NOUVEAU RECOURS
Malgré une nouvelle bataille perdue au tribunal administratif, les opposants à la construction de la Maison de la mer, à Saint-Leu, sont convaincus qu’ils n’ont pas perdu la guerre.
Un mois jour pour jour que le chantier de la Maison de la mer, à Saint-Leu, est à l’arrêt. Pourtant, le 9 novembre, le tribunal administratif (TA) a rejeté le recours de l’ANSL (association nautique saint-leusienne). Pour autant, les opposants au projet pharaonique du maire et du TCO gardent espoir de voir le projet tomber à l’eau.
« Nous avons été déboutés pour vice de forme. La partie adverse a présenté un constat d’huissier qui affirme que le permis de construire a bien été affiché en octobre, novembre et décembre 2019. Auquel cas nous avions deux mois pour réagir », explique Jean-Marie Huguet, président de l’ANSL, qui avait déposé le recours. En effet, les opposants à la construction de la Maison de la mer pensent que le permis de construire n’est plus valable, son adoption trop ancienne et le permis rectificatif n’aurait pas été affiché en temps et en heure.
Soupçons de falsification
Depuis le début du chantier, les opposants demandent ces pièces et la preuve de la validité du permis. Ni le TCO (maître d’oeuvre), ni la mairie qui a délivré le permis, ne les leur ont jamais présentés. En tout cas pas avant la veille du jour de l’audience au tribunal. Et si les opposants ne baissent pas les bras, c’est qu’ils jugent que les photos présentées et les trois constats de huissier sont des faux. « Nous allons faire analyser les photos par un expert reconnu. En tout cas, personne sur le port n’a jamais vu ces panneaux, même pas le poissonnier dont l’échoppe n’est qu’à trois mètres de l’affichage », poursuit Jean-Marie Huguet. Il y aurait bien eu un panneau, mais pour une toute autre raison, un panneau dont la photo aurait pu être trafiquée.
Un recours en référé est dores et déjà prévu. Si tant est qu’on arrive à prouver la falsification. « D’autres éléments nous font penser à un faux. Les trois constats réalisés à un mois d’intervalle l’ont été exactement à la même heure, à la minute près, c’est troublant », remarque le président de l’ANSL. « L’ombre aussi pose question, ce n’est pas l’ombre de fin d’après-midi comme l’heure du constat l’indique, ni le temps que la météo indique pour ces jours-là», poursuit-il. Sans compter que l’huissier avait été poursuivi pour faux en 2008, « le magistrat avait demandé sa révocation, il avait été suspendu trois ans, mais le tribunal l’a finalement blanchi ». « Même si nous sommes persuadés d’une falsification, il nous faut des éléments tangibles à présenter au juge. D’autant qu’on ne sait pas si l’huissier est de bonne foi ou pas », souligne Jean-Marie Huguet.
Chantier à l’arrêt
L’autre sujet de réjouissance chez les anti-Maison de la mer, c’est que le TCO aurait une dette de vingt millions d’euros et aurait attribué le budget du projet à un autre chantier. « Les travaux n’ont pas repris après que le TA nous a déboutés. Si notre information est vraie, ils ne le seront pas avant le premier trimestre 2024 », pense le représentant des usagers du port, qui croit savoir que l’entreprise de terrassement n’a pas été payée, et que celle chargée de l’aspect paysagiste aimerait bien se désister.
Du temps gagné pour poursuivre la mobilisation et sauver l’alignement de badamiers et un coin de promenade bien agréable pour les Saint-Leusiens et tous les Réunionnais.
Philippe Nanpon