SOBATKOZ BY //SUD
Le droit à la parole et au débat est trop précieux pour le laisser aux riches chaines privées et publiques. Avec nos petits moyens, un smartphone et un micro, nous partageons, le temps d’un plan séquence, nos analyses et commentaires sur l’actualité.
L’actualité est complexe. Les avis divergent. La discussion permet à chacun d’évoluer et de comprendre. Parallèle Sud lance cette semaine son premier épisode à écouter en podcast ou en vidéo sur sa chaîne YouTube. Nous appelons ce concept « siave & piment » parce que ces discussions sont censées s’animer autour de l’apéro et d’une barquette de bouchons. Pour cette 1ère édition, Joseph Métro, habitant de Terre-Sainte, a rejoint Jean Fauconnet, Philippe Nanpon et Franck Cellier pour parler dissolution, extrême-droite, législatives 2024… Les images sont d’Etienne Satre.
Alors que nous nous installions sous le banian de front de mer de Terre-Sainte, un habitant du coin, Joseph Métro, est venu nous rejoindre. C’est exactement dans cet esprit de partage d’idées que nous envisagions ce sobatkoz. Lui, il trouve que le président Macron est à la hauteur de la fonction. Il lui fait confiance. Ce qui n’est pas l’avis de Franck, en colère contre le machiavélisme de la dissolution.
Les quatre intervenants sont en tout cas d’accord sur un point : le Rassemblement national est un danger pour la France, et donc La Réunion. Jean déplore la confusion provoquée par cette dissolution précipitée. Et Philippe, lui, voit dans la création expresse du front populaire une « formidable opportunité » pour faire basculer la France à gauche.
Quel antisémitisme…
En fait, Joseph, qui prévoit de voter pour l’ancien député David Lorion (LR), surtout pas pour le RN, prévient que « ça va être serré ».
Comment expliquer l’ampleur du vote RN à La Réunion ? Jean avance deux explications : les extrêmes sont partout en progrès, en France, en Europe et à La Réunion : « On peut lier ça à une politique de plus en plus libérale au détriment de tout le volet social. » La deuxième raison relève d’un « sentiment de montée de violence » à travers les médias qui font l’amalgame entre insécurité et immigration.
Philippe rebondit sur le cas du viol antisémite d’une jeune fille et précise les prénoms des agresseurs : Flavio et Kevin. En fait il s’agit de Flavio et Jordan, qui n’ont rien de musulman. Juste pour dire que l’instrumentalisation politique de l’affaire s’est arrêté là. Joseph ne voit pas non plus de signe d’une montée du racisme et de l’antisémitisme à La Réunion. « Il n’y a pas une seule procédure, une seule condamnation pour antisémitisme contre la gauche. Par contre, à l’extrême droite, il y en a », précise Jean : « Il ne faut pas confondre antisionisme et antisémitisme ». Cette accusation d’un « antisémitisme de gauche » est censée la discréditer pour permettre à la Macronie de se maintenir au pouvoir.
Faible mobilisation contre l’extrême-droite
Franck s’inquiète d’un paysage médiatique à La Réunion, et surtout en France, qui surfe sur les vagues d’opinion et renonce à dénoncer la montée de l’extrême-droite. Pour préserver son audience ou amplifier le phénomène. Il s’interroge sur les raisons qui font peu à peu basculer le vote des réunionnais de la gauche vers l’extrême-droite. Joseph le déplore en rappelant tout ce que l’Europe (critiquée par le RN) apporte à La Réunion.
Jean et Philippe affichent un certain optimisme pour les candidats soutenus par le Front populaire à La Réunion, estimant que la dynamique d’une élection législative, uninominale à deux tours, ne sera pas favorable au RN. Franck, quant à lui, relève la faiblesse de la mobilisation contre le fascisme, voire son inefficacité. Il rapporte les grandes difficultés qu’éprouvent les candidats de gauche à se faire entendre des électeurs. Après avoir été trahis par les promesses sociales de François Hollande, ils sont lassés de voter pour des députés de gauche qui sont impuissants car minoritaires.
Confiance aux Réunionnais
« L’extrême droite n’a jamais été pour les classes populaires, prévient Philippe. Avec elle, ce sera la même chose qu’avec Macron avec plus de police qui tapera plus fort et pour ceux qui ne sont pas de la bonne couleur ou qui n’ont pas la bonne carte d’identité, ça sera vraiment vraiment pire. »
Se référant aux estimations des sondages Jean estime que la poussée du RN ne suffira pas à lui donner une majorité absolue. Il veut croire en une mobilisation plus forte à gauche du fait du risque RN : « À gauche il y a encore de la réserve. Cette réserve ne s’exprime plus depuis plusieurs années puisqu’il y a un désamour ; il y a eu des trahisons et forcément un peu de réticence. Mais peut-être que là, il y a une raison d’aller mettre ce bulletin dans l’urne parce qu’il y a une possibilité de revenir au pouvoir. »
« Je pense que les Réunionnais vont bien réfléchir parce que c’est grave, conclut Joseph. Je leur fais confiance : Allez La Réunion ! Allez la France ! »