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Pour un moratoire sur les modalités des recrutements dans la fonction publique

LIBRE EXPRESSION

Concernant les départs d’enseignants nouvellement reçus à leurs concours, chaque année, c’est le même constat et, chaque année,  c’est une gestion au cas par cas des situations de détresse familiale. Chacun se débrouille, comme il peut. Les issues sont multiples, entre celui qui reste, celui qui abandonne le concours et celui qui part la boule au ventre. Alors qu’un concours est normalement équitable, il n’y a finalement pas de situation plus injuste et inégalitaire On a tous entendu l’argument « on connaît les règles », mais le moindre entorse à la règle remet en cause l’egalité de traitement. Or, en l’espèce, chacun tente de s’en sortir, en contactant des élu-es. C’est le foutoir. 

Au PCR, nous proposons d’en finir avec ces bidouillages, au cas par cas. Nous proposons qu’il y ait un cadre clair et simple, pour tous et à différents niveaux de recrutement. 

Le PCR propose de créer, dans le cadre de la loi, « un moratoire sur les modalités des recrutements dans la fonction publique et assimilés, à titre expérimental, sur une durée de 15 à 20 ans ». Il s’agit de définir le nombre de postes à pourvoir chaque année et de procéder localement au recrutement, comme cela se fait déjà pour les professeurs des écoles, notamment. Chaque année, le rectorat sait combien de postes sont ouverts à la rentrée et peut effectuer le recrutement dans le vivier local, sans ouvrir ces postes à la concurrence extérieure. 

Cela répond à une double exigence. D’abord et bien sûr, sortir du régime « au cas par cas ». Ensuite, cela apporte une réponse à l’urgence de la situation sociale à La Réunion. A la Réunion, il y a un chômage de masse, quand bien même la population est désormais suffisamment formée. Ce chômage est la 1ère cause de l’extrême et grande pauvreté. C’est une des conclusions du rapport de l’Insee, datant du 17 juillet 2022 sur la pauvreté en France et dans les DOM. Quand le chômage est de l’ordre de 8% en France, il est près de 30% à La Réunion. Ces chiffres montrent qu’il est temps d’appliquer des mesures de solidarité nationale. Recruter à partir du vivier local est une mesure de solidarité et de justice.

Toujours selon l’un des derniers rapports de l’INSEE (sur l’immigration),  « Chaque année entre 2015 et 2019, La Réunion attire 6 300 actifs, tandis que 6 600 autres la quittent. Parmi ces actifs s’installant sur l’île, deux sur trois sont en emploi et un sur trois sont au chômage quelques mois après leur arrivée. À La Réunion, les migrations d’actifs sont fortement liées à la fonction publique : quatre sur dix découlent d’une mutation dans la fonction publique, que ce soit dans le sens des arrivées ou des départs. » En moyenne, cela équivaut à 1680 postes par an dans la fonction publique.

Ainsi, en appliquant un moratoire, sur 15 ans, la mesure va libérer, environ  22 500 postes. Sur 20 ans, cela fait 30 000 emplois. Ce sont des Emplois pérennes, pouvant être occupés par les jeunes réunionnais. D’ailleurs, dans un passé récent, les autorités locales avaient eu recours au recrutements massifs d’un personnel local.

C’était le bon sens. Cela correspond à l’esprit de l’Art. 72 de la Constitution qui prévoit que l’on peut déroger au droit commun, pour un objet précis et pour durée déterminée. 

De plus, le gouvernement semble de plus en plus ouvert sur les propositions nouvelles et dérogatoires. Pour preuve, cet extrait du discours général de la Première ministre : 

« Trop longtemps, nous avons cru qu’il signifiait qu’une règle unique, dictée depuis Paris, devait s’appliquer partout, toujours et sans adaptation possible. »

L’égalité réelle, ce n’est pas un carcan. C’est nous fixer des ambitions communes et trouver les solutions adaptées pour les atteindre. Car, qui peut réellement affirmer que les enjeux de santé sont les mêmes dans le centre de Lyon ou dans les banlieues de Point-à-Pitre ? Qui peut réellement penser que les écoliers des quartiers nord de Marseille font face aux mêmes défis que ceux des villages du Calvados ? Bien sûr, il y a des enjeux communs.Mais la justice territoriale, ce sont des solutions différenciées.

Mais la cohésion des territoires, ce sont des marges de manœuvre données.  

Pour la santé, pour l’éducation, pour la transition écologique, pour la ruralité, pour la ville, nous associerons les élus, les habitants, les associations. Avec eux, nous dresserons des constats. Avec eux, nous trouverons des solutions. Avec eux, nous nous donnerons des moyens.

Je souhaite ici, avoir un mot particulier pour nos compatriotes des outre-mer.  Il y a quelques jours, l’appel de Fort-de-France a été un nouveau signal d’alarme. »

 Nous espérons que les Réunionnais, notamment les politiques et les forces vives, sauront faire entendre leurs voix pour faire progresser des solutions d’ensemble; Mais dans l’immédiat, le moratoire est une mesure d’urgence et de bon sens, selon nous.

Isabelle Erudel, Professeure des Ecoles bilingue, Conseillère Départementale et de Julie Pontalba, professeure des mathématiques, adjointe à la mairie de Saint Denis

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