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Paul Junot, celui qui, quand il commence, va jusqu’au bout….

J’ai beaucoup apprécié  les lignes que Geoffroy Géraud Legros a consacrées, dans son édito paru dans le JIR de samedi dernier le 16 septembre, à « l’histoire »  qui est celle que le syndicaliste Paul Junot vit actuellement face à  certains membres de la direction de la banque où il est salarié depuis plus de 40 ans.

 Je n’ai pas à rajouter quoique ce soit à ce qui a été écrit par le journaliste. Tout a été dit. Et bien dit. Je ne peux, tout simplement, que formuler le souhait que ceux qui auront à se prononcer au final d’une affaire où l’on voit un  salarié également syndicaliste s’en tenir à  la réalité des faits qu’il dénonce et à ses convictions profondes, oui, je ne peux que formuler le souhait que ses adversaires de la direction de la  Banque sachent voir que Paul Junot a en fait voulu sauvegarder l’image d’une entreprise qui se doit de veiller à ce que ceux qui, ici à La Réunion, l’ont choisie pour y déposer leurs fonds se sentent en confiance. Le reste, tout le reste est du domaine des possibles « dérives » verbales , choses classiques et normales lorsqu’il y a conflit.

 Je voudrais seulement, par ces quelques lignes, me référer à quelques propos tenus par Paul Junot pour  montrer combien ce garçon s’est finalement toujours tenu à ne pas faire l’économie d’une remarquable hauteur de vue sur des sujets qui nous interpellent tous.

 Dans un ouvrage paru en juin 2017 à l’occasion du soixante quinzième anniversaire de Gilbert Aubry, ouvrage  à la réalisation duquel ont participé plus de quarante personnes, Paul souligne que c’est avec notre évêque qu’il a appris que « là où est la source des problèmes se trouve la source des solutions ». Et d’ajouter, toujours à propos de Monseigneur Aubry: « Une de nos premières rencontres concernait le tiraillement des forces politiques locales entre indépendantistes et départementalistes. Tiraillements exacerbés lors des campagnes électorales jusqu’à la confrontation violente, parfois mortelle. Je me posais la question de savoir comment l’homme réfléchi pouvait et devait s’y prendre pour sortir d’une telle impasse ? Je me demandais également comment une société civilisée peut-elle arriver à de tels extrêmes, comment ces luttes incessantes peuvent-elles durer aussi longtemps et pourquoi ? Autant de questions sans réponses que Monseigneur Aubry, après une écoute attentive et, reprenant sa respiration, étayait sous divers angles… ».

Et Paul de poursuivre : « Qu’il s’agissait de questions d’ordre géopolitique, stratégiques, social ou humain, par sa capacité à balayer les différents registres sur les différents plans, Monseigneur amenait progressivement le problème à sa source. Et là où est la source du problème se trouve la source de la solution… »

Et d’ajouter : « Par sa capacité à aller à l’essentiel sans exclure les éléments périphériques, par sa vision élargie du monde et de son fonctionnement, avec Gilbert Aubry, en quelques heures d’entretien, on apprenait autant qu’en quelques années ».

En reprenant ces passages du chapitre que Paul Junot a écrit dans l’ouvrage en question (Trajectoire), je sens comment et combien celui qui est un de mes amis  a appris à distinguer ce qui est passager de ce qui est essentiel et définitif. Je sens très bien comment, en définitive, il ne répond pas aux provocations qui lui sont faites et qu’il veut rester maître de la force des combats qu’il a eu à mener tout au long d’une vie pleinement donnée à un idéal de syndicaliste. Et en refusant le compromis qui lui a été proposé, compromis qui, le rappelle Geoffroy Géraud Legros, consistait à accepter un tranquille  poste de détaché dans une association, Paul a signifié à certains qu’il ne sait pas parler le langage de la compromission et qu’il ne risque son cœur que pour quelque chose qui en vaut la peine. C’est pourquoi il n’abandonne pas et retourne à la lutte. Une manière de stimuler les autres et de se stimuler lui-même. Oui, il va aller jusqu’au bout.

Mon cher Paul, j’ai souhaité écrire ces quelques lignes en ayant pour toi une très forte et amicale pensée. J’ai aussi souhaité inciter ceux qui t’en veulent de revenir à de plus justes mesures. On ne cède pas si on cesse d’avancer vers  le vide. Non, on se grandit en acceptant que d’autres que soi puissent eux aussi exprimer des idées positives pour la société qui nous accueille tous.

                                                     Raymond Lauret

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