[Siave & piment 2]  « Répondre à la violence par de l’amour »

SOBATKOZ BY //SUD

Le droit à la parole et au débat est trop précieux pour le laisser aux riches chaines privées et publiques. Avec nos petits moyens, un smartphone et un micro, nous partageons, le temps d’un plan séquence, nos analyses et commentaires sur l’actualité.

L’actualité est complexe. Les avis divergent. La discussion permet à chacun d’évoluer et de comprendre. Parallèle Sud renouvelle cette semaine son Siave & Piment à écouter en podcast ou en vidéo sur sa chaîne Youtube. Si ces discussions sont censées s’animer autour de l’apéro et d’une barquette de bouchons, pour cette deuxième édition, ce sera autour d’un gâteau au chocolat, c’était le matin. Clara Derfla, secrétaire générale du syndicat UR 974, nous a rejoints et Sarah Cortier, jeune journaliste à Parallèle Sud, Jean Fauconnet et Franck Cellier seront de la partie pour parler dissolution, extrême-droite, législatives 2024… Les images sont d’Etienne Satre, qui vient aussi donner un point de vue de la jeunesse.

Devant un second tour qui voit s’affronter dans les sept circonscriptions un candidat RN à un candidat du Nouveau front populaire, la gauche réunie, Clara constate que, malheureusement, ce n’est pas une surprise, à entendre « les gens causer ». Sarah, pour sa part, était optimiste et se demande comment détricoter la manipulation qui a eu lieu. Jean s’attriste de la présence du RN au second tour partout à La Réunion. Franck constate que, malgré le manque d’ancrage local et de représentants identifiés, le RN à La Réunion c’est une étiquette et pas des personnalités connues. Il constate un déclassement local et une pauvreté supérieure à 40% par rapport à l’Hexagone. C’est un électorat issu de la droite – qui a perdu son électorat – et pauvre qui vote RN.

Et les jeunes ?

Pour Etienne Satre, qui a pu rencontrer des jeunes, on lui dit que Jordan Bardella se montre charmeur sur les réseaux sociaux et qu’on n’y voit pas le danger. C’est comme ça que les jeunes se font avoir par l’extrême droite. Par manque de culture politique et ignorance du passé de ce parti. Un jeune, « noir de peau et au prénom à consonance africaine » lui a fait part de sa crainte de poursuivre ses études en France. Pour Clara, c’est pas un vote d’adhésion, c’est un vote de colère, un « change un coup » sans regarder le programme, ce qui est dangereux. Si on se pose la question, si on regarde, il y a un bon peu de monde qui courent. « Allons essayer », juste parce qu’on n’est pas content, est-ce qu’on est prêt à assumer ce choix. Il faut prendre ses responsabilités et se renseigner avant. Sarah espère que la participation citoyenne s’exprime par d’autres moyens et qu’on va devoir s’organiser. Et que beaucoup de jeunes sont par exemple déjà « conscients des enjeux environnementaux », dit-elle avec « optimisme ». 

Si des jeunes passent le Rubicon, Jean voit que avant 25 ans, on n’a droit à rien et que l’avenir leur semble bouché, que l’espoir n’existe plus, notamment à la suite des mensonges d’Emmanuel Macron, comme la promesse d’instaurer la proportionnelle, qui aurait permis d’autres perspectives. Ou sa promesse de faire du social ajoute Franck, qui a aussi constaté un sentiment d’humiliation. Et de remarquer la faiblesse des candidats RN aux débats, qui aura pu passer pour une nouvelle humiliation pour leurs électeurs.

Jean remarque que la seule façon de contrer le RN, c’est de faire du social, ce que sait Emmanuel Macron mais ne le fait pas. 

Clara se dit pessimiste pour ce second tour, notamment dans la troisième circonscription, et remarque que certains doivent apporter un soutien sans quoi ce résultat ne serait pas possible dans ces proportions. Sarah, devant les consignes de vote, pense que l’égo parle avant les soi-disant convictions. Jean souligne la capitalisation politique des ténors de la droite locale. Franck est aussi choqué par les non consignes de vote et le clientélisme, le client est roi et on ne contredit pas un client. Il évoque une campagne sous-marine de la mairie de Saint-Benoît contre Ratenon. 

Après le 7 juillet?

Et, même si la gauche parvient à inverser la tendance, comment va-t-on vivre après le 7 juillet? Clara pense que prétendre assumer les conséquences est irresponsable, tant on savait ce qui allait arriver. Et de s’inquiéter du racisme, de l’homophobie, surtout dans un territoire comme La Réunion.  Qu’il faudra se battre, se révolter contre ces sentiments malsains. Sarah pense à tous les lieux de résistances et d’éducation pour faire face, des lieux d’expression car entre les élections, la population n’est pas écoutée. Nous donnerons notre avis de façon permanente.

Jean compte sur le président de la République et le Sénat pour bloquer un RN majoritaire. Et de souligner que quatre cinquième de la population ne vote pas RN, d’où une résistance sociale à attendre. 

Franck se dit choqué du manque de connaissance des collégiens et lycéens, qui ne connaissent ni Debré ni Vergès, ni les émeutes télé Freedom du Chaudron en 1991. Clara pense aussi que c’est aux adultes d’aller au delà du superficiel et du besoin de prendre sa place par les citoyens. Sarah compte aussi sur l’action citoyenne, associative, « à la violence nous répondrons par de l’amour », espère-t-elle.  

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Siave & piment

Siave & piment à La Réunion. Siave & piment la série 974.

A propos de l'auteur

Philippe Nanpon | Journaliste

Déménageur, béqueur d'clé dans le bâtiment, chauffeur de presse, pompiste, clown publicitaire à roller, après avoir suivi des études d’agriculture, puis journaliste depuis un tiers de siècle, Philippe Nanpon est également épris de culture, d’écologie et de bonne humeur. Il a rejoint l’équipe de Parallèle Sud pour partager à la fois son regard sur La Réunion et son engagement pour une société plus juste et équitable.

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