[Communiqué de presse]
Quelques jours après le début de l’offensive russe contre l’Ukraine, de nombreux travailleurs des médias sont aujourd’hui pris pour cibles par plusieurs puissances politiques ou militaires.
Les premiers visés sont évidemment nos consœurs et confrères présents en Ukraine qui tentent courageusement, sous les bombes, d’accomplir au mieux leur mission d’information.
Ce sont aussi nos consœurs et confrères en Russie qui font face à la censure et aux menaces à grande échelle d’un régime liberticide.
Le SNJ leur apporte son plein soutien confraternel.
L’Union Européenne et les Etats membres ont adopté plusieurs mesures de sanctions à l’encontre de la Russie, notamment sur le plan économique et financier.
Ils s’apprêtent également à interdire plusieurs chaînes et sites internet financés par la Russie, désignant notamment ceux de Russia Today (RT), qualifiés « de machines médiatiques » pratiquant « une désinformation toxique ».
La rédaction de RT France, composée très majoritairement de journalistes professionnels français passés par différents médias, est clairement montrée du doigt.
Cette équipe d’une centaine de journalistes est déjà la cible d’insultes intolérables sur les réseaux sociaux (« collabos », « ennemis de l’intérieur », etc…), mais également de menaces physiques.
Fort logiquement, le positionnement éditorial de RT France est souvent discuté et contesté (y compris au sein de la chaîne). Son traitement de l’actualité russe, en particulier, a été largement analysé, critiqué, moqué parfois.
Mais s’en prendre ainsi à ses salariés est inacceptable. Les intimidations et menaces de représailles n’ont jamais fait avancer la cause de la liberté de la presse.
Confondre, sans la moindre nuance, le travail d’une rédaction avec la politique du pays qui la finance est un raccourci dangereux, parfois emprunté pour justifier des violences à l’égard de reporters. C’est faire peu de cas de la conscience professionnelle de ces journalistes, de leur volonté de traiter l’information avec sérieux et honnêteté.
En temps de guerre, la tentation est souvent grande de régler ses comptes en s’attaquant à des médias.
S’en prendre à des journalistes, les expulser, interdire les chaînes ou les journaux dans lesquels ils travaillent constitue, quelles que soient les intentions affichées, un acte de censure qui réduit le pluralisme de l’information.
Ce n’est jamais la bonne réponse.
Syndicat National des Journalistes, Paris, le 28 Février 2022
Chaque contribution publiée sur le média nous semble répondre aux critères élémentaires de respect des personnes et des communautés. Elle reflète l’opinion de son ou ses signataires, pas forcément celle du comité de lecture de Parallèle Sud.