Non au greenwashing des industriels

[LIBRE EXPRESSION]

Les associations de défense de l’environnement, des droits sociaux, et de la transition énergétique dénoncent une politique de greenwashing pour le futur de La Réunion, sans ambition et sans les Réunionnais. Nous citons l’exemple de la Programmation Pluriannuelle de l’Energie de La Réunion « dictée » par 6 industriels.

Nous, XR Réunion, Attac-Réunion, Zéro déchets et Greenpeace-Réunion demandons à ce que le projet de révision de ce PPE2 soit revu avec une vraie ambition pour La Réunion et les Réunionnais.

Nous demandons à ce que la Région Réunion, et de manière générale toutes les institutions, informent  mieux le peuple des avis de participation à l’élaboration de projets pour leur île, mais aussi que ces mêmes institutions permettent aux citoyens d’en comprendre les contraintes et les enjeux.

DEMOCRATIE EN DANGER !

La consultation publique de la Région Réunion sur le projet de révision de la « Programmation Pluriannuelle de l’Energie de La Réunion pour la période 2019-2028 » (PPE2), c’est-à-dire notre futur et notre autonomie énergétique a eu lieu du 15 décembre 2021 au 16 janvier 2022 [Lien participation: https://regionreunion.com/actualite/toute-l-actualite/article/programmationpluriannuelle-de-l-energie-de-la-reunion-pour-la-periode-2019-2028-projet-de-revision].

Le public, les citoyens, nous, avons été invités à donner notre avis sur ce sujet majeur pour notre avenir en termes environnementaux, sociaux, et d’autonomie… Et pour ce faire, nous avons eu 1 mois durant les fêtes!

La consultation du public pour la création de cette révision s’était déjà déroulée pendant cette période il y a 4 ans et avait mené à la participation de seulement 7 contributeurs, dont 6 industriels.

La Région Réunion et le Ministère avait alors considéré que la voix des Réunionnais avait été également écoutée!

Ce sont donc ces 6 industries qui ont « dicté » la révision du Projet Pluriannuel d’Energie à la Région.

Nous pensons qu’il est dangereux que les seules voix écoutées dans ce dossier soient celles de 6 industriels, donc celles de sociétés qui défendent leur propre intérêt économique à court terme, les voix des plus riches et

non pas l’intérêt général.

Nous pensons qu’il est antidémocratique que la Région Réunion ne sollicite pas plus les voix citoyennes réunionnaises, soucieuses de l’équilibre et de  la justice sociale, conscientes des défis du changement climatique.

Nous constatons qu’année après année ,rien n’évolue en matière d’information et de consultation du public… tout se fait en catimini : absence de publicité, décisions ne prenant pas en compte les avis des citoyens comme dernièrement pour la pêche aux requins ré-autorisée jusqu’en 2024 dans la Réserve, parfois même absence de consultation comme à Manapany pour les projets de réaménagements touristiques du quartier…

Le résultat est que nous assistons à une mascarade de démocratie citoyenne et de prises de décisions sans ambition et souvent à contre-sens d’un futur résilient et socialement plus juste pour La Réunion et les Réunionnais!

DU GREENWASHING AU FRAIS DES REUNIONNAIS !

Non seulement cette programmation ne nous permettra pas de respecter la loi de transition énergétique Outre-Mer qui prévoit notre autonomie énergétique pour 2030 [https://www.outremer.gouv.fr/la-transition-energetique-outre-mer], mais en plus elle est truffée de greenwashing dont les Réunionnais paieront la facture.

De plus, pour nous, cette révision n’est pas conforme aux lois édictées depuis l’Accord de Paris et la stratégie nationale bas carbone en 2015, parce que la définition même d’Energie Renouvelable (EnR) a été dévoyée et n’a pas été comprise par la Région, par ces 6 industriels ; ceux-là même qui ont écrit cette révision du PPE2. Par exemple, un granulé de bois compacté, même labellisé RED II, s’il est transporté en utilisant des énergies fossiles sur des milliers de kms ne peut être considéré comme une source d’énergie renouvelable !

Mais revenons aux 7 contributeurs, dont 6 sont des industriels:

• 3 sont des industriels du secteur des énergies : leur révision du PPE 2 propose que leurs centrales  réunionnaises brûlent :

– des bioliquides importés d’Europe pour remplacer le fioul

– de la biomasse dont la moitié est composé de granulés de bois importés du Sud Est des USA pour remplacer le charbon !

L’autre moitié de la biomasse sera la canne fibre et nos « déchets verts » (qui ne sont pas des déchets, mais la nourriture du sol, que nous utilisons pour notre agriculture).

100% d’électricité produite avec des Energies Renouvelables à La Réunion en 2023? Nous l’affirmons: ceci est du greenwashing !

• 1 est un industriel du secteur de l’environnement (traitement des déchets) : sa révision du PPE2 propose la valorisation énergétique des combustibles solides de récupération (CSR), issus des déchets non recyclables. Or l’incinération des déchets produit des déchets dangereux comme les REFIOM et les Machefers (polluants organiques persistants nocifs pour la santé). Encore du greenwashing, d’autant plus qu’aucune politique de réduction des déchets, donc de la consommation, donc des importations, n’est développée dans cette révision. Tout le monde s’accorde à dire que le meilleur des déchets est celui que l’on ne produit pas!

• 2 sont importateurs concessionnaires automobile : leur révision du PPE2 s’attele à la consommation de pétrole dans les transports qu’elle veut réduire de 22 %, et ce, grâce à l’achat de 34 000 voitures électriques jusqu’en 2028.

Or, les voitures électriques n’ont à ce jour pas prouvé leur vocation écologique . Encore  plus si leur alimentation en électricité n’est pas elle-même vertueuse ! Greenwashing ! Et vu son coût élevé, peu de réunionnais pourront se payer une voiture électrique à La Réunion !

UNE AUTRE STRATEGIE EST POSSIBLE!

Planter pour manger ou planter pour allumer la climatisation? Nous sommes très inquiets de la concurrence dans l’usage des terres cultivables et de la biomasse que va créer cette révision du PPE : nous plaidons pour que l’autonomie alimentaire ne soit pas remise en question et veillerons à ce que la mobilisation des matières organiques respecte la hiérarchie des usages rappelée dans le SRB: satisfaction des besoins alimentaires, valorisation agronomique, valorisation industrielle puis valorisation énergétique…

A l’heure où l’Europe lutte contre la déforestation importée [Projet de loi européenne contre la déforestation importée https://www.lesechos.fr/monde/europe/leurope-veut-bannir-les-produitsissus-de-la-deforestation-1364593], est-il raisonnable de concentrer notre stratégie énergétique dans du bois venu d’ailleurs qui nous coûtera cher et nous rendra dépendant? Pourquoi faire le choix de grandes infrastructures centralisatrices de l’énergie à plusieurs millions d’euros et dont la maintenance coutera autant: qui investit ? et qui va en tirer les bénéfices ?

Multiplions plutôt les petites structures d’énergie partagées adaptées au terrain et aux ressources locales, élaborées en concertation avec les habitants !

Priorisons les EnR locales comme l’énergie du soleil, du vent, de la houle, etc. Nous pouvons le faire à l’image de notre utilisation de l’énergie thermique (La Réunion est la Région de France la plus équipée en chauffe-eaux solaires).

Ces sources d’énergie peuvent être développées à petite échelle et viser l’autonomie d’un quartier, d’un élevage (expérience qui a été réalisée dans le Sud de l’île), d’une habitation. Cela nous permettrait d’avoir les moyens de notre autonomie en réduisant la facture énergétique des foyers et en  créant de nouveaux emplois.

La priorité n°1 du plan national/énergie est la maîtrise de la demande énergétique des entreprises et des particuliers, or aucun projet particulier ne porte sur ce point dans cette révision. Pourtant, entre 2018 et 2019, la demande en énergie a augmenté de 3,5% et de 31,2% entre 2000 et 2019 [https://energies-reunion.com/nos-actions/observation/ber-2019-edition-2020/].

Pourquoi la question des transports n’est-elle pas traitée en priorisant les transports en commun et les transports doux. ? Pourquoi ne s’intéresse t’on pas pas au transport routier des quelques 5 millions de tonnes de marchandise arrivant au Port (donnée 2016)? Et qu’en est-il de la consommation énergétique des transports touristiques type hélicoptère?

La Réunion pourrait être un laboratoire pour les énergies renouvelables. Le PPE et sa révision devraient définir une politique volontariste pour La Réunion, le choix d’une autonomie énergétique durable et d’une énergie accessible pour tous. Mais il n’en est rien, le choix est fait d’augmenter le taux de dépendance aux importations d’autres pays : 50 % pour la production électrique et 80 % pour le transport routier (carburants). C’est pour cela que nous demandons à ce que les voix de tous les citoyens soient écoutées, recherchées et respectées et que le projet de révision du PPE2 soit revu avec une vraie ambition pour un avenir durable pour La Réunion et les Réunionnais en matière énergétique.

Parce que, oui, la transition énergétique n’est pas facile, mais nous allons y arriver, ça va bien se passer et nous, citoyens ferons des économies: des alternatives existent déjà et puis… nous n’avons pas d’autre choix que d’en faire un projet de société où chacun se sente acteur de son avenir!

Le 13 janvier 2021, Ile de la Réunion,

Greenpeace Réunion, Attac Réunion, Zéro déchets La Réunion, XR Réunion

Contact: Tiphaine, coordinatrice Greenpeace Réunion/ 0692 68 81 89

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