Oriane Lacaille et Anyel Vellaye pour un groove poétique

CONCERT AU BISIK

Vendredi 29 novembre, le Bisik à vibré au rythme des émotions. Sur scène, poésie brute et puissance du maloya ont chamboulé le cœur de quelque 150 spectateurs, venus s’immerger dans les univers envoûtants de deux artistes enchanteresses : Anyel Vellaye et Oriane Lacaille.

Sous une lumière tamisée et un jazz langoureux, la soirée s’ouvre avec un duo trompette-guitare, une reprise de “Surprises” de Ibrahim Maalouf, trompettiste admiré par Anyel. Le public hypnotisé, se tient en silence, absorbé par cette performance dans une ambiance brumeuse et filtre noir-et-blanc. Une entrée tout en douceur et en élégance.

Anyel, est venue nous proposer son tout premier concert, le genre de moment suspendu dont on raffole au Bisik. Ce soir-là elle éclipse un peu son père, l’illustre Tikok Vellaye, venu accompagner sa fille à la guitare dans ce voyage merveilleux. Elle troque maintenant ses cuivres pour un ukulélé, rendant hommage à son héritage avec “Na Defwa” : elle n’oublie pas ses gramounes, et zordi elle en est très fière.

Anyel Vellaye : révélation d’une étoile montante


Doucement mais sûrement, Anyel libère sa voix, aussi claire et puissante que douce et enivrante. Elle dévoile ses multiples talents, accompagnée en chœur et en musique par les virtuoses du maloya : Loïc Dombard et Frédéric Madia aux percussions, David How Heng Sin à la basse. Ensemble, Ils dédient à toutes les mamans le titre “So Beautiful”, reprise de Asa, arrangé au roulèr et traduit en créole… Un véritable échange se noue avec le public qui se libère et chante dans une communion musicale intense.

L’instant d’émotion atteint son apogée avec “Res koté mwin”, une exploration touchante de “son coeur spirituel, sa force”, puis avec “Mwin fine alé” dédié aux personnes disparues, Anyel partage ce moment intense en duo avec sa petite sœur, Inès Vellaye, profondément émue par un chagrin récent.

La soirée se transforme ensuite en une célébration joyeuse et enthousiaste. A grand coups de kayambs et de roulèr, Anyel parfait son spectacle avec un Maloya Traditionnel et “Kafrine” de Ti Sours : “dodo dodo siya”, “ti pa ti pa n’arrivé”… medley mythique et titre intemporel qui rassemble la salle d’une même voix. Un final de première partie extraordinaire, marqué par l’étreinte de Tikok, assurément très fier de sa fille qui vient de faire son entrée dans le monde du concert.

Oriane Lacaille : une immersion poétique

Après un court changement de plateau, Oriane Lacaille prend le relais, venue, en trio, prolonger cette soirée dédiée aux chants des sirènes.

C’est a cappella, et au plus proche du public que le voyage commence avec “Mi Pans Aou”, des harmonies apaisantes et des mots doux résonnent aux claquement des mains sur un rythme asymétrique : “Mi pans aou kom bambou i pans dési la rivièr…”, une première carte postale de cette artiste incroyable pour une aventure aux racines profondes de notre héritage.

C’est au fil de son takamba, sur le titre “Malak”, signifiant “ange”, que l’atmosphère s’éclaircit et se fait plus enjouée. Ce morceau léger se déploie instantanément, repeignant l’espace en couleurs vives. S’y ajoute le kayamb et les percussions perçantes d’Héloïse Divilly, mais aussi l’imposante contre-basse de Yann-Lou Bertrand, dont les vibrations emplissent l’espace avec une richesse sonore palpable.

Oriane, à la fois conteuse, chanteuse et guerrière, a guidé le public à travers des récits de douleur et de douceur, avec une voix délicatement posée, presque chuchotée. Ensemble ils déploient tout au long de la soirée une harmonique vaporeuse et éthérée, un véritable frisson de plaisir pour le public émerveillé.

“Kaf do lo”, raconte les rêves d’un pêcheur visité par un poisson fantastique, mais c’est probablement “Iviv”, titre éponyme de son premier album solo nominé” aux Victoires du Jazz, qui embrase les coeurs. Cette délicate ballade hypnotisante fait vibrer les âmes, une déclaration d’amour à la créolité, un titre que notre fière zoréole à écrit pour se tenir chaud et rester connectée à La Réunion, la bàs, “dan péï la fré”.

C’est à ce moment-là, sans qu’on s’y attende, que Mélanie Bourire (Kombo)  rejoint la scène, apportant sa voix douce et des percussions subtiles pour “Gawé”, un titre écrit par la poétesse Barbara Robert, qui est également présente dans l’audience. Le groupe enchaîne avec “Ride” un séga joyeux et entraînant, car dans la famille Lacaille, on adore ça ! Yann-Lou se lance alors dans un solo virtuose, alternant entre trompette, contrebasse et flûte traversière, créant un véritable rassemblement de toutes les belles énergies. Quel spectacle !

Chants unis et maloya éternel

Après plus d’1h30 d’extase musicale ponctuée par deux rappels, Oriane appelle à un ultime rassemblement. Anyel et Tikok Vellaye montent sur scène pour un final de titans autour de “Complainte” d’Alain Peters, où tous les chants s’unissent dans un écho puissant et harmonieux.

Cette grande famille recomposée, s’éloigne alors de la scène, fendant le public jusqu’au fond de la salle en emportant avec eux les kayambs toujours battants. Comme un cœur apaisé après l’intensité du voyage, le groupe glisse et s’efface sur les dernières notes de bonheur pour ne laisser la place qu’à de merveilleux souvenirs… 

Le Bisik

Photos : Iris Mardémoutou

Contribution bénévole

La semaine prochaine, du 3 au 8 décembre, à l’occasion du Festival An Kaskad, Saint-Benoît devient le cœur battant de la culture avec spectacles de rue, danse, cirque et musique pour tous les âges et pour tous les goûts ! Un festival en partenariat avec le Bisik, le Théâtre les Bambous et la Ville de Saint-Benoît.

Retrouvez tout le programme et les autres activités sur www.bisik.mapado.com, www.lesbambous.re, www.monticket.re et sur nos réseaux sociaux.

Côté concerts, Jeudi 5 décembre à 19h, ARASHKARASU, un film d’animation accompagné en direct par des instruments au Cinéma Cristal, pour un Ciné-Concert tout en magie.

Mais aussi, l’immense Zanmari Baré, vendredi 6 décembre à 20h, avec en première partie, le dernier spectacle d’Eric Lauret “Atan J’esplik” pour une soirée double plaisir à la Salle Gramoun Lélé. Et samedi 7 décembre à 21h, Saodaj avec son maloya nomade et moderne au Bisik !

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