« PK44 » s’affiche partout dans l’île. Mais qu’a donc de si particulier ce point kilométrique 44?
Aujourd’hui, jour férié, les journaliste se reposent. Et Parallèle Sud ouvre ses archives pour que ses lecteurs découvrent ou redécouvrent quelques sujets sympas. Celui-ci a été publié une première fois le 28 janvier 2022…
« Mais qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire? », s’interroge le chaland. Dans l’île, un peu partout, on peut voir des tags peints en noir, ou des graffs un peu plus colorés, afficher fièrement un « PK44 » agrémenté d’une flèche. Renseignement pris auprès de jeunes Saint-Paulois, ce serait l’oeuvre de « surfeurs de Saint-Gilles ».
« De ceux qui étaient en tête de manif pendant la crise requin », ajoutent nos interlocuteurs. Il se dit aussi qu’on peut les identifier en les observant attentivement grâce à un tatouage PK… Comme tout le monde, nous nous interrogeons. Et irons chercher du côté des surfeurs. Si la piste a été facile à remonter, malheureusement, le tagueur, contacté, a choisi de ne pas s’exprimer, fut-ce anonymement. C’est alors à un jeu de piste, une sorte de chasse au trésor à la recherche du point kilométrique 44, qu’il a fallu s’adonner.
Sur la route, « PK T GROSSE » s’affiche en lettres écarlates par dessus une publicité de fast-food. Plusieurs même, le PK cette fois veut dire « pourquoi » et dénonce la mal-bouffe, on n’est pas dans le même registre. Les « PK44 », ce serait plutôt une marque de territoire? L’itinéraire vers une terre promise? L’adresse d’une fiancée ? Faute d’avoir pu converser avec les auteurs et connaître leur démarche artistique, nous nous souvenons qu’aux premiers temps du mouvement hip-hop, à New York, les graffs servaient à ça, à indiquer aux gangs adverses de passer leur chemin.
Cette culture américaine, les jeunes Réunionnais l’ont intégrée, même de façon inconsciente. Alors qu’il est d’usage de respecter les graffs, considérés comme oeuvres d’art urbain, ces tags sont régulièrement « toyé » (*), c’est-à-dire recouverts ou maculés, acte fort considéré comme manque de respect, voire un affront.
Notre quête nous mène à Saint-Gilles, puis à la Saline, puis aux abords du littoral de Trois-Bassins. C’est devant la résidence Les Salines, peu après le centre Jacques-Tessier, que trône la borne kilométrique estampillée 44. Nous sommes arrivés. Mais pas plus avancés.
Philippe Nanpon
(*) D’après le Wiktionnaire, « toyer » Indique qu’on juge un tag indigne, par exemple en y inscrivant TOY (abréviation de Tag on your shit).