L'affiche du festival Même pas peur à Saint-Philippe présentée par Aurélia Mengin.

« Même pas peur » fête ses quinze ans

Quinze ans déjà ! Le festival du film « Même pas peur » constituait un défi à plusieurs titres, d’abord par le choix du genre… On parle d’ailleurs parfois de « film de genre » dès qu’un scénario s’avère inclassable, fantastique, abstrait, ésotérique, érotique, bref, qu’on ne sait pas trop dans quelle catégorie le classer. A voir à Saint-Philippe entre les 19 et 22 février.

Il n’y a pas de mauvais genre ! 

Quand on parle de films de genre, on pense à Luis Bunuel, David Lynch, voire Jean-Luc Godard, un cinéma qu’on imagine parfois hors de portée du grand public, alors qu’il ne faut pas hésiter à sortir de sa zone de confort pour se laisser porter par le film et par son propre imaginaire. Dès ses premiers pas dans le cinéma, la vision d’Aurélia Mengin, qui organise la quinzième édition du festival «Même pas peur» du 19 au 22 février à Saint-Philippe, était donc avant-gardiste, ouverte sur le cinéma novateur, libre, expérimental, une vision qui peut effrayer le public et encore plus les producteurs. C’était il y a quinze ans, et Aurélia fait partie de ces réalisatrices et réalisateurs qui ont fait bouger les choses, évoluer les mentalités. Alors que le wokisme devient hélas souvent une arme commerciale dont abusent certaines créations et plateformes, Aurélia a toujours revendiqué et mis en avant un cinéma féministe sans outrance, un éloge à la diversité et aux différences, tout en bousculant les codes, aussi bien pour les adultes que pour les plus jeunes.

Fantastiques fantasmes

Car malgré l’étrangeté de nombreux films choisis pour ce festival, il ne faut pas les classer dans l’horreur, le « gore », ou l’épouvante. Le message est beaucoup plus fort, et bouscule les codes habituels. Le sous-titre de « Même pas peur », c’est « Festival international du film fantastique de la Réunion ». C’est un cinéma exigeant, tant pour ses créateurs que pour le public, mais sans abstraction gratuite. D’ailleurs, on peut trouver une corrélation avec la peinture : le cinéma peut être figuratif, ou au contraire aller jusqu’à l’abstraction, tout en ayant un sens profond. En même temps, l’image y reste aussi essentielle que pour une œuvre picturale, alors que les dialogues sont parfois minimalistes. 

Un festival volcanique

Même pas peur d’explorer l’inconnu, donc ! Ce n’était pas évident de transformer l’essai initial en une manifestation annuelle, chaque mois de février (cette année du 19 au 22), dans une petite commune relativement isolée comme Saint-Philippe. Mais l’éloignement ne décourage pas les fans de ce genre pour lequel les manifestations sont rares. 

Aurélia reste fidèle à la municipalité de Saint-Philippe qui a eu le courage de relever le défi voilà quinze ans. Symboliquement, cette ville constitue aussi un lieu idéal : le volcan n’est pas loin, la nature y est étrange, et c’est d’ailleurs ce qui inspire aussi Nicolas Luquet alias Luke Kay, co-organisateur avec Aurélia et compositeur de la musique pour les films personnels de celle-ci.

Une famille d’artistes 

Les longs et courts métrages présentés à Saint-Philippe sont sélectionnés au fil de l’année par Aurélia et Nicolas. Ils mènent de front l’autre face de leur passion : la réalisation et la promotion dans les festivals internationaux des propres films d’Aurélia. Le plus récent, Scarlet blue, a été nominé dans de nombreux pays et souvent cité dans les magazines, comme Mad Movies.

Faut-il rappeler que la famille Mengin est un vivier d’artistes ? Aurélia, par sa passion rend hommage à son père Vincent décédé il y a deux ans, peintre et galiériste mais aussi auteur de films dans lesquels il faisait parfois tourner sa fille. Quant au frère, Pablo, il participe aussi en tant que musicien aux réalisations de sa grande sœur. 

Le programme détaillé est visible sur le site (https://festivalmemepaspeur.com), insta et facebook, et aussi sur les petits livrets disponibles dans certains commerces. Notons que seule la soirée d’ouverture nécessite une inscription préalable, mais vérifiez quand même si c’est complet, car le succès ne se dément pas chaque année, avec des dizaines de films venus du monde entier, pour enfants, collégiens et adultes, à découvrir sans modération.

Alain Bled

Contribution bénévole

A propos de l'auteur

Alain Bled | Reporter citoyen

Homme de culture, homme de presse, homme de radio... et écrivain. Amoureux du récit et du commentaire, Alain Bled anime la rubrique « Livres à domicile ».

Ajouter un commentaire

⚠︎ Cet espace d'échange mis à disposition de nos lectrices et lecteurs ne reflète pas l'avis du média mais ceux des commentateurs. Les commentaires doivent être respectueux des individus et de la loi. Tout commentaire ne respectant pas ceux-ci ne sera pas publié. Consultez nos conditions générales d'utilisation. Vous souhaitez signaler un commentaire abusif, cliquez ici.

Articles suggérés