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Cette semaine, Jean, Philippe et Franck commentent les résultats des élections législatives en compagnie d’Eric Ismaël, président du comité Pangar de défense des intérêts réunionnais.
La satisfaction d’avoir échappé à la vague brune du Rassemblement National n’exonère le constat objectif d’une assemblée élue qui n’est pas en adéquation avec l’expression des électeurs. Le RN est, mathématiquement, le parti qui obtient le plus de voix. Il a 2 millions de voix d’avance sur le Nouveau Front Populaire qui est pourtant le groupe le plus important de la nouvelle assemblée, juste devant celui de la majorité présidentielle.
Jean estime qu’Emmanuel Macron devrait prendre acte de ses défaites à répétition et laisser les manettes à la gauche dans l’espoir d’atténuer la colère de l’électeur et d’éviter l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir au prochain scrutin. Franck souligne les bons scores des candidats réunionnais de gauche, tous confortablement réélus à l’exception de Jean-Hugues Ratenon qui l’emporte de justesse en raison, semble-t-il, des rivalités entre les partis locaux.
« Macron n’entend rien. »
Eric Ismaël n’attend rien de la nouvelle Assemblée Nationale : aucun programme ambitieux pour la population française ou pour La Réunion. Tous les partis préparent les futures élections : peut-être des législatives anticipées dans un an. Entre temps, peut-on se satisfaire d’un « moment de respiration » ? Pourquoi pas avec Younous Omarjee comme Premier ministre ? Comme Jean-Luc Mélenchon l’a proposé publiquement. Nous entrerions alors dans une période de consensus positif avec un gouvernement à l’écoute des aspirations populaires…
Ne rêvons pas, reprend Eric Ismaël : « Macron n’entend rien. Il nous mène à marche forcée. » Au risque d’aggraver le rejet dont il est l’objet. « On est bien là, mais y a des gens qui crèvent la dalle », prévient-il. Ce qui prépare une riposte « écrasante » dans les rues, sur les ronds-points ou dans les urnes.
Franck déplore que les manifestations de ces dernières années ne se soient pas traduites par une écoute des politiques, mais par la montée des peurs et « une demande d’ordre et de sécurité » qui profite aux programmes sécuritaires. On passe à côté de l’essentiel selon Eric Ismaël qui prône une politique ambitieuse d’autonomie alimentaire pour La Réunion et donc d’une réelle volonté politique pour y parvenir.
Spirale descendante
Jean relève un taux de défaillance exceptionnel des entreprises réunionnaises. « On est sur une pente très glissante qui joue contre La Réunion en faveur des groupes monopolistiques venus des Caraïbes ou de Maurice ». Pourquoi n’y a-t-il pas un engagement politique pour porter l’économie locale ?
Se recentrer sur des politiques plus proches des gens. Cela passe, selon Franck, par une sorte de trêve dans la croisade contre le fascisme qui est une notion internationale au profit d’une compréhension des mécaniques qui ont poussé près de 100 000 Réunionnais à voter RN. « Ce que les Réunionnais veulent, tout le monde le sait, selon Eric. Mais les politiques n’en tiennent pas compte et seul le RN semble apporter une réponse au climat malsain d’insécurité qui s’est développé dans les quartiers défavorisés. » Et de proposer des solutions pluridisciplinaires sans se borner à une réponse sécuritaire.
Il faut, selon lui, en finir avec les caricatures : « pro-Poutine, nazi, ou indépendantiste »… « Mais s’attaquer aux problèmes de fond, ça ne rapporte pas de voix », déplore-t-il. « Le chantier est colossal, renchérit Jean. Si nos politiques ne prennent pas le taureau par les cornes, nous resterons dans une spirale qui ne fait que descendre ».