Un cyclone viendrait priver durablement les habitants de l’île d’eau au robinet ? L’Etat a prévu qu’un plan Orsec soit élaboré, mais il ne l’a pas fait. L’Association citoyenne de Saint-Pierre veut en avoir le coeur net devant le tribunal administratif.
Plus d’eau au robinet, plusieurs jours, plusieurs semaines, plusieurs mois… le scénario catastrophe est possible ! C’est pour cette raison que, depuis 2017, l’Etat a prévu que chaque préfecture mette au point un plan Orsec dédié avec les distributeurs d’eau potable, départements, ARS (agences régionales de santé), intercommunalités et fermiers. Et ce avant 2020. « Si le travail a été réalisé dans beaucoup de départements, ce n’est pas le cas partout , notamment à La Réunion », s’inquiète l’Association citoyenne de Saint-Pierre.
Association qui, devant l’ampleur du risque, a décidé d’attaquer en justice l’Etat pour qu’il respecte enfin ses propres règles. Pour ce faire, une cagnotte est organisée en ligne afin d’avoir les moyens de payer un avocat. Car, chez nous, le risque est particulièrement important. Et le sera de plus en plus, le changement climatique nous promet en effet des cyclones dévastateurs plus souvent, des cyclones de classe 5 contre quoi les infrastructures locales ne sont pas calibrées.
«Tout peut s’effondrer»
« Avec des cyclones de catégorie 5, des vents de plus de 300 km/h, les installations portuaires, d’approvisionnement en eau, le réseau électrique, tout peut s’effondrer », remarque Christophe Barbarini au nom de l’Association citoyenne de Saint-Pierre. « En effet, les normes réunionnaises garantissent que les bâtiments résistent à des vents de 250 km/h, 288 km/h pour les hôpitaux et installations militaires. »
On peut craindre, pour ce risque, les sécheresses de plus en plus fréquentes, mais qui peuvent être gérées sur un terme moyen à long.
Mais surtout, en cas de gros cyclone, la rupture de l’approvisionnement électrique, dont dépendent les pompes pour puiser et remonter l’eau. Que se passerait-il si l’usine EDF du Port était rayée de la carte ? Qui peut garantir que les centrales Albioma tiendraient le coup ? Que pèseront les groupes électrogènes prévus pour des pannes temporaires ? Le Plan de gestion de la sécurité sanitaire des eaux (PGSSE), ou plan Orsec eau, doit répondre à ces questions mais il n’existe pas.
5000 euros pour les frais d’avocat
« Nous nous sommes rendu compte de cette carence en août dernier », poursuit Christophe Barbarini. « Nous avons demandé où en était le plan, sans succès. Nous avons, aujourd’hui et depuis plus d’un an de recherches, récolté plusieurs preuves que le plan ORSEC eau potable n’existe pas. Devant le refus de la préfecture, nous avions saisi la CADA (Commission d’accès aux documents administratifs). Elle a émis un avis défavorable, au prétexte d’un problème de sécurité civile. Dit autrement, l’information pourrait nuire à la sécurité de nos concitoyens », raconte le militant. Comment comprendre le prétexte ? Soit la population est en colère que le PGSSE ne soit pas encore élaboré, soit elle s’inquiète de ce que prévoit le plan. En tout cas, le dernier rapport du Giec met en évidence la fragilité particulière des milieux insulaires, en ce qui concerne les conflit sociaux en cas de catastrophe pour l’eau et la nourriture, à cause de la vulnérabilité de la population.
Cette action juridique nécessite 5000 euros pour les frais d’avocat (environ 2000 euros ont déjà été récoltés, c’est un super début) en vue d’initier un référé liberté en décembre.
Philippe Nanpon
Cagnotte leetchis : https://www.leetchi.com/fr/c/recours-pei-9830460?utm_source=native&utm_medium=social_sharing
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