Être une femme, ce n’est pas forcément être une victime. Grâce aux cours de self défense dispensés par Ludovic Rivière, elles peuvent sortir sans avoir la peur au ventre et rentrer avec confiance à la maison.
« Je me le suis promis, jamais plus je n’accepterai un coup », assène Marie (*). Depuis près de deux ans, la jeune femme pratique le self défense assidûment avec l’association Penchak Silat Sud Réunion et ses cours exclusivement destinés aux femmes. « Je bénéficie d’une mesure d’éloignement de cinq ans, il m’en reste deux pour me préparer », poursuit Marie sans faillir.
Une quinzaine de femmes ont fait le déplacement jusqu’à Etang-Salé pour l’entraînement hebdomadaire malgré la pluie battante. Ludovic Rivière propose ses services bénévolement à la cause des femmes victimes de violence depuis 2021. Bien sûr, ses cours sont ouverts à toutes. Il avoue toutefois que rares sont celles qui restent plus que quelques séances. « Pour pouvoir se défendre, il faut d’abord être capable de garder son sang froid et sa lucidité en cas d’agression », explique le diplômé d’Etat. « Le plus difficile, ce sont les mises en situation, c’est difficile d’imaginer frapper quelqu’un qu’on aime », résume-t-il.
De fait, pendant ses entraînements, on se frappe. Progressivement, il faut apprendre à ne pas perdre ses moyens après un coup. Lundi, on travaillait la réaction face à un étranglement. « Je viens pour apprendre à me défendre, pour gagner en confiance en moi », témoigne Jessica. « L’attitude face à un potentiel agresseur va le décourager ; c’est comme face à un chien, si on n’a pas peur, il passera son chemin », explique-t-elle. La plupart disent venir apprendre à faire face à une agression dans la rue. « Il y a un pic de nouvelles après un fait divers très médiatique », constate en effet Ludo Rivière. Qui applique des « techniques martiales adaptées aux femmes », et privilégie « une ambiances soft, moins brutale qu’avec les garçons ». « Sinon elles ne viennent plus », sourit le professeur de Penchak Silat. « On apprend aussi à gérer une agression verbale, et des gestes simples qui peuvent sauver la vie », indique Marie.
Mais la plupart des agressions dont sont victimes les femmes sont le fait de proches, du conjoint ou de l’ex. Ludovic Rivière le sait bien et il amène ses élèves, petit à petit, à aussi se protéger de ça. Il pense que ses cours aident les femmes à faire face, et c’est le cas, au moins à titre préventif.
C’est ce que pense aussi Marie, qui a subi longtemps un conjoint violent. « Il a fallut 7 ans pour avoir le déclic. Et malgré quatre coups de fils aux autorités, polices, police municipale, gendarmerie, ils n’ont rien fait. Ils ne sont venu qu’après un coup de feu; de mon frère pour me protéger », raconte la jeune femme qui ne veut plus que cela arrive. « Ces hommes profitent de la faiblesse de leur victime, ils s’attaqueront à quelqu’un d’autre », assure Jessica.
Ludovic Rivière, de son côté, aimerait travailler avec les associations ou les services de l’Etat qui le souhaitent. Pour aider les femmes à ne plus être victimes.
Philippe Nanpon
(*) Prénom d’emprunt.
Pour tout renseignement complémentaire, on peut appeler Ludovic Rivière au 0692 66 19 46. Des cours sont également donnés à Saint-Pierre.
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