre la main pour mettre fin au « mépris » du président.

Erika, habitante de Saint-Pierre, rappelle que ce n’est « pas de gaieté de cœur » que les gens descendent dans la rue, mais pour exprimer un malaise durable face aux « mauvaises décisions » du gouvernement. Elle insiste sur le caractère pacifiste du mouvement et appelle chacun à rejoindre la mobilisation.

Pour qui craignait les embouteillages, c’est l’inverse qui marque cette matinée. Les gens ont-ils évité de sortir par crainte ou ont-ils participé, par leur immobilisme, au slogan du mouvement « Bloquons tout » ? En tout cas près d’un tiers des commerces n’ont pas levé leurs rideaux ce 10 septembre.

De cette mobilisation mitigée, une participante fait le lien, historique, avec mai 68, rappelant qu’au départ, personne n’imaginait l’ampleur du mouvement ni les conquêtes obtenues un mois plus tard. Pour elle, « la mobilisation exige du courage face à un monde politique écrasant ». Elle évoque aussi l’esprit de solidarité de 68, où les gens sortaient les tables pour partager la nourriture lors des grèves prolongées.