Les citoyens et représentants du monde associatif n’étaient pas nombreux le 19 mars 2025 au Kabardock pour la 2ème “Conférence péi”, organisée par la Plateforme de la gauche. Assise à la table de l’agriculture, la journaliste de Parallèle Sud a pu elle aussi participer à l’élaboration de propositions “pour le développement de La Réunion”.
“Ces initiatives sont bien mais ce n’est pas suffisant, il faut aller plus loin”, estime Jimmy Matiti, membre de l’association Libre. Il participait mercredi 19 mars à la Conférence péi 2 organisée par la Plateforme réunionnaise (PS, PCR, Banian, Europe Écologie-Les Verts, Ansanm) pour porter des réflexions collectives sur le développement de La Réunion.
14 mesures de la Conférence péi envoyées à Paris
Le premier rendez-vous s’est tenu le 6 novembre 2024 dans la salle Lo Rwa Kaf à Sainte-Suzanne. L’objectif de la première édition : “porter une voix réunionnaise dans les discussions budgétaires à Paris” dans le cadre du vote du Projet de loi de finances 2025. De cette première rencontre sont sorties 14 mesures qui ont ensuite été envoyées au Ministre de l’Outre-Mer et au président. Les parlementaires réunionnais ont ensuite eu l’occasion de défendre ces mesures à Paris, à travers le dépôt d’amendements ou de projets de loi. Le député Philippe Naillet et la sénatrice Audrey Belim mettent en avant le fait que certaines de ces mesures ont pu être intégrées dans le Projet de loi de finances et le Projet de loi de financement de la sécurité sociale.
La salle du Kabardock, au Port, qui accueillait cette deuxième édition est remplie principalement d’élus (Région, Département, maires, parlementaires) ou de représentants politiques, assis autour d’une dizaine de tables thématiques. Si l’événement se veut un rassemblement des “forces vives”, il apparait clairement que la majorité des participants est affiliée à un mouvement politique et que les représentants d’associations sont peu nombreux.
À un an des municipales, il y a comme de la stratégie politique dans l’air. Les thèmes sont d’actualité et interpellent l’électorat de gauche : la biodiversité, le transport, l’habitat, l’éducation, l’agriculture, la vie chère… “S’il y a de bonnes idées, elles pourront être reprises pour les élections municipales de 2026”, confirme d’ailleurs Ericka Bareigts.
« Les citoyens veulent construire ensemble »
Néanmoins, l’initiative de la Conférence péi reste appréciable pour Jimmy Matiti, citoyen engagé, qui reste vigilant.
“Il faut que les politiques comprennent qu’aujourd’hui, ils ne peuvent plus faire sans nous”, déclare-t-il. “Les citoyens ne sont pas là simplement pour aller dans leur sens, ou valider leurs idées. Nous sommes là pour construire ensemble.”
La maire de Saint-Denis a participé aux discussions qui se sont tenues sur le thème de l’agriculture et la survie alimentaire, en présence notamment de deux agriculteurs, table à laquelle se trouvait également Parallèle Sud. Pendant environ 1h30, les participants ont parlé de ce qu’ils connaissaient du sujet, déposant les problématiques, suggérant des solutions.
A cette table, ont ainsi été abordés la nécessité de soutenir les indépendants de la filière agricole locale, la diversification des cultures, la formation et l’éducation au manger sain et à la transition vers le bio, la reprise des terrains en friche, le contrôle des coopératives et la transparence sur les prix, la mise en place d’un plan de sécurité alimentaire, une redistribution juste des subventions européennes etc.
Manque d’expertises
Il est indéniable que si l’initiative est pertinente, il aurait été intéressant pour aller plus loin dans la démarche, d’avoir autour de la table des personnes disposant d’une réelle expertise, ce qui n’était pas forcément le cas de tous les participants. Conséquence : des propositions qui ont pu parfois manquer de technicité et de concret, si l’objectif est de les mettre en œuvre.
A noter également que la présence des élus peut avoir pour effet d’empêcher ou de freiner la libération de la parole d’acteurs de terrain sur certains sujets, par un genre d’effet d’auto-censure. Ce paramètre peut donc avoir un impact sur la pertinence des propositions formulées. Sans compter qu’il est difficile dans un temps si court d’approfondir réellement les propositions.
Mais les organisateurs promettent d’autres rencontres à venir.
Jéromine Santo-Gammaire
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