[Paris] 200 000 esclaves au Trocadéro

UN MÉMORIAL POUR LES VICTIMES

Un mémorial en hommage aux victimes de l’esclavage sera installé dans les jardins du Trocadéro, au pied du musée de l’Homme.

Quatre millions de personnes ont été réduites en esclavage dans les colonies françaises. Deux cent mille d’entre elles auront leur nom gravé sur un mémorial à construire dans les jardins du Trocadéro, à Paris.

Promis en 2018 par Emmanuel Macron à l’occasion du 170e anniversaire de la signature du décret d’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises, le projet d’un mémorial en hommage aux victimes est enfin sur les rails. Une première réunion avait permis le 3 juillet 2023 la création d’un comité de pilotage regroupant  seize membres, dont le représentant du collectif réunionnais « Des noms pour la mémoire », l’historien Gilles Gérard, et Sonia Chane Kune, géographe. 

Puis, le 20 septembre dernier, une réunion du comité de pilotage s’est tenue au ministère des Outre-mer, sous la coprésidence du ministre Philippe Vigier et de Serge Romana, président de la fondation Esclavage et Réconciliation. Il y a été décidé que le mémorial serait installé dans les jardins du Trocadéro, tout près du palais de Chaillot, là où est implanté le musée de l’Homme, là où a été proclamée et signée la Déclaration des droits de l’Homme. L’Etat et la mairie de Paris sont tombés d’accord sur l’emplacement du jardin mémoriel.

Le cahier des charges pour appel à candidatures à réalisation de ce mémorial sera établi par un organisme, l’Oppic (Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la Culture) et sera validé par le comité de pilotage. L’inauguration est prévue en mai 2025. 

Les objectifs du mémorial sont reconnaitre la dignité et l’humanité des victimes de l’esclavage, magnifier leur mémoire, exprimer à la fois le crime enduré, les actes de résistance et toutes les formes de résilience, être un lieu de transmission mémorielle, permettre la sécurité des personnes et des biens propres au recueillement et à l’organisation de cérémonies nationales. 

Le site a été choisi le 20 septembre dernier.

Il y est prévu un support explicatif et un chemin de déambulation où seraient affichés 200 000 noms et prénoms d’esclaves affranchis en 1848 sur les 4 millions de victimes dans les colonies françaises, par ordre alphabétique, communes et territoires (les départements d’outre-mer hors Mayotte). Gilles Gérard a proposé également qu’une « version itinérante » de l’oeuvre puisse être proposée aux différents territoires. « D’autres semblent préférer une version numérique en ligne », indique l’historien spécialiste de l’esclavage.

Au plus tard en janvier 2024, la programmation sera validée et la procédure de « dialogue compétitif » sera validée. Cette procédure comprend quatre étapes : l’appel à candidatures auprès des artistes, le choix de trois candidatures, échanges avec les candidats afin d’affiner leurs propositions et les ajuster aux attentes du comité de pilotage et, enfin, le choix définitif du lauréat.

Philippe Nanpon

A propos de l'auteur

Philippe Nanpon | Journaliste

Déménageur, béqueur d'clé dans le bâtiment, chauffeur de presse, pompiste, clown publicitaire à roller, après avoir suivi des études d’agriculture, puis journaliste depuis un tiers de siècle, Philippe Nanpon est également épris de culture, d’écologie et de bonne humeur. Il a rejoint l’équipe de Parallèle Sud pour partager à la fois son regard sur La Réunion et son engagement pour une société plus juste et équitable.

Articles suggérés