[ÉCHOUAGE DU TRESTA STAR]
Ce n’est pas une marée noire… Oui, mais il n’y a aucune raison d’être rassuré. À Saint-Philippe, l’environnement de l’échouage de la barge pétrolière mauricienne a été souillé et va l’être encore. Au premier rang des pollueurs, l’armateur n’inspire guère confiance. Au-delà de ses manquements, c’est tout un système, de Port-Louis à Paris en passant par Saint-Denis, qui devrait s’interroger sur son addiction au mazout.
Le Sud sauvage, les embruns dans les narines, le bleu fracassé des vagues, la majesté de la coulée de lave, le vol des oiseaux marins, la nature luxuriante… En temps normal, tel est le tableau qu’offre la pointe du Tremblet. Depuis que la barge de soutage mauricienne Tresta Star s’y est échouée, le 3 février 2022 à 21h00, ce site emblématique d’un écologie préservée s’est transformé en un « point noir » emblématique désormais de nos addictions ultra-polluantes.
La nature n’a pas disparu. « Ce n’est pas une marée noire. On a échappé au pire », cherche-t-on à se rassurer. Le pire, c’est aussi la tendance à minimiser la salissure. Le préfet de La Réunion a dû regretter le ton de son premier communiqué, lors du passage du cyclone Batsirai, lorsqu’il écrivait que « le navire ne transporte pas de marchandise et contient moins de 8m3 de gazole de propulsion (léger et volatile) dont la majorité devrait se disperser sans risque majeur pour l’environnement ». Le ministre de l’outre-mer lui emboîtait le pas après avoir survolé le site à bord d’un hélicoptère en insistant « qu’il n’y avait à ce stade pas de risque de pollution maritime grave par hydrocarbure. »
Les activistes d’Attac, Extinction Rébellion et Greenpeace, qui se sont eux aussi rendus sur place trois jours après le naufrage, mais à pieds, ont vite relevé la faille : « Il n’y a pas de petite pollution pour cette île à la biodiversité unique et fragile sur laquelle nous vivons. Nous devons la protéger »! Ils reprochent notamment à l’Etat de s’en être remis au seul armateur, Tresta Trading ltd, filiale du groupe indien Shiny Shipping and Logistics, censé prendre en charge le renflouage du bateau et la dépollution des lieux.
« On est en plein cafouillage, on n’a aucune assurance que l’armateur assume ses responsabilités, explique Patrice, l’un des activistes. C’est à l’Etat d’intervenir de manière efficace et rapide. Nous avons l’impression qu’à chaque fois, on nous balade. Nous souhaitons un débat citoyen. Sinon nous continuerons éternellement à subir nos problèmes de fourniture de carburant. Car ce naufrage de pétrolier, c’est aussi le naufrage de nos circuits énergétiques et le naufrage de nos plans d’action pour préserver notre environnement ».
« Manque de transparence de l’armateur »
Au moment du départ à la va-vite de l’équipe de renflouage, le maire de Saint-Philippe, Olivier Rivière, s’est à son tour insurgé : « Mon ennemi n’est pas l’Etat dans cette affaire mais il faut que l’armateur assume ses responsabilités et, surtout, que le site soit dépollué ». Selon lui, « on ne peut pas faire confiance à l’armateur ». Ses premiers doutes concernaient les quantités d’hydrocarbures déclarées dans les soutes (8 mètres cubes) alors que ses observations lui ont permis d’évaluer la quantité de produits polluants à une cinquantaine de mètres cubes (lire les explications du directeur de la Mer). L’annonce d’un contentieux financier entre l’armateur et l’équipe de renflouage a décuplé sa méfiance.
« Devant le manque de transparence et de diligence manifeste de l’armateur qui de toute évidence cherche à gagner du temps », la municipalité de Saint-Philippe a fini par intenter une action en justice. Dans un premier temps, deux juristes spécialisés dans le droit de l’environnement ont déposé un « référé constat » devant le tribunal administratif. Ce qui doit permettre de désigner les experts et de débuter une procédure contradictoire en bonne et due forme en vue d’enclencher une instruction et de constituer la commune de Saint-Philippe partie civile dans un procès correctionnel.
Des boulettes de mazout ayant été repérées à l’Anse des Cascades, Olivier Rivière compte sur le maire de Sainte-Rose pour le rejoindre dans ce contentieux. « Cette pollution concerne toute La Réunion, nous serons soutenus par l’intercommunalité Casud, l’Association des maires mais aussi le Parc national », espère-t-il en évaluant déjà à plus de 50 000€ les frais de justice.
Les procédures s’annoncent en effet longues et complexes, mettant en jeu les intérêts de sociétés internationales. Les suspicions sur l’état du bateau, son statut vis-à-vis des règles de navigation et des assurances, n’ont pas, à ce jour, trouvé de réponse auprès de la Tresta Trading ltd. Son porte-parole Jayesh Ajwani avait déjà du mal à justifier les problèmes de paiement de l’équipage dans l’édition du 12 février de l’Express de Maurice. Il n’a pas répondu à nos sollicitations.
Le Tresta Star a maintenu un cap constant sur La Réunion
Maurice vient d’être le théâtre de trois échouages simultanés de chalutiers taïwanais. Ce qui oblige d’ailleurs le remorqueur mauricien Vasileios de quitter le site de Saint-Philippe pour s’en charger. L’île Soeur est également traumatisée depuis le naufrage du pétrolier Wakashio qui a provoqué une marée noire dans son lagon le 25 juillet 2020.
Dans ce contexte, Alain Malherbe, agent maritime aujourd’hui à la retraite après 40 ans de carrière, se pose en lanceur d’alerte particulièrement critique vis-à-vis du gouvernement sur sa page Facebook Citizen Watch. Pour le cas de Tresta Star, il questionne lui aussi la légalité de ses opérations. « Je crains qu’il n’était assuré que sur le territoire mauricien mais n’avait pas d’assurance internationale. L’armateur prétend aussi qu’il est doté d’une double-coque… Je n’ai pas l’impression que ce soit le cas quand je consulte les photos de l’épave », lance-t-il.
Alain Malherbe s’interroge également sur la trajectoire de la barge : « Certains laissent entendre que le Tresta Star aurait dérivé à cause d’une panne de carburant. Je n’y crois pas. Je suis opérateur du site Marine Trafic et j’ai accès à toutes les données de navigation, explique-t-il. J’ai suivi la trace du Tresta Star depuis qu’il a quitté Port-Louis. Il avait une vitesse constante et un cap constant. Arrivé à 1,5 mile du Tremblet, il a accéléré à 6 noeuds alors que durant toute la traversée il était entre 4 et 5 noeuds. Et il a toujours eu du vent arrière. Le vent avait tendance à le pousser vers le nord mais lui, il est resté dans sa trajectoire jusqu’à La Réunion. Je note aussi qu’à aucun moment il n’a demandé de l’aide à Port-Louis quand il était encore dans les eaux mauriciennes. Ça fait de Maurice un pays réputé pour ses naufrages ».
Selon lui, les remorqueurs basés à Port-Louis auraient pu, auraient dû, lui venir en aide tant qu’il en était encore temps…
Au-delà du seul cas du Tresta Star, la Plateforme Maurice Environnement (Platform Moris Lanvironman PML) a commenté le naufrage en critiquant le choix récent de Maurice de développer l’utilisation de barges de soutage pour transférer les produits pétroliers des gros tankers, stationnés au large, vers les infrastructures portuaires de stockage. Le retour des chaloupes n’est donc pas un anachronisme.
Maurice ambitionne de devenir un « hub pétrolier »
Depuis 2013, la stratégie du gouvernement consiste à positionner Maurice comme une plaque tournante, un hub pétrolier, redistribuant les hydrocarbures dans les pays voisins. Et l’approvisionnement en soute a pour objectif de permettre à Maurice d’augmenter son débit de manutention jusqu’à 1,5 million de tonnes d’ici 2025. Aujourd’hui, les barges transportent 550 millions de tonnes de pétrole contre seulement 76 000 tonnes par les pipelines du port. Le projet est d’arriver à 1 million de tonnes cette année. C’est dire si les cousins du Tresta Star ont du pain sur la planche.
La PML s’est clairement opposé à cette transformation de l’activité pétrolière et dénonce l’absence d’évaluation environnementale de cette stratégie. Jusqu’alors l’essentiel de ses critiques concernait l’impact sur les mammifères marins (baleines à bosses, grand dauphin, etc.) mais le naufrage du Tresta Star montre que la menace des écosystèmes est plus vaste… au point de toucher le coeur du Parc national de La Réunion.
Trois semaines après le naufrage, le Parc n’a semble-t-il pas entrepris de mesurer l’impact environnemental. Samedi dernier, avant le passage du cyclone, nous sommes allés sur place (voir la vidéo). La plage du Tremblet était alors battue par des vagues chargées d’eau souillée. De larges traînées d’hydrocarbures marquaient le sable. Des amas d’émulsion marron flottaient entre les rochers. Une vague odeur de pétrole planait.
Juliano Boyer tient la table d’hôte, le Crabe sous la varangue, à proximité du naufrage. En tant que guide accompagnateur, il s’étonne que la mairie n’ait pas pris contact avec lui : « Je connais les lieux comme ma poche. J’ai vu l’eau mazoutée sur la plage puis la houle semble avoir tout nettoyé. Dimanche il restait un dépôt noirâtre sur les rochers. Il y a sans doute eu un impact sur les poulpes et les crabes. Ça ne s’est pas remarqué parce que, avec la houle, les pêcheurs ne sortent pas ».
Autre amoureuse de la nature, la naturaliste Nicole Crestey s’est elle aussi rendue sur les lieux mardi. « On sent encore une vague odeur de pétrole mais la plage est nettoyée. Cette pollution est invisible mais c’est évident qu’il y a un impact sur les micro-organismes ». En 2011 et 2012 l’expédition Biolave pilotée par l’ARVAM (Agence pour la Recherche et la Valorisation Marine) avait constaté une biodiversité exceptionnelle au pied de la coulée de lave de 2007. « C’est une richesse écologique supérieure à celle de la côte Ouest car c’est ici qu’arrive la plus grande quantité de larves planctoniques. Ces micro-éléments sont très sensibles à une pollution chimique qui risque d’interrompre la colonisation de ce site exceptionnel », conclut Nicole Crestey.
Le maire de Saint-Philippe cite quant à lui un poisson des abysses inconnu, découvert suite à l’entrée de la lave dans la mer en 2007 : le Symphysanodon pitondelafournaisei. Un trésor de la nature que risquent de rejoindre bientôt les restes du Tresta Star.
Franck Cellier
« L’Etat fera lui-même la dépollution si l’armateur est réellement défaillant »
Éric Mévélec, directeur de la Mer, défend les intérêts de l’Etat face aux conséquences du naufrage du Tresta Star. Il dit faire encore confiance à l’armateur pour dépolluer le site. Une confiance mesurée dans la perspective des procédures juridiques à venir.
Peut-on déjà évoquer les responsabilités des uns et des autres dans cet échouage du Tresta Star ?
Éric Mévélec, directeur de la Mer Sud océan Indien (DMSOI) : Deux enquêtes sont en cours, une pour examiner les responsabilités pénales, et une autre, technique, menées par le Bureau d’enquête des événements en mer (BEAMer) pour déterminer comment on en est arrivé là. Son rapport sur les causes de l’accident sera publié d’ici un an et nous aidera à prendre des mesures pour éviter que ça se reproduise.
Il a été évoqué à Maurice une « panne d’essence » pour expliquer la dérive du Tresta Star.
C’est une barge prévue pour une navigation intérieure. Ce souteur a une puissance motrice extrêmement faible, largement insuffisante pour affronter la houle. Mais il avait assez d’essence puisqu’on a eu à pomper dans son réservoir le carburant qui s’y trouvait.
A Maurice, la Plateforme Maurice Environnement met en cause le développement de ces barges de soutage pour les menaces que ça fait peser sur l’environnement. La France, en tant que pays frontalier, a-t-elle son mot à dire là-dessus ?
Bien sûr que non. Nous n’accepterions pas qu’ils nous disent comment gérer nos affaires portuaires. Ça va dans l’autre sens aussi.
Au-delà du sauvetage héroïque de l’équipage, comment s’est organisé ensuite la lutte contre le risque de pollution. L’Etat est accusé d’avoir tardé pour déclencher le plan Polmar (lutte contre la pollution marine).
Nous n’avons pas besoin de déclencher le plan Polmar pour mettre des moyens. On a commencé à travailler sur ce risque dès le début. En principe c’est à l’armateur de s’occuper de son navire. Le rôle de l’Etat consistait à contraindre l’armateur à prendre les mesures qui s’imposent pour prévenir les risques de dommages à l’environnement. C’est ce que le préfet a fait à partir de deux mises en demeure. L’armateur a désigné une entreprise, Polygreen, qui est intervenue dès le lendemain de l’accident.
Des agents de l’Etat encadraient ces opérations ?
Non ce n’était pas notre rôle d’encadrer. Polygreen a déployé une dizaine de personnes et un remorqueur. Ils ont sécurisé le site et retiré tout ce qui pouvait l’être. Ils ont pompé le carburant de propulsion et ce qui se trouvait dans les soutes. Les 8 cales étaient vide mais il en reste toujours au fond. On a considéré qu’il restait 1 mètre cube par cale. On a été informé des quantités extraites du bateau et du nombre de big bags qu’ils ont retirés. Nous sommes allés deux fois à bord, le 8 et le 17 février pour s’assurer que le travail avait été effectivement réalisé.
Et vous étiez en confiance car le maire de Saint-Philippe a évoqué des volumes plus importants (21m3 retirés et 30m3 restants)? L’armateur a-t-il menti ?
La confusion vient de là. Les entrées d’eau de mer ont abouti à des quantités qui n’ont plus rien à voir avec ce qu’il y avait au départ. On a retiré 6m3 en carburant de combustion et 21m3 d’eau mazouteuse. Je pense que les premières déclarations de l’armateur étaient cohérentes avec ce qu’on a trouvé. Le fioul, c’est comme le produit de vaisselle dans l’eau, ça se répand très vite et cette pollution devient énorme. Il y a peut-être 40m3 d’eau souillée qui se sont déversées lors de la période de pollution observée la semaine dernière à partir de 3 ou 4 mètres cubes de fioul.
Au départ, il s’agissait de renflouer le bateau. A quel moment a-t-on compris qu’il n’était plus récupérable ?
C’est une question de coût. Le compartiment machine a eu une déchirure importante. Et ce n’était pas possible de l’isoler. Pour le renflouer, il aurait fallu chasser l’eau et le pressuriser avec des patches. Or le trou était si important que l’un des ingénieurs présents a jugé que ce n’était plus possible. Il y avait d’autres techniques envisageables comme de faire monter le bateau sur une barge qui le tienne émergé mais c’était techniquement très compliqué sur le site du Tremblet où il n’y a pas beaucoup de fond et où la houle tape en permanence. Ce n’était pas aux services de l’Etat de trancher pour dire si le bateau était récupérable ou pas.
Lors de notre deuxième visite, une brèche s’était formée sur la coque et elle s’est déchirée très vite en deux trois jours. Manifestement, ce bateau n’est plus sauvable et nous pouvons parler d’épave.
Qui va devoir régler le problème de la dépollution ? L’armateur ou l’Etat ?
Le plus urgent est la dépollution de l’intérieur du bateau. Il reste sur tribord une quarantaine de mètres cubes d’eau avec du fioul dedans. Il va falloir enlever les aménagements intérieurs puis retirer l’épave. Le temps court pour empêcher une nouvelle pollution. Le préfet a signé une nouvelle mise en demeure samedi et l’armateur m’a informé mardi qu’il avait désigné une entreprise britannique pour procéder à la dépollution immédiate.
La précédente équipe a évoqué un défaut de paiement de la part de l’armateur. Encore une fois, peut-on lui faire confiance ?
Ce sont des affaires privées. En effet Polygreen m’a indiqué qu’elle avait des problèmes pour se faire régler. Dont acte. Mais ils ne sont pas seuls sur le marché et c’est une autre entreprise qui va venir.
Face à l’urgence, ne faudrait-il pas que l’Etat prenne en charge la dépollution puis se fasse payer par l’armateur ensuite ?
Ça fait partie des options mais on ne le fait qu’en dernière ressource, lorsque l’armateur est réellement défaillant. Mais ce n’est pas notre métier, il nous faudrait passer un appel d’offres pour désigner l’entreprise. Aujourd’hui, l’armateur a désigné une entreprise de notoriété mondiale.
Et quand est-ce qu’ils arrivent ?
Je ne sais pas. J’ai posé la question mais je n’ai pas eu encore de réponse et je n’ai pas encore vu le contrat. Il faut être prudent, il y a déjà eu beaucoup de fausses bonnes nouvelles dans cette affaire…
Vous avez fixé une date butoir ?
L’avocat m’a évoqué une arrivée très rapide. Il y a urgence.
Vous parlez d’un avocat, il y a déjà une action juridique en cours ?
Pour l’instant, la mise en demeure est un courrier formel mais c’est aussi un appui juridique sur lequel on s’appuiera s’il faut se substituer à l’armateur.
Quel est l’état de la pollution après l’épisode. La houle d’Emnati a-t-elle fait le nettoyage ?
En dehors des boulettes en nombre très faible sur la plage de l’Anse des Cascades, il n’y a plus de pollution en mer. Sur le rivage vous pouvez voir un petit panache marron dans l’écume mais ce sont des sédiments, ni gras, ni odorants.
La pollution de l’Anse des Cascades n’a pas le même aspect que celle observée au Tremblet. Ne proviendrait-elle pas d’un autre navire qui aurait dégazé là-bas ?
On a fait des prélèvements à l’Anse des Cascades et dans le Tresta Star. Et le Cèdre, expert français en pollution des eaux à Brest, nous dira si c’est la même pollution. C’est normal, il y a des procédures judiciaires contre l’armateur, il faudra établir le lien entre les différentes pollutions et le Tresta Star de manière juridique.
Techniquement des boudins seront-ils déployés autour de l’épave pour prévenir une nouvelle pollution.
Jusqu’à présent la météo ne le permet pas. La houle désagrégerait les barrages. Mais ça fait partie des règles de travail, et ça se fera, si possible, au moment du chantier de dépollution.
Ce naufrage aurait peut-être pu être évité si La Réunion était dotée d’un super-remorqueur de type Abeille comme il en existe en France…
Les Abeilles, en métropole, sortent des ports par mauvais temps pour secourir les bateaux en difficulté. Là, elle aurait été au large du Port, elle aurait peut-être eu le temps d’intervenir… C’est une histoire de rapport entre le coût pour le contribuable et de l’utilité du moyen. De La Réunion, on se dit que ça vaut le coût. Mais ce coût est énorme. Ce sont des décisions à prendre à Paris.
Est-ce envisageable dans la perspective de la coopération régionale avec Maurice et Madagascar, eux aussi menacés d’échouages catastrophiques ?
Ce serait loin d’être sot. C’est une bonne idée, un élément de réflexion à analyser.
Entretien : F.C.
Chronologie
3 février : 7h15 le Tresta Star lance un appel de détresse alors que, malmené par la houle et les vents du cyclone Batsirai, il dérive entre La Réunion et Maurice. Cette barge de transport d’hydrocarbures s’était éloignée du port de Port-Louis à l’approche du cyclone, sans doute pour éviter les chocs entre bateaux on contre les structures portuaires. 21h00 le bateau s’échoue sur la plage du Tremblet.
4 février : 2h00 à 3h00 les onze marins sont secourus par 32 pompiers qui les extraient un à un du bateau à l’aide d’une tyrolienne. Dans l’après-midi, l’équipe de sauvetage du bateau « salvage master » arrive à La Réunion.
5 février : l’inspection du Tresta Star montre que beaucoup de ses cales et compartiments sont remplis d’eau de mer et une brèche de 3 mètres de longueur est visible au niveau du compartiment machine. Des traces de fuel ont également été repérées, correspondant à des résidus de cargaisons antérieures.
7 février : arrivée du remorqueur le Vasileios en provenance de Maurice.
9 février : Le canot du remorqueur, mais aussi un hélicoptère, ont déposé du matériel à bord (pompes, générateurs, divers équipements de découpe du pont pour faciliter les accès aux cales, big bags pour collecter les déchets…)
10 février : Les opérations de pompage commencent. Après avoir mis en place son matériel, le salvage master procède dans l’après-midi à la vidange des réservoirs de carburant. Leur contenu est transféré par hélicoptère sur le remorqueur Vasileios.
17 février : le maire de Saint-Philippe constate l’arrêt des opérations par les experts (apparement l’armateur est en défaut de paiement), ces derniers l’informent qu’il reste encore une grande quantité de fuel sur le navire, il alerte le Préfet qui déclenche à sa demande le Plan Polmar.
18 février : le matin, une pollution maritime par hydrocarbures est rapportée sur le littoral de la commune de Saint-Philippe. A midi, deux nappes se sont formées, dont la plus importante s’étire sur 1,5 kilomètre de longueur.
19 février : le matin, l’hélicoptère de l’armée effectue une mission de surveillance de la nappe d’hydrocarbures s’écoulant du navire Tresta Star. Il constate également que le navire s’est significativement abîmé. La brèche située à bâbord et exposée à la houle s’est considérablement élargie et des parties de la coque ont été arrachées, faisant apparaître un trou béant de plusieurs mètres par lequel la mer peut s’engouffrer à l’intérieur du Tresta Star. Ce n’est plus un navire renflouable mais une épave qui menace de se disloquer.
21 février : levée de l’alerte cyclonique après le passage du cyclone Emnati. La houle cyclonique a fait disparaître l’essentiel des traces de pollution observées. Mais, contrairement à ce qu’annonçait la préfecture, les opérations de nettoyage ne reprennent pas. Le Vasileios est reparti à Maurice. La mairie de Saint-Philippe mandate 2 experts juridiques pour intenter une action.